BFMTV
Espagne

Crash d'un F-16: quand le rêve des pilotes d'élite tourne au drame

Chasseur F-16 au décollage à Taïwan, le 16 septembre 2014. (Illustration)

Chasseur F-16 au décollage à Taïwan, le 16 septembre 2014. (Illustration) - Sam Yeh - AFP

Le drame survenu lors d'un stage de perfectionnement de l'Otan lundi en Espagne aura coûté la vie à onze militaires, dont neuf Français.  Des pilotes d'élite figuraient parmi eux. Focus sur leur formation et leur profil.

Neuf Français et deux Grecs ont trouvé la mort lundi après le crash d'un F-16 sur la base aérienne d'Albacete au sud-est de l'Espagne. Mardi matin, cinq se trouvaient toujours dans un "état grave mais stable" dans les hôpitaux espagnols. 

Ces militaires venaient des bases aériennes de Nancy, qui payent ici le plus lourd tribut, mais aussi de Châteaudun et Mont-de-Marsan. Mais par-delà la légitime émotion, qui étaient ces pilotes et ces mécaniciens? Et comment ont-ils été formés? Des spécialistes nous répondent.

> La crème des pilotes européens

L'exercice auquel participaient les pilotes pour le compte de l'Otan est l'un des plus difficiles du genre, comme l'explique le général Gilles Desclaux à BFMTV.com. Chaque année, une petite "douzaine" seulement de pilotes obtiennent à la fin des quatre semaines leur brevet de "Mission Commander", qui permet au terme de ce stage dit "TLP" (Tactical Leadership program) de superviser des missions complexes mettant en jeu des dizaines d'appareils de différentes nationalités. Le temps de préparation de ces missions est long, précise le général, "une journée complète pour savoir comment on décolle, comment on se rejoint, comment on attaque".

Des pilotes qui peuvent être déployés ensuite au dessus de l'Irak ou du Sahel, comme l'a expliqué le général Patrick Dutartre à BFMTV.

"On envoie les meilleurs dans cet exercice, qui est un cours de formation du niveau le plus élevé auquel un pilote de chasse peut accéder. (…)Tous les pilotes rêvent d'aller au TLP, comme les Américains rêvent d'aller à Red Flag aux Etats-Unis ou à Top Gun dans l'US Navy, et c'est ce qui est encore plus dramatique", explique encore Gilles Desclaux.

Sur les "450 pilotes opérationnels" et le "millier de pilotes de chasse que compte la France en incluant ceux qui sont dans les états majors et en mission de commandement", c'est donc l'élite qui est concernée par ce stage.

> Des années de formations et d'efforts

Les pilotes sélectionnés pour ce genre de stage ont la trentaine, explique le général Patrick Dutartre. "Chaque jour, on leur demande de réaliser une chose plus difficile que la veille et ils sont notés pour chaque vol". Christophe Naudin, criminologue et spécialiste des questions de sécurité aérienne, lâche le chiffre de "dix ans" de formation pour parvenir à ce niveau de qualification.

Les mécaniciens, qui ont payé un lourd tribut lors de ce dramatique accident, ont entre cinq à dix ans d'expérience", détaille Gilles Desclaux. Pour chaque appareil, "une dizaine de spécialités sont à l'oeuvre: éléments vitaux de l'avion, systèmes d'armement, navigation, moteur, commandes de vols, pressurisation..." Des sous-officiers sont formés à l'école de Rochefort.

> Un investissement important

La formation de ces pilotes d'élite a un coût. En mettant de côté le financement de leurs études, leurs salaires et droits à la retraite, les pilotes représentent un investissement important pour l'armée. Le général Gilles Desclaux, qui insiste sur le fait qu'il s'agit d'une estimation, calcule le coût d'un pilote à "2.700.000 euros par an". Un montant obtenu en considérant qu'un pilote de chasse vole "180 heures par an" et que le coût moyen de l'heure de vol est de "15.000 euros". Il ne s'agit en fait que d'une moyenne puisque le coût horaire peut "varier de 5.000 à 7.000 euros pour un avion-école et aller jusqu'à 20.000 ou 25.000 euros pour un Rafale".