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Coup de semonce électoral pour Viktor Orban en Hongrie

Réélu triomphalement au printemps dernier, Viktor Orban et son parti Fidesz ont connu depuis une forte chute de popularité.

Réélu triomphalement au printemps dernier, Viktor Orban et son parti Fidesz ont connu depuis une forte chute de popularité. - Attila Kisbenedef - AFP

Régulièrement accusé de dérives autoritaires, Vikton Orban qui ne cache pas son admiration pour le président russe, a perdu dimanche la "super-majorité" parlementaire dont il disposait depuis 2010.

Premier accroc après cinq ans de triomphes électoraux, le Premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban a perdu dimanche, dans une élection partielle, la "super-majorité" parlementaire dont il disposait depuis 2010.

Le candidat soutenu par l'opposition de gauche dans la circonscription de Veszprem (ouest) a été élu avec 43% des voix, contre 34% à celui du parti au pouvoir Fidesz. La "super-majorité" des deux tiers dont Viktor Orban a bénéficié depuis son arrivée au pouvoir en 2010 ne tenait qu'à un siège. Elle lui a permis de réformer de façon controversée la Constitution hongroise.

Elle a également facilité l'adoption de réformes profondes de la justice, des médias et de l'économie, qui ont été jugées liberticides par l'opposition et largement critiquées à l'étranger.

Réélu triomphalement au printemps dernier, Viktor Orban et son parti Fidesz ont connu depuis une forte chute de popularité, conséquence notamment d'un projet avorté de taxer les téléchargements sur internet, et d'accusations de corruption touchant le parti au pouvoir.

Des penchants autoritaires

Viktor Orban s'est également vu reprocher son attitude conciliante envers Vladimir Poutine, qu'il a reçu à Budapest mardi 17 février. Régulièrement accusé de dérives autoritaires, Viktor Orban ne cache pas son admiration pour le président russe, citant en exemple son modèle de "démocratie non libérale". Et la veille de la visite de M. Poutine, une manifestation a réuni 2.000 personnes à Budapest, aux cris de "Oui à l'Europe, non à Poutine".

Plusieurs études d'opinion ont montré, ces derniers mois, l'ancrage occidental et européen de l'opinion hongroise, y compris parmi les électeurs du Fidesz. La défaite du candidat du pouvoir à Veszprem, habituellement un fief conservateur, "est un carton jaune montré au gouvernement", a commenté dimanche soir le nouveau député Zoltan Kesz.

Défaite symbolique 

Viktor Orban s'était efforcé par avance de limiter l'enjeu de l'élection partielle, en affirmant qu'il n'avait pas de projet législatif requérant une "super-majorité".

Mais pour Csaba Toth, un analyste interrogé à la veille du scrutin par l'AFP, une défaite du Fidesz dans la partielle de Veszprem aurait pour effet de "rendre tangible la plongée récente du parti au pouvoir dans les sondages", et serait donc "importante sur le plan symbolique." Le résultat de Veszprem est "la défaite du Fidesz", a aussi estimé Gabor Torok, un analyste réagissant à chaud sur la chaîne ATV.

Cet affaissement du parti au pouvoir, après trois victoires successives en 2014 aux législatives, aux européennes et aux municipales, est à relativiser en tenant compte de la faiblesse et de la désorganisation persistantes de l'opposition.

Il est à noter que le candidat élu dimanche à Veszprem, un indépendant, avait pris soin pendant sa campagne de ne pas mettre en avant le soutien que la gauche lui apportait. En 2012, après deux ans au pouvoir, Viktor Orban avait surmonté une crise dans l'opinion en encadrant strictement les prix de l'électricité et du gaz de chauffage.

Fin 2014, le Fidesz a de nouveau tenté d'enrayer sa baisse dans les sondages en produisant des propositions censées être populaires, comme une loi obligeant à la fermeture des magasins le dimanche, et un projet visant à imposer des tests de consommation de drogue aux adolescents, aux hommes politiques et aux journalistes.

Mais "ces propositions donnent le sentiment que le gouvernement veut éduquer les gens, et cela agace les électeurs", estimait fin décembre Balint Ablonczy, de l'hebdomadaire pro-Fidesz Heti Valasz.

K. L. avec AFP