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Jihadisme: "Il y a toujours des départs à Molenbeek", signale l'ancien bourgmestre

Philippe Moureaux était l'invité de BFM Story ce vendredi. L'ancien bourgmestre de Molenbeek en Belgique d'où sont originaires plusieurs terroristes des attentats de Paris répond aux vives critiques sur sa gestion de la ville en matière d'antiterrorisme et met en garde contre une aggravation de la situation.

Depuis les attentats de Paris, la commune Bruxelloise de Molenbeek est devenue tristement célèbre. Plusieurs terroristes des attaques du 13 novembre y sont passés, notamment Abdelhamid Abaaoud et les frères Abdeslam

Pendant vingt ans, jusqu'en 2012, Philippe Moureaux était à la tête de cette ville. Il publie La Vérité sur Molenbeek et dénonce tout procès d'intention qui pourrait lui être fait quant à une inaction du pouvoir local.

"Par rapport aux terroristes, je n'ai aucune responsabilité", lance-t-il sur BFMTV. "A la fin de mon mandat j'ai senti la montée d'un certain radicalisme avec des faits marquants comme le port du voile intégral. J'ai d'ailleurs été le premier maire de Belgique à interdire le port du voile intégral", explique l'ancien élu. 

D'autres villes similaires

Molenbeek est devenu le symbole de la montée de l'islam radical en Europe. Pour l'ancien bourgmestre, la situation dans laquelle se trouve sa ville connaît pourtant d'autres comparaisons. "Si on regarde le jihadisme en tant que tel, il n'a pas eu un plus grand succès à Molenbeek que dans d'autres lieux à forte présence arabo-musulmanne, estime-t-il. Je pense à la ville française de Trappes, 28.000 habitants ,où on a recensé à ma connaissance 40 jihadistes, on est dans les mêmes proportions."

"Ce qui caractérise Molenbeek c'est l'existence d'une cellule criminelle qui a joué un rôle majeur dans les attentats de Paris", poursuit-il.

La stigmatisation, argument des islamistes radicaux

Depuis les attentats, les opérations policières se sont multipliées à Molenbeek. Cette présence des forces de l'ordre ne dissuade pas les candidats aux jihad.

"Il y a toujours des départs. Maintenant il y a un peu plus de départs chez les femmes, ce n'est plus seulement les hommes", assure-t-il.

Philippe Moureaux invite à ne pas "stigmatiser" la ville et sa communauté. Donald Trump a notamment comparé Molenbeek à "un trou à rat". "Des paroles aussi violentes, ce sont des arguments qu'utilisent les radicaux". 

La protection des "copains"

Trois mois après les attentats, Salah Abdeslam est toujours recherché. Vendredi, le site belge La Dernière Heure assurait qu'il s'était dissimulé près de trois semaines dans une commune voisine à Schaerbeeke. Philippe Moureaux n'exclut pas qu'il se trouve toujours en Belgique et même à Molenbeek.

Pour écrire son livre, l'ancien bourgmestre a rencontré des habitants de Molenbeek qui avaient pu être en contact avec les terroristes. Il raconte comment l'un d'eux qui condamnait les attentats de Paris se disait pourtant prêt à protéger Salah Abdeslam qu'il connaissait. "Ce n'est pas le fait de la communauté musulmane, c'est le fait de ces potes, de ces vieux copains qui ont créé une sorte de fratrie tout à fait négative", analyse-t-il.

"Si Salah Abdeslam se cache, il y a deux hypothèses, poursuit Philippe Moureaux. Ca peut être dans les milieux terroristes, comme ça peut être dans un milieu qui est celui de vieux copains qui se sentent obligés de protéger ce criminel."

C. B