BFMTV
Royaume-Uni

Royaume-Uni: l'ex-Premier ministre Boris Johnson empêché de voter à cause d'une de ses propres lois

Boris Johnson, alors Premier ministre du Royaume-Uni, à Londres, le 23 mai 2022.

Boris Johnson, alors Premier ministre du Royaume-Uni, à Londres, le 23 mai 2022. - HENRY NICHOLLS / POOL / AFP

Faute de pouvoir présenter une pièce d'identité avec sa photo à son entrée dans son bureau de vote pour une élection locale, Boris Johnson a été contraint de faire demi-tour.

Retour à l'envoyeur... Ou plutôt à la maison. Au Royaume-Uni, Boris Johnson s'est vu refuser l'accès à son bureau de vote ce jeudi 2 mai car il avait oublié de se munir d'une pièce d'identité avec photo au moment de participer à des élections locales, comme le rapporte Sky News.

Le comble pour l'ancien Premier ministre conservateur, dont le gouvernement avait justement exigé la mise en place d'une telle mesure pour s'exprimer lors d'un scrutin, avant de l'acter par l'intermédiaire d'une loi électorale en 2022.

Ce jeudi, "BoJo" s'était déplacé pour voter dans le South Oxfordshire, où les électeurs étaient appelés à choisir un commissaire à la police et à la criminalité pour la Vallée de la Tamise.

Il avait même posté un message sur X jeudi matin : "Les bureaux de vote sont ouverts. Votez conservateur aujourd'hui !"

Cette loi électorale de 2022 avait suscité la controverse au moment de sa mise en place, car beaucoup redoutaient qu'elle ne dissuade les électeurs de voter.

Boris Johnson a finalement pu voter

La Commission électorale britannique avait averti l'année dernière que cette mesure risquait d'exclure du vote des centaines de milliers de personnes, y compris handicapées, vétérans et issues de minorités ethniques.

Elle avait par ailleurs constaté que 14.000 personnes n'avaient pas pu s'exprimer, faute d'une pièce d'identité recevable, lors d'une élection en mai 2023.

Interrogé sur les problèmes liés à l'identification des électeurs, le ministre des Transports, Mark Harper, a déclaré qu'il y avait "forcément un petit nombre de problèmes lorsque des millions de personnes votent".

Toutefois, il a déclaré qu'il pensait que "la plupart des électeurs ont en fait trouvé qu'il était parfaitement simple de voter avec la carte d'identité nécessaire dans tout le pays".

"Connaissant bien Boris, je ne peux pas dire que cela me surprenne complètement... Je sais qu'il est rentré chez lui, a obtenu une pièce d'identité, est retourné au bureau de vote et a voté pour les conservateurs", a assuré sur la BBC Chris Heaton-Harris, le secrétaire d'État à l'Irlande du Nord qui a été le whip en chef de Johnson (le parlementaire chargé de maintenir la cohésion de son parti).

"Nous allons maintenant commencer à recueillir des informations auprès des électeurs, des administrateurs électoraux, des organisations partenaires et des militants afin de comprendre leur expérience des élections et d'identifier tout obstacle potentiel à la participation", a déclaré un porte-parole de la Commission à la BBC.

Le Labour donné grand vainqueur au niveau local

Ces élections locales de ce jeudi servaient à renouveler une partie des milliers d'élus locaux en Angleterre et au pays de Galles.

La plupart des sièges soumis au vote avaient été disputés pour la dernière fois en 2021, au sommet de la popularité des conservateurs sous Boris Johnson, alors Premier ministre. Selon les premières estimations, le Labour a remporté une cinquantaine de sièges, les conservateurs en perdant plus d'une centaine.

Les sondages estiment que les conservateurs risquent de perdre la moitié des près de 1.000 sièges qu'ils défendent dans le pays. Un bilan qui, s'il se confirme, pourrait être lourd de conséquences pour l'actuel locataire du 10 Downing Street, Rishi Sunak.

"Nous allons probablement assister à ce qui est certainement l'une des pires performances des conservateurs, si ce n'est la pire, à des élections locales ces 40 dernières années", a déclaré sur la BBC le spécialiste des études d'opinion John Curtice, cité par l'AFP.

Selon les médias britanniques, les adversaires de Rishi Sunak au sein de son propre camp sont à la manoeuvre et envisagent de tenter de le remplacer d'ici aux législatives, prévues en janvier 2025, en cas de débâcle lors des élections locales.

Gabriel Joly avec AFP