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Royaume-Uni

Jimmy Savile, comment l'icône pop a viré au trash

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Depuis qu'elle a éclaté début octobre, l'affaire n'en finit pas de choquer outre-Manche. L'ex-présentateur de la BBC, vedette de toute une génération, serait aussi l'un des plus grands prédateurs sexuels du Royaume. Explications.

Il était l'idole des jeunes. Jummy Savile était le présentateur vedette d'une émission musicale devenue culte, Top of the pops, sur la chaîne de référence de la télévision britannique, la BBC. Une dégaine reconnaissable entre mille, qui a façonné son personnage : cheveux longs, blonds peroxydés, survets brillants et bijoux bling-bling. Quelques accessoires aussi. D'énormes cigares cubains. Et une Rolls Royce.

Cette Rolls Royce, il en est beaucoup question depuis le 3 octobre. Depuis que du "Top", Savile - décédé l'an dernier - est tombé dans la lie, entraînant la BBC avec lui.

"Une fille sur les genoux avec le bras sous sa jupe"

Ce soir-là, la chaîne privée ITV diffuse une enquête affirmant que Savile, connu pour être un "bachelor" endurci vivant chez sa mère, était aussi un pédophile. Cinq femmes, dont une face caméra, l'accusent d'agressions sexuelles dans les années 1960 et 1970, alors qu'il se trouvait au faîte de sa gloire. L'animateur star conduisait ses victimes, alors adolescentes, dans sa voiture clinquante, son mobil-home ou sa loge de la BBC.

Dans un extrait de l'émission, Sue Thompson, une ex-employée de la chaîne, confie que c'est là qu'elle a un jour surpris Savile, "avec une fille d'environ 14 ans sur les genoux et le bras gauche sous sa jupe".


ITV stands by Sir Jimmy Savile abuse claims par itnnews

Coup monté contre la BBC par une chaîne concurrente ? Non. Car le scandale délie les langues et met à bas le mur des non-dits. Très vite, on apprend que l'année précédente, la BBC avait prévu de diffuser un documentaire sur les exactions de son ex-présentateur dans l'émission Newsnight. Avant un rétropédalage et l'annulation de sa diffusion.

La BBC est alors accusée d'avoir camouflé pendant de longues années des agissements parfois commis au sein même de ses locaux. Impossible, durant toutes ces années, que personne n'ait rien su !

Pour laver son honneur, le groupe fait alors le ménage et plaide l'ingénuité. Courant octobre, il limoge Peter Ribbon, le rédacteur en chef de Newsnight, à l'origine de la déprogrammation. Puis annonce dans un communiqué que "des recherches approfondies" ont été menées en interne sur "d'éventuelles traces de mauvaise conduite ou d'allégations de mauvaise conduite", mais qu'"aucune preuve n'a été trouvée".

Mais les accusations se multiplient contre Sir Jimmy Savile, anobli par la reine en 1990 pour ses nombreux engagements caritatifs. La police ouvre une enquête et, jeudi, 300 plaintes ont déjà été reçues et 130 personnes entendues - presque entièrement des femmes.

L'un d'entre elles se confie au Guardian. Carole Wells, 52 ans, affirme avoir été conduite dans la Rolls de Savile, en 1973. Elle avait 14 ans et était alors élève au collège Duncroft, dans le Surey. "Il a attrapé ma main et l'a mise dans son pantalon... Je suis retournée à Duncroft en pleurant."

Des médecins et une star déchue impliqués ?

Scotland Yard cherche désormais des complices. Trois médecins, qui travaillaient dans des hôpitaux où Savile avait coutume de se rendre pour des actions de charité, pourraient être impliqués.

Dimanche, c'est Gary Glitter, une ex icône du glam-rock, qui est arrêté. Aujourd'hui sexagénaire, Paul Gadd (pour l'état-civil) a déjà été condamné à deux reprises pour pédophilie. En 1999, il avait passé quatre mois derrière les barreaux pour avoir téléchargé sur son ordinateur 4.000 photos de pornographie pédophile violente. A l'époque, souligne le Telegraph, un homme avait jugé qu'il n'avait "rien fait de mal". Cet homme-là s'appelait... Sir Jimmy Savile.