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La Belgique craint un "Calais bis" sur son sol

Des migrants marchent dans la Jungle de Calais, le 16 février 2016.

Des migrants marchent dans la Jungle de Calais, le 16 février 2016. - Philippe Huguen - AFP

Depuis plusieurs semaines, des migrants tentent de passer en Angleterre par Zeebruges, une station balnéaire belge. Le phénomène, qui pourrait s'accentuer avec le démantèlement de la "Jungle", inquiète les autorités locales.

Zeebruges, un nouveau Calais? Avec le démantèlement prévu pour mercredi au plus tard d'une partie de la "Jungle", ce bidonville du nord de la France où s'entassent plusieurs milliers de migrants, Zeebruges, localité belge située sur la côte, craint de les voir désormais affluer avant de tenter de rallier clandestinement l'Angleterre.

Depuis plusieurs semaines, quelques dizaines de migrants venus de Calais ont franchi la frontière et logent à la belle étoile à Zeebruges - où les contrôles sont réputés moins sévères - et dans les dunes environnantes, selon les médias belges. En tout, ils sont 300 à y avoir été recensés par la police depuis janvier, souligne France Info.

"On veut aller en Angleterre, et on veut voir à Zeebruges si on a une chance d'y arriver", témoignaient il y a quelques jours des migrants interrogés par France 2. "A Zeebruges, on est bien. Avec la police, ça va. A Calais, non. A Calais, c'est la mafia. Vous n'avez pas d'argent, vous ne passez pas."

Appel à ne "pas nourrir les réfugiés"

Le phénomène, qui pourrait s'accentuer avec l'évacuation d'une partie de la "Jungle", inquiète les autorités locales.

"Ne nourrissez pas les réfugiés, sinon d'autres viendront", a lancé début février dans les médias flamands le gouverneur de Flandre occidentale, Carl Decaluwé.

Le message s'adressait en particulier aux habitants de Zeebruges, dont certains avaient apporté de la nourriture à des migrants pendant le week-end. "Il faut éviter à tout prix que des tentes soient dressées", a renchéri le bourgmestre (maire) de Bruges, dont dépend Zeebruges, Renaat Landuyt.

Selon l'agence de presse Belga fin janvier, le Premier ministre belge Charles Michel a récemment envoyé une lettre à son homologue français Manuel Valls pour lui demander de prendre des mesures concernant les camps de migrants improvisés dans la région de Calais et Dunkerque qui affectent la situation de plusieurs communes côtières belges.

Le mois dernier, le ministre belge de l'Intérieur Jan Jambon avait par ailleurs averti:

"Je ne tolérerai pas qu'à Zeebruges et dans les environs s'installent des camps de tentes comme à Calais."

"Les migrants ne veulent pas non plus d'un 'Calais bis'", avait répliqué l'ONG belge Ciré. "La meilleure manière d'éviter les 'jungles' est de permettre aux migrants de circuler de manière sûre et légale entre la France, la Belgique et la Grande-Bretagne, afin de permettre l'exercice du droit d'asile et la réunification des familles séparées", avait ajouté l'association.

La "zone sud" de la "Jungle" évacuée avant mercredi

Considérée comme le plus grand bidonville de France, la "Jungle" de Calais doit d'ici mercredi au plus tard partiellement être évacuée. Le 12 février, la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio a annoncé l'évacuation forcée d'un millier de migrants - jusqu'à 2.000 selon les associations - sur la partie sud, s'étalant sur la moitié de la surface.

Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans ce camp dans une grande précarité, avec l'espoir d'atteindre l'Angleterre, qu'ils considèrent comme un eldorado. Pour l'heure, aucun camp similaire n'existe en Belgique.

V.R.