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Qui est "Laser Man" ce Suédois condamné à la perpétuité en Allemagne?

John Ausonius lors de son procès à Francfort, le 21 février 2018.

John Ausonius lors de son procès à Francfort, le 21 février 2018. - Arne Dedert - AFP

Condamné ce mercredi à la réclusion en perpétuité en Allemagne pour le meurtre d'une femme en 1992, John Ausonius, surnommé "Laser Man", avait commis une série d'attaques racistes dans son pays, la Suède, au début des années 90.

L'"homme au laser" finira ses jours en prison. La justice allemande a condamné ce mercredi le Suédois John Ausonius à la réclusion à perpétuité, pour le meurtre à Francfort, en février 1992, d'une femme de 68 ans, nommée Blanka Zmigrod. Cette employée de vestiaire de confession juive et rescapée des camps nazis, avait été tuée d'une balle dans la tête.

Cette condamnation à la perpétuité en Allemagne vient s'ajouter à une peine similaire prononcée en 1995 dans son pays d'origine, la Suède, pour d'autres faits. 

Une série d'attaques racistes commises en Suède

Aujourd'hui âgé de 64 ans, John Ausonius, de son vrai nom Wolfgang Alexander Zaugg, né en Suède d'un père suisse et d'une mère allemande, s'est en effet fait connaître pour une dizaine d'attaques racistes commises en Suède, entre 1991 et 1992. Ces attaques, qui avaient fait un mort et plusieurs blessés graves, lui ont valu le surnom de "Laser Man", "l'homme au laser".

Ce nom utilisé par la presse suédoise avait été inspiré par le système de visée qu'il avait utilisé à l'époque pour cibler ses victimes, une dizaine de personnes, attaquées à l'arme à feu, principalement à Stockholm. Plusieurs d'entre elles ont en effet affirmé aux enquêteurs avoir distingué un laser rouge avant d'être touchées par balle. 

Ces attaques, qui avaient fait un mort et plusieurs blessés graves, visaient à chaque fois des personnes d'origine étrangères. Elles ont valu à John Ausonius d'être condamné à la prison à vie en 1995, par la justice suédoise.

Une future victime croisée dans un hôtel de Francfort

Ce mercredi, c'est cette fois-ci la justice allemande, plus précisément le tribunal de Francfort, qui l'a reconnu coupable du meurtre de Blanka Zmigrod, et condamné une nouvelle fois à la perpétuité.

Les faits remontent à février 1992, lorsque Ausonius, alors en cavale après ses attaques en Suède, croise la route de sa future victime dans le vestiaire d'un hôtel de Francfort, où elle travaillait. Au moment de récupérer son manteau, il lui avait reproché d'avoir volé son agenda électronique dans l'une des poches, ce que la sexagénaire avait contesté. La direction avait alors prié Ausonius de quitter les lieux. "On se reverra!", avait lancé John Ausonius à Blanka Zmigrod. 

Les enquêteurs comprendront plus tard que le Suédois était particulièrement attaché à cet agenda, qui aurait contenu des informations importantes pour l'aider dans sa cavale, vers l'Afrique du Sud. Resté longtemps suspect dans ce meurtre sans être réellement inquiété, il est de nouveau ciblé par les enquêteurs dans ce dossier en 2014. Fin 2016, il est extradé de Suède pour répondre de ce meurtre devant la justice.

Les enquêteurs ne sont toutefois pas parvenus à mettre en évidence un motif clairement antisémite dans ce crime, que l'accusé nie avoir commis.

Erigé en modèle par Anders Breivik

L'étude la personnalité de John Ausonius a démontré qu'il était obsédé par ses origines étrangères, suisse et allemande. Il n'a eu de cesse de vouloir ressembler à un "vrai" Suédois, au point de teindre ses cheveux bruns en blond et de porter des lentilles de contact bleues.

Auteur de plusieurs braquages de banques et présentant des troubles de la personnalité, il s'est montré extrêmement violent par le passé. Très tôt, il interrompt ses études, fait son service militaire, vit de petits boulots, avant de faire brièvement fortune en spéculant en Bourse, puis de tout perdre et de vivre dans la rue.

L'auteur de la tuerie d'Utoya qui avait fait 77 morts en juillet 2011, le Norvégien Anders Breivik, avait lors de son procès cité John Ausonius comme l'un de ses modèles. 

A.S.