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Attentats en Espagne: la sécurité des zones frappées fait polémique

Policier surveillant las Ramblas, au lendemain de l'attentat.

Policier surveillant las Ramblas, au lendemain de l'attentat. - Pascal GUYOT / AFP

Pourquoi l'accès à Las Ramblas n'était-il pas protégé par des dispositifs anti-intrusion? Cela aurait-il pu empêcher les attaques perpétrés avec des véhicules-béliers?

Epargnée par le terrorisme islamiste depuis 2004 jusqu'aux attentats de Barcelone et Cambrils, l'Espagne avait-elle baissé la garde? Bien conscient des risques terroristes planant sur l'Europe, le pays avait au contraire renforcé la sécurité autour des grands événements. La WorldPride, le plus grand rassemblement LGBT du monde organisé à Madrid en juin, faisait l'objet d'un dispositif extraordinaire, avec des rues fermées à la circulation, des policiers à tous les carrefours, et l'interdiction de poids lourds. D'autre part, le niveau général d'alerte est de 4 sur 5. Et ce depuis le mois de janvier 2015, de sinistre mémoire en France.

En revanche, nulle protection garantissant une entrée de véhicules dans les zones fréquentées par les piétons n'était installée tant à Barcelone qu'à la station balnéaire de Cambrils.

Des protections retirées il y a quelques mois

Ainsi, la polémique enfle autour d'une insuffisante protection des populations, notamment à Las Ramblas. Dès vendredi, le quotidien La Vuangarda s'interrogeait. 

"La Rambla n'a pas les gros blocs de ciment pour empêcher l'intrusion d'un véhicule comme le recommande le ministère de l'Intérieur", avait tweeté le journal.

Depuis l'attentat perpétré en décembre dernier sur un marché de Noël à Berlin, le ministère recommandait ces défenses empêchant l'irruption sur les trottoirs. En amont du dernier jour de l'an, Barcelone avait mis en place ces protections et interdit subsidiairement la circulation des camions du 31 décembre après-midi jusqu'au lendemain.

Mais alors que ces barrières ou blocs de béton sont toujours présents, par exemple devant la célèbre Sagrada Familia, aucun obstacle n'est venu barrer la route à la camionnette qui a fauché la vie de 13 personnes et fait des dizaines de blessés sur le terre-plein central de Las Ramblas.

Samedi lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur espagnol a indiqué un "renforcement des mesures de sécurité dans quatre domaines prioritaires".

"La sécurité dans les zones de forte influence et très fréquentées par les touristes. Dans un deuxième temps, nous allons intensifier la prévention de potentiels attentats terroristes selon les informations dont chaque service dispose et faisant en sorte que ces services mettent en commun ces informations. (...) Troisième mesure, le renforcement du dispositif de réaction à un attentat. Enfin, nous allons renforcer la coopération avec les polices locales dans le but que chacun, dans les limites de ses compétences, puisse profiter au mieux des capacités des forces de police afin de protéger au mieux tout endroit en Espagne", a complété Juan Ignacio Zoido.

Pas de risque zéro

En France, une polémique similaire était apparue après l'attentat intervenue pendant les festivités du 14-Juillet. Christian Estrosi, désormais à nouveau maire de Nice, a proposé vendredi la création d'un "fonds" européen pour les communes qui luttent "contre le terrorisme".

"Je souhaite organiser au mois de septembre une grande réunion des maires des grandes villes et moyennes villes européennes. Celles qui sont les plus ciblées parce qu'elles représentent des villes touristiques, à forte fréquentation", a-t-il annoncé, expliquant que les représentants des communes étaient "en première ligne désormais".

Ce sachant, comme l'a rappelé à la télévision catalane le maire de Barcelone, Ada Colau: "Une sécurité absolue est impossible". "Cela signifierait renoncer à notre liberté et nous enfermer chez nous. Avoir un contrôle à 100% sur les nombreux endroits qui peuvent être pris pour cible dans une grande ville internationale comme Barcelone est impossible", a-t-il insisté.

David Namias