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Enrico Letta: L'afflux des réfugiés "n'est pas une invasion"

Enrico Letta, ancien président du Conseil italien.

Enrico Letta, ancien président du Conseil italien. - BFMTV

"L'Europe d'aujourd'hui n'est pas la bonne Europe, elle va se casser la figure", a déclaré Enrico Letta, ancien président du Conseil italien d'avril 2013 à février 2014 et pourtant Européen convaincu. Invité jeudi de BFMTV et RMC, celui qui est maintenant à la tête de l'Ecole des affaires internationales de Science Po Paris avait été à l'initiative de l'opération humanitaire Mare Nostrum, lancée par son gouvernement après le naufrage d'une embarcation transportant 500 migrants, près de l'île de Lampedusa. "Quelqu'un peut-il penser que nous pouvons nous en sortir tout seul. Si chaque pays fait tout seul c'est un problème sans solution. Il faut donner une délégation de souveraineté à l'Europe, il faut lui donner plus de pouvoirs", a-t-il lancé. Le risque est selon lui "dans 10 ans, la Chine, l'Inde et les Etats-Unis gouverneront le monde sans l'Europe". "Le temps où quelques grandes puissances dominaient le monde est révolu",a-t-il insisté.

L'homme politique a aussi déploré une "polarisation du débat sur les migrants entre, d'un côté, madame Le Pen et de l'autre Le Pape". "Au milieu, il n'y a rien. L'afflux de réfugiés n'est pas une invasion", a-t-il jugé. "On sait tous que les attaques terroristes de ces derniers mois n'ont rien à avoir avec les réfugiés."

"Une Europe que je ne reconnais pas"

L'ancien président du Conseil italien souhaite "un leadership politique européen" sur l’accueil des réfugiés et regrette que ce dossier sur l’immigration soit "le dernier en termes d’importance".

"Lampedusa c'était la photo du petit Aylan sans la dureté de la photo", a avancé Letta, fustigeant au passage le "cynisme des Européens". C'est "une Europe que je ne reconnais pas", a-t-il ajouté. Revenant sur Mare Nostrum il a fait valoir que son "pays avait sauvé des milliers de vies humaines".

Très critique vis-à-vis de l'attitude des pays européens, notamment à l'est, il a tranché que "le premier ministre hongrois était le pire", rappelant qu'en 1956, une vague d'immigration hongroise de 200.000 migrants avait été accueillie. "Ce n'est pas en stoppant l'aide que les gens ne viennent pas. Il faut changer complètement les règles" et aller "hors des règles de Maastricht".

D. N.