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Royaume-Uni

Vin sur les murs, altercation, ébriété... Ce que contient le rapport de Sue Gray concernant le "Partygate"

Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing street le 13 novembre 2020.

Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing street le 13 novembre 2020. - Sue Gray report/gov.uk

Le rapport de la fonctionnaire britannique, concernant 13 événements organisés au siège du gouvernement britannique durant les confinements, a été dévoilé ce mercredi. Boris Johnson a assisté à 8 d'entre eux.

Le 16 avril 2021, le Royaume-Uni est en période de deuil national après la mort du Prince Philip une semaine plus tôt. Ses obsèques doivent d'ailleurs se tenir le lendemain. Mais au 10 Downing street, siège du gouvernement britannique et résidence officielle de Boris Johnson, l'humeur est à la fête.

Deux événements sont organisés pour célébrer le départ de fonctionnaires, en totale contradiction avec les règles en vigueur à l'époque pour freiner l'épidémie de Covid-19. Les festivités continueront dans les jardins, où "plusieurs individus se sont rassemblés autour d'une balançoire pour enfants, et l'ont endommagée en se couchant dessus et en jouant avec".

Un "manque de leadership" mis en avant

Ces révélations fracassantes sont issues du rapport de la haute fonctionnaire britannique Sue Gray, rendu public ce mercredi et portant sur 13 fêtes organisées au 10 Downing Street et au ministère de l'Éducation de mai 2020 à avril 2021. Avec pour point commun une violation systématique des mesures de freinage épidémique.

"Peu importe l'objectif initial, ce qui a eu lieu lors de ces rassemblements et la manière dont ils se sont développés allaient à l'encontre des règles pour lutter contre le Covid-19 en vigueur à l'époque. (...) J'ai déjà souligné ce que je considère avoir été comme un manque de leadership et de jugement au 10 Downing street", écrit Sue Gray dans son rapport.

Sur les 13 rassemblements sur lesquels s'est penchée Sue Gray, le Premier ministre Boris Johnson a assisté à huit d'entre eux. C'est le cas notamment de la fête organisée le 19 juin pour son anniversaire. "Pour l'anniversaire du PM aujourd'hui nous vous proposons des sandwiches et du gâteau dans la salle du cabinet. Venez lui souhaiter un joyeux anniversaire!", peut-on ainsi lire dans un email envoyé en interne.

Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing Street le 19 juin 2020.
Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing Street le 19 juin 2020. © Sue Gray Report/gov.uk

Le rapport propose en annexe plusieurs photos de l'événement, où l'on peut voir le Premier ministre trinquer entouré d'une dizaine de personnes, avec sur la table des sandwiches triangles et des boissons. Le Premier ministre britannique a d'ailleurs déjà reçu une amende de la part de la police métropolitaine de Londres pour non-respect des consignes sanitaires.

La veille, une autre fête avait déjà été organisée dans l'enceinte du 10 Downing street, cette fois pour célébrer un départ. Au programme? Prosecco, pizzas, machine à karaoké et consommation excessive d'alcool.

"Certains individus ont consommé de manière excessive de l'alcool. Un individu a été malade. Il y a eu une altercation entre deux autres individus", détaille le rapport rendu public ce mercredi.

Les équipes de nettoyage maltraitées

Durant le deuxième confinement, le 13 novembre 2020, une nouvelle soirée est organisée. De l'alcool est également présent, et Boris Johnson n'hésite pas à se servir un verre. Sur des photos de l'événement, on voit le Premier ministre une nouvelle fois trinquer, avec en premier plan des cadavres de bouteilles, perdu au milieu d'un distributeur de gel désinfectant.

Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing street le 13 novembre 2020.
Boris Johnson lors d'une fête organisée au 10 Downing street le 13 novembre 2020. © Sue Gray report/gov.uk

Les festivités se sont poursuivies dans les appartements privés de Boris Johnson, mais Sue Gray n'a pas pu enquêter en profondeur sur cette séquence, son travail ayant été stoppé par l'ouverture d'une enquête de police concernant les mêmes faits.

Le 15 décembre, c'est l'organisation d'un quiz de Noël qui a constitué l'occasion parfaite pour les fonctionnaires du 10 Downing street, soucieux de s'enivrer une nouvelle fois. Le Premier ministre a fait une brève apparition lors du rassemblement, où des participants étaient tellement "ivres" qu'ils ont dû emprunter la porte de service.

Enfin, le 18 décembre, c'était le début des vacances de Noël qui était célébré au siège de l'exécutif britannique. "Certains fonctionnaires ont bu de manière excessive. L'événement était bondé et bruyant, si bien que certaines personnes qui travaillaient plus loin ont évoqué un niveau sonore significatif, et ont décrit une 'fête'".

"Un employé de Downing street qui s'est rendu dans la pièce le lendemain matin pour la nettoyer a noté qu'il y avait eu du vin rouge renversé sur un mur et sur plusieurs boîtes de papier pour photocopieur", ajoute le rapport.

Soulignant au passage qu'"une multitude exemples m'ont été rapportés faisant état d'un manque de respect et de mauvais traitement à l'égard des équipes de nettoyage et de sécurité. C'est inacceptable".

Une culture de l'ivresse au siège du pouvoir

Outre-Manche, la publication de ce rapport fourni et détaillé a en tout cas relancé le scandale du "Partygate". Pour sa première réaction, Boris Johnson, qui a déjà survécu à de nombreux scandales, a évoqué une culture de "l'ivresse" au sein du 10 Downing street, prenant pour son compte la totale responsabilité de ce phénomène.

Face au Parlement, il a "réitéré (ses) excuses à la Chambre, et au pays tout entier", pour la fête d'anniversaire du 19 juin 2020, qui lui a valu une amende. "Je prends la responsabilité de tout ce qui s'est déroulé sous ma gouvernance", a-t-il martelé.

"Quand la poussière sera retombée et la colère mise de côté, ce rapport constituera le monument illustrant l'hubris et l'arrogance d'un gouvernement qui se croyait au-dessus des règles", a de son côté fustigé Keir Starmer, le leader travailliste de l'opposition.

Le chef du gouvernement britannique a pour l'instant fermé la porte à une démission, avançant même que se rendre aux pots de départs de ses fonctionnaires faisait partie de sa mission. De nouveaux députés conservateurs ont eu appelé à sa démission.

Jules Fresard