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Royaume-Uni

Novitchok: la police britannique "ne peut pas garantir" qu'il n'y aura pas d'autre victime

Des policiers britanniques en faction à Amesbury le 7 juillet

Des policiers britanniques en faction à Amesbury le 7 juillet - NIKLAS HALLE'N / AFP

Cela fait suite au décès de l'un des deux britanniques exposés à l'agent innervant fin juin, à proximité du lieu où un ex-espion russe avait été empoisonné en début d'année.

La police britannique a reconnu lundi que si le risque était "faible", elle ne pouvait cependant pas garantir que le Novitchok ne ferait pas d'autre victime, au lendemain de la mort à l'hôpital de Salisbury d'une Britannique de 44 ans contaminée par cet agent innervant.

"Je ne peux simplement pas offrir de garantie" concernant la sécurité du public, a dit le chef de l'antiterrorisme Neil Basu lors d'un point presse à Londres, avant d'appeler la population à ne pas ramasser des objets comme "des seringues ou des récipients inhabituels".

"La nuit dernière, l'agence de santé publique a souligné que le risque pour le public restait faible à ce stade", a ajouté Neil Basu, dont le service au sein de Scotland Yard a pris la direction de l'enquête, tout en reconnaissant l'inquiétude légitime des personnes habitants la zone.

Probablement lié à l'affaire Skripal

Dawn Sturgess, 44 ans est morte dimanche soir, après huit jours d'hospitalisation.

Originaire de Durrington dans le Wiltshire (sud-ouest de l'Angleterre), elle avait trois enfants, une fillette de 11 ans et deux garçons de 19 et 23 ans. Son compagnon, Charlie Rowley, 45 ans, dont l'identité a été confirmée pour la première fois, a été aussi empoisonné et reste dans un état critique à l'hôpital de Salisbury.

"Nous ferons tout ce que nous pouvons pour que les responsables soient traduits en justice", a déclaré Neil Basu, répétant que la principale hypothèse de la police était que le poison incriminé est lié à l'attaque essuyée il y a quatre mois par l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.

"Absurde" d'accuser la Russie

"Je suis horrifiée et choquée par la mort de Dawn Sturgess", a réagi la Première ministre Theresa May. "Mes pensées et mes condoléances vont à sa famille et à ses proches".

Le gouvernement a convoqué une réunion interministérielle de crise Cobra en début d'après-midi. De son côté, le Kremlin, pointé du doigt dans l'attaque contre les Skripal, a jugé lundi qu'il serait "absurde" d'accuser la Russie de la mort de la quarantenaire, qu'il a dit "regretter profondément".

"Nous ne sommes pas au courant que la Russie ait été d'une quelconque manière associée avec cela. Nous considérons que ce serait dans tous les cas assez absurde", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

En visite à Salisbury dimanche, le ministre de l'Intérieur Sajid Javid a annoncé que le gouvernement britannique n'avait "pas pour projet actuel" d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie.

Le trajet du couple reconstitué

"Nous essayons d'identifier tout récipient pouvant avoir contenu le poison", a-t-il dit, précisant que la police avait retracé tous les mouvements du couple de Britanniques les journées des vendredi 29 juin et samedi 30 juin, date à laquelle ils ont été hospitalisés.

Alors que la police cherche à découvrir "quand et où" le couple a été contaminé, "les recherches sont centrées" sur les logements du couple, à Salisbury (sud-ouest de l'Angleterre) pour Dawn Sturgess, et dans la ville voisine de Amesbury où Charlie Rowley avait un appartement, ainsi qu'un parc de Salisbury où ils se sont rendus vendredi.

Le mini-bus dans lequel ils ont fait le trajet dans la soirée de vendredi à samedi entre Salisbury et Amesbury est également examiné par le laboratoire militaire de Porton Down. Trois personnes qui ont voyagé avec eux ont été examinées sans qu'un quelconque symptôme inquiétant n'ait été découvert.

"Cela aurait très bien pu arriver à n'importe qui"

Les amis du couple se sont dit dévastés par la nouvelle. "Nous sommes très, très tristes. Je prie pour que Charlie revienne", a réagi Ben Jordan, âgé de 27 ans, hébergé au foyer pour sans-abri John Baker House de Salisbury où vivait Dawn Sturgess, qui a depuis été évacué par la police.

"Cela aurait très bien pu arriver à n'importe qui, à moi et à ma compagne", a-t-il ajouté.

Ioulia et Sergueï Skripal avaient pu sortir de l'hôpital après plusieurs semaines de soins lourds, tout comme Nick Bailey, le premier policier qui leur avait porté secours.

L.D. avec AFP