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Allemagne

Le SPD allemand se choisit une femme pour cheffe, une première

Andrea Nahles, la première femme à la tête des sociaux-démocrates allemands, le 22 avril 2018

Andrea Nahles, la première femme à la tête des sociaux-démocrates allemands, le 22 avril 2018 - Daniel Roland-AFP

L'ancienne ministre du Travail a été élue à la tête du SPD, le Parti social-démocrate allemand. Andrea Nahles est la première femme à accéder à ce poste.

Le Parti social-démocrate (SPD) allemand a élu samedi à sa tête l'ancienne ministre du Travail, Andrea Nahles. Cette dernière devient ainsi la première femme à diriger la plus vieille formation politique du pays, avec pour mission de la sortir de la crise.

Au cours d'un congrès extraordinaire à Wiesbaden, dans l'ouest du pays, Andrea Nahles, 47 ans dont trente au sein du SPD, a obtenu 66% des voix au sein du parti de centre-gauche face à l'ancienne policière et maire de Flensburg, Simone Lange.

"Aujourd'hui, lors de ce congrès du parti, nous brisons le plafond de verre au SPD", s'est félicitée Andrea Nahles. "Et le plafond restera ouvert".

Enrayer la montée du parti populiste d'extrême droite

Dans son discours ce dimanche, Andrea Nahles a promis de lutter pour plus de justice sociale en Allemagne. "La solidarité est ce qui manque le plus dans ce monde globalisé, néo-libéral et ultra-numérisé", a-t-elle affirmé.

Elle a également affiché sa détermination à enrayer la montée du parti populiste d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), estimant qu'il s'agissait d'une bataille "pour rien de moins que de préserver la démocratie".

L'élection d'Andrea Nahles à la tête du SPD -qui participe au gouvernement au sein de la "grande coalition"- va accentuer une tendance à la féminisation des fonctions dirigeantes dans le monde politique allemand. 

Recoller les morceaux d'une formation divisée

Pour la première fois aussi, les deux plus grands partis nationaux sont dirigés par une femme, avec Angela Merkel chez les conservateurs. Les femmes occupent aussi des postes-clés à la tête de la gauche radicale, des écologistes et de l'extrême droite.

Andrea Nahles remplace Martin Schulz, porté à la tête du parti en mars 2017, avant de le conduire à sa plus cuisante défaite électorale le 24 septembre et d'être poussé sans ménagement vers la sortie en février par ses "camarades".

Il reviendra à Andrea Nahles de recoller les morceaux dans une formation très divisée, qui s'est embarquée à contre-cœur dans une troisième "grande coalition" avec la chancelière Angela Merkel. "Je crois que je peux" le faire, a-t-elle dit vendredi. Un sondage de la télévision publique ARD montre qu'une majorité des personnes interrogées pense le contraire.

"En tant que représentante de l'establishment, Andrea Nahles n'est pas forcément la mieux placée pour initier la nouvelle orientation" dont le SPD a besoin, a indiqué Matthias Micus, analyste de l'institut de recherche sur la démocratie de Göttingen. Elle appartient depuis deux décennies aux instances dirigeantes du parti, né il y a presque 155 ans.

Elle s'est battue pour le salaire minimum

Mais elle peut s'appuyer sur un solide réseau dans le parti, malgré sa réputation de "tueuse de rois" qui la poursuit en particulier depuis qu'elle a provoqué la chute d'un précédent président du SPD, Franz Müntefering, en 2005. Andrea Nahles a aussi fait ses preuves en tant que ministre du Travail dans le précédent gouvernement. 

À ce poste, elle s'est battue pour la mise en place d'un salaire minimum, une révolution en Allemagne. Elle a aussi imposé une nouvelle loi sur les retraites, dont une disposition très critiquée prévoit un départ dans certains cas dès 63 ans (au lieu de 67).

Elle est connue pour ne pas mâcher ses mots. Mon père "a atteint l'âge de 73 ans, avec les épaules, le dos et les genoux cassés. Et quand j'entends je ne sais quel cul de plomb de professeur parler de retraite à 70 ans, alors ça me met vraiment en rogne!" avait-elle fait savoir à des détracteurs de sa réforme. 

"J'ai un tempérament peut-être un peu volcanique", a-t-elle reconnu dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung. 

C.H.A. avec AFP