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Royaume-Uni: polémique après l'installation d'une "barge prison" pour les demandeurs d'asile

La barge Bibby Stockholm destinée à accueillir des demandeurs d'asile, ici le 11 mai 2023 à Falmouth (Royaume-Uni).

La barge Bibby Stockholm destinée à accueillir des demandeurs d'asile, ici le 11 mai 2023 à Falmouth (Royaume-Uni). - Ben Stansall

Nommée "Bibby Stockholm", la barge doit héberger environ 500 demandeurs d'asile au Royaume-Uni pour réduire les coûts d'hébergement.

Environ 500 demandeurs d'asile vont être hébergés sur une barge à quai dans un port anglais, afin de réduire les coûts des hébergements en hôtel au Royaume-Uni. La barge, nommée "Bibby Stockholm", est arrivée le mardi 18 juillet dans le port de Portland, dans le sud de l'Angleterre. Un projet vivement critiqué par des ONG, qui qualifient la barge de "bateau prison".

"Environ 50 demandeurs d'asiles" y seront envoyés dès la semaine prochaine, selon le ministère de l'Intérieur. "Le site est conçu pour être autosuffisant afin de minimiser l'impact sur la communauté locale", a-t-il ajouté alors que des riverains protestaient lundi contre le projet.

La mise en place de cette barge pour héberger les demandeurs d'asile arrive alors que le Parlement britannique a adopté mardi une loi controversée contre l'immigration illégale, qui restreint drastiquement le droit d'asile, au point d'être, critique l'ONU, en contradiction avec le droit international sur les réfugiés.

Mais le gouvernement a érigé en priorité la lutte contre l'immigration illégale et a promis de "stopper" les arrivées par la Manche de migrants à bord de petites embarcations, en forte augmentation ces dernières années malgré les promesses de l'époque du Brexit.

Une loi contre l'immigration illégale vivement critiquée

En vertu de la nouvelle loi, les migrants arrivés de manière illégale sur le territoire britannique ne pourront plus demander l'asile dans le pays. Le gouvernement veut aussi que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit vers leur pays d'origine, soit vers un pays tiers tel que le Rwanda, d'où qu'ils viennent. 

Très critiqué jusque dans la majorité, le projet de loi doit désormais simplement être promulgué par le roi Charles III, une formalité.

L'ONU a vivement condamné la loi, disant qu'elle est "en contradiction" avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international sur les droits humains et les réfugiés. Les migrants n'auront "aucune garantie de pouvoir bénéficier d'une protection dans le pays" où ils seront expulsés, dénonce l'ONU.

En 2022, plus de 45.000 migrants ont traversé la Manche, surtout depuis la France, à bord de petites embarcations, un record. Ils sont plus de 13.000 à avoir fait la traversée depuis le début de l'année. Au premier trimestre, il s'agissait principalement d'Afghans.

Un texte dénoncé par l'ONU

Le gouvernement accuse les migrants venant illégalement de "sauter la file d'attente" au détriment de ceux qui arrivent par des "voies sûres" ou légales. Mais "la plupart des personnes fuyant la guerre ou la persécution n'ont pas accès à des documents comme les passeports ou les visas", répond l'ONU.

Pour muscler sa lutte contre l'immigration illégale, Londres a également signé un accord en mars avec Paris prévoyant un financement britannique afin d'appuyer les efforts de la France pour empêcher les départs vers l'Angleterre.

Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV