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Europe

Des civils armés organisés en milices traquent les migrants en Bulgarie

Une patrouille à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie le 7 octobre 2016

Une patrouille à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie le 7 octobre 2016 - Dimitar Dilkoff - AFP

En treillis militaire, cagoulés et armés de machettes, des miliciens bulgares d'extrême droite font la chasse aux migrants à la frontière avec la Turquie. Une pratique illégale, mais qui paraît tolérée par les autorités du pays.

Ils traquent les migrants. Depuis plusieurs mois, des civils, miliciens d'extrême droite bulgares, se sont donné pour mission de "chasser" les clandestins qui franchissent la frontière, rapporte Les Observateurs de France 24.

"Une trentaine de personnes allongées sur le sol"

Régulièrement, ces individus en treillis militaire, cagoulés et armés de machettes, postent des images de leurs captifs sur les réseaux sociaux. Des activités illégales mais tolérées par les autorités, selon un habitant de la ville où se trouve le quartier général de l'une de ces milices. 

"En début d'année, un petit malfrat a posté une vidéo montrant une trentaine de personnes allongées sur le sol après avoir été capturées près de la frontière turque. Cette vidéo est devenue virale, ce qui a incité d'autres personnes à capturer des migrants à leur tour, puis à s'en vanter sur les réseaux sociaux. C'est comme ça que la 'chasse aux migrants' s'est développée", témoigne-t-il pour le site internet.

Accusés de voler les migrants

L'homme, qui a travaillé pour l'administration régionale, explique que "les miliciens patrouillent le long de la frontière" -le pays partage une frontière de 269 km avec la Turquie- et renvoient les migrants de l'autre côté sans leur laisser la possibilité de déposer une demande d'asile, ce que prévoit pourtant la Convention de Genève. Selon lui, s'ils œuvrent officiellement pour "protéger les Bulgares", ce témoin assure que les miliciens volent les migrants.

Ce que réfute Vladimir Rusev, le commandant en chef de l'Union militaire "Vasil Levski", l'une de ces deux milices.

"Quand nous trouvons des migrants, nous leur disons qu'ils ont commis un crime en traversant la frontière illégalement", assure-t-il aux Observateurs. "Nous leur demandons de retourner en Turquie pour éviter les poursuites judiciaires, puis de se présenter aux postes-frontières officiels. Nous emmenons ceux qui refusent de s'exécuter à la police des frontières, mais c'est tout."

"Nous sommes des citoyens responsables"

"Nous ne sommes pas des chasseurs de migrants, mais des citoyens responsables", se défend un autre de leurs représentants dans le quotidien suisse Le Temps. En avril dernier, une ONG de défense des droits de l'homme s'alarmait déjà de migrants ligotés par des civils bulgares, et avait demandé l'ouverture d'une enquête.

Il n'y a pas qu'en Bulgarie que de telles pratiques se développent. Au mois de juillet dernier, le maire d'Asotthalom, une petite ville hongroise de 4.000 habitants près de la frontière avec la Serbie, s'était félicité sur sa page Facebook de la chasse aux migrants menée par des milices privées.

Céline Hussonnois-Alaya