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Cannes: Nanni Moretti, à la recherche du pape perdu

Habitué de Cannes, Nanni Moretti est venu présenter "Habemus Papam" aux côtés de Michel Piccoli, interprète d'un pape nouvellement nommé qui, pris de panique, s'en remet aux offices d'un psychanalyste. Tout, assure le réalisateur italien, sauf un pamphlet

Habitué de Cannes, Nanni Moretti est venu présenter "Habemus Papam" aux côtés de Michel Piccoli, interprète d'un pape nouvellement nommé qui, pris de panique, s'en remet aux offices d'un psychanalyste. Tout, assure le réalisateur italien, sauf un pamphlet - -

CANNES (Reuters) - Bien qu'ayant été tourné par un athée notoire, "Habemus Papam" n'a rien d'un réquisitoire contre l'Eglise en général et le...

CANNES (Reuters) - Bien qu'ayant été tourné par un athée notoire, "Habemus Papam" n'a rien d'un réquisitoire contre l'Eglise en général et le Vatican en particulier.

Nanni Moretti, au contraire, tend à rendre attachants les cardinaux réunis en conclave pour élire un nouveau souverain pontife dans son film présenté vendredi à Cannes.

Si certains s'attendaient, comme l'a signalé le cinéaste, à un pamphlet sur les intrigues, manoeuvres et tractations d'un tel scrutin, ou plus encore à une charge prenant à témoin des scandales récents qui ont secoué l'Eglise, ils auront été déçus.

"Je ne voulais pas me laisser conditionner par l'actualité", a dit Nanni Moretti vendredi, en conférence de presse.

Cette attente non satisfaite peut expliquer que le film, déjà sur les écrans en Italie, ait reçu un accueil mitigé.

Quant aux critiques ne portant pas sur le film lui-même mais sur son propos, "il y a eu en réalité très peu de réactions dures et ces dernières n'étaient pas représentatives du monde catholique", a expliqué le cinéaste italien, venu souvent sur la Croisette et titulaire d'une Palme d'or attribuée en 2001 pour "La chambre du fils".

Un pape est mort et un nouveau, interprété par Michel Piccoli, est appelé à régner.

Las, au moment d'apparaître sur le balcon et de bénir la foule des fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, le cardinal Melville devenu pape est pris de panique.

Confronté à cette circonstance inattendue, le Saint-Siège se résout à faire appel au talent d'un psychanalyste (Nanni Moretti), prié de remettre d'aplomb l'héritier du trône de Saint-Pierre.

VIRÉE ROMAINE

Le premier contact entre le médecin de la psyché et celui des âmes donne lieu aux moments les plus savoureux du film.

Le psychanalyste, visiblement freudien, voit son domaine d'investigation réduit à une peau de chagrin, puisqu'il serait pour le moins délicat d'interroger le pape sur sa sexualité, ses rêves, voire même son enfance.

Sans compter que l'intimité de la consultation est réduite à néant par l'omniprésence des hommes en rouge.

Au point que le praticien recommande de confier le Saint-Père aux bons soins de son ex-épouse, elle-même psychanalyste. Mais pour cela, il faut sortir du Vatican, occasion qu'exploitera le Pape pour une escapade qui mettra la curie en émoi.

Nanni Moretti avait déjà abordé la question ecclésiastique en 1985 avec "La messe est finie".

Mais les deux longs métrages sont très différents, a affirmé le réalisateur. "Le personnage de prêtre que j'interprétais était très différent du pape joué par Piccoli", a-t-il dit.

En revanche, "ce sont deux films d'un athée et donc quand on me dit à propos de ce film qu'il n'est en rien question de foi, eh bien c'est vrai".

La virée citadine du pape lui fait rencontrer une troupe de théâtre qui répète du Tchekhov et les répliques, qu'il connaît par coeur, lui reviennent instantanément.

Une certaine "symétrie" existe entre ces passages théâtraux et les rituels du scrutin du conclave romain, symétrie que Nanni Moretti assume sans l'avoir expressément voulue.

D'autres brèves rencontres de la vie profane amèneront le nouveau pape à prendre une décision définitive vis-à-vis de ses engagements pastoraux.

Le film doit sortir en France le 7 septembre.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Yves Clarisse