Espagne: la bataille de la tomate devient payante

Ce dernier mercredi du mois d'août a eu lieu la "tomatina". 20.000 jeunes espagnols se sont encore retrouvés pour les fameux lancers de tomates. Petite différence cette année, alors que l'Espagne est en crise: l'entrée coûte 10 euros.

Le dernier mercredi du mois d’août, c’est dans la localité espagnole de Buñol que se tient la "Tomatina". Cette fête singulière rassemble chaque année une foule de personnes prêtes à passer un grand moment de rires et de divertissement, à coup de tomates. Mais cette année, pour des raisons financières, la fête sera payante: il faudra payer 10 euros pour y participer.

Une grande joie dans une marée rouge

A 11 heures apparaît le premier camion chargé de "munitions", annonçant son arrivée à coups de klaxon. Ceux qui sont dans la remorque commencent à lancer les premières tomates. Le véhicule s’arrête et libère son chargement: la foule se lance alors pour s’approvisionner en "balles", et en quelques secondes, les lieux se teintent de rouge. Les autres camions suivent la même cadence...

La ville se transforme en marée rouge, comme le montre cette vidéo.

"C'est fou, fou, un vrai chaos" s'exclame Leane Stout, Néerlandaise de 20 ans, lunettes de plongée relevées sur ses cheveux couverts de pulpe rouge. Accompagnée d'amis, elle piétine les ruisseaux de jus qui coulent dans les rues de la ville. Sa tunique blanche est devenue aussi rose qu'elle.

"J'ai failli mourir en me faisant écraser par la foule: ça aurait été le meilleur endroit pour mourir" s'enflamme Levi James, britannique de 40 ans.

Les murs des immeubles n'ont pas résistés aux bâches protectrices, et se sont eux aussi colorés en rouge.

Histoire d'une bataille devenue une tradition

L’origine de cette grande bataille de tomates remonte à une dispute entre jeunes survenue en 1945. Elle est devenue rituelle. Interdite dans les années 1950, la mairie de la ville l'a finalement autorisée et en a elle-même gérée l'organisation. La réputation internationale est atteinte en 1980.

"C'est un festival très connu", dit Kohei Onizaki, jeune Japonais qui s'est dessiné une tomate sur une joue et le drapeau de son pays de l'autre. "C'est moins dangereux qu'un lâcher de taureaux" surenchérit Brad Fisher, Australien de 22 ans

Les Espagnols ne représentent que 8% des participants de cette immense bataille. Les visiteurs venaient aussi d'Australie (19%), du Japon (18%), de Grande-Bretagne (11%).

La mairie de Buñol en crise

L'organisation de la "Tomatina" occasionnait une "charge lourde" pour les finances publiques de la ville, endettée de 4,1 millions d'euros. La gestion de l'organisation a été faite par Spain Tastic (offrant 5.000 entrées pour ses habitants), une entreprise privée. De nombreuses formules ont été proposées: la plus onéreuse des formules, s'élevant à 750 euros, est destinée à ceux qui désirent se retrouver sur les camions premiers lanceurs de tomates écrasées.

Le prix "n'a pas empêché que toutes les entrées soient vendues plus de deux semaines avant la fête", affirme SpainTastic.

C.Pa avec AFP