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Budget, matériel, soldats... La France peut-elle encore gagner une guerre?

Emmanuel Macron a présenté ce mercredi les défis stratégiques majeurs auxquels la France doit faire face en matière de défense militaire. De quoi relancer le débat sur l'état de santé de l'armée française.

"Il faut passer à la vitesse supérieure." Invité sur BFMTV ce mercredi, le général Pierre de Villiers, chef d'état-major français entre 2014 et 2017, a estimé que nos troupes n'étaient plus en état de mener une guerre et de la remporter.

"J'appelle à rétablir la cohérence entre les missions qu'on va confier à l'armée et les moyens", a-t-il lancé.

Concernant les moyens alloués aux armées, la loi de programmation militaire prévoit que le budget soit porté à 44 milliards d'euros en 2023, au terme d'une nouvelle hausse de trois milliards d'euros. En 2017, année de la démission du général de Villiers, en désaccord avec l'enveloppe dévolue à nos troupes, il était de 32 milliards.

Pour le colonel Michel Goya, consultant défense à BFMTV, même constat: "La France n'a pas les moyens de mener une opération militaire de grande échelle et de grande intensité."

"En 1990, on était capable de déployer en quelques jours pour l'armée de Terre environ 120 régiments de combat. Actuellement, peut-être 15, et pas en quelques jours", a-t-il expliqué.

Le rôle clé de la dissuasion nucléaire

Alors qu'un conseiller présidentiel a souligné mardi que "la France réaffirme son ambition d'être en 2030 une puissance d'équilibres sur la scène internationale, qui a renforcé son rayonnement et son influence dans ses zones d'intérêt", le colonel Michel Goya a, lui, estimé que le pays n'était "pas à la hauteur des enjeux et de la situation internationale".

Face à cette situation, Emmanuel Macron entend bien combler le manque de moyens humains et matériels par un renforcement du rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité de l'Europe.

La France doit rester une puissance "respectée pour son statut d'État doté de l'arme nucléaire, moteur de l'autonomie stratégique européenne, allié exemplaire dans l'espace euro-atlantique, partenaire fiable et crédible", a-t-il martelé mercredi.

Un positionnement crucial pour l'amiral Alain Coldefy, ancien inspecteur général des armées et ancien chef d'état-major adjoint, qui a déclaré sur BFMTV que la France "a vécu dans la période des Bisounours depuis la période des dividendes de la paix" - où l'armée était reléguée au second plan. Reste à savoir si ces appels seront entendus par le gouvernement.

Théo Putavy