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Allemagne

L'islamophobie progresse en Allemagne

Manifestation du groupe Pegida contre les immigrés à Dresde, le 8 décembre 2014.

Manifestation du groupe Pegida contre les immigrés à Dresde, le 8 décembre 2014. - Arno Burgi - AFP

Selon une étude menée par la très sérieuse fondation Bertelsmann, une grande majorité d’Allemands estiment que l’islam est une menace.

De plus en plus d’Allemands portent un regard négatif sur l’islam. Selon une grande étude sociologique menée par la fondation Bertelsmann, la deuxième religion monothéiste du monde est perçue comme une menace par 57% des Allemands (53% en 2012). Ils sont encore plus nombreux (61%) à juger incompatibles les valeurs de l’Occident et celles de l’islam. Et quand on leur demande s’il faudrait interdire aux musulmans d’immigrer dans leur pays, un Allemand sur quatre répond par l’affirmative.

Menée l’an passé mais rendue publique ce jeudi 8 janvier, cette étude permet de mieux comprendre le rapide succès du mouvement Pegida (Européens contre l'islamisation de l'Occident) qui, depuis trois mois, appelle les citoyens allemands à se réunir régulièrement à Dresde (dans l’ancienne RDA) pour faire pression sur le gouvernement allemand. La dernière manifestation a réuni 18.000 personnes lundi.

Des musulmans très tolérants

Et ce jeudi, Pegida a suscité la colère du ministre allemand de l’Intérieur, Thierry de Maizière, en déclarant dans la foulée de la meurtrière fusillade à Charlie Hebdo que "les islamistes (…) ont montré (…) en France qu'ils n'étaient pas capables de démocratie mais, au lieu de cela, considéraient que la violence et la mort étaient la solution". "Les extrémistes islamistes et le terrorisme islamiste n'ont rien à voir avec l'islam", a répliqué Thierry de Maizière.

La fondation Bertelsmann a aussi sondé les musulmans qui vivent en Allemagne. Et ces derniers apportent un démenti aux craintes exacerbées par Pegida. 90% des plus religieux d’entre eux (l’étude distingue leurs réponses de celles des moins pratiquants) jugent la démocratie comme un bon mode de gouvernement. Et toujours parmi ces derniers, 40% jugent normal que deux personnes homosexuelles aient le droit de se marier.

Pierre KUPFERMAN