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Allemagne

Helmut Kohl, un artisan de la construction européenne

Helmut Kohl est mort ce 16 juin 2017.

Helmut Kohl est mort ce 16 juin 2017. - MARCEL MOCHET / AFP

L’ex-chancelier allemand est décédé ce 16 juin 2017 à l’âge de 87 ans. S'il a été un artisan de la réunification de l’Allemagne, il a également beaucoup oeuvré pour la construction européenne travaillant main dans la main avec François Mitterrand et Jacques Delors.

La photo est rentrée dans l'histoire. Celle de François Mitterrand, main dans la main avec Helmut Kohl. Symbole également de la construction européenne. Si l'ex-chancelier allemand à la très longue carrière a été un des artisans de la réunification de l'Allemagne, il restera aussi dans les mémoires comme l'une des personnalités importantes de la construction européenne.

Celui qui reste dans le cœur des Allemands comme le chancelier de la réunification est mort ce jeudi 16 juin à l’âge de 87 ans. Ce chrétien-démocrate, connu pour son franc-parler, laisse derrière lui un héritage majeur sur le plan politique et économique. La confiance que les Allemands lui ont accordée durant les quatre mandats exercés à la tête de son pays (1982-1998) lui a permis d’engager l’Union européenne dans la voie de l’intégration politique, économique et financière.

Pour un noyau dur fédéral

Dans une tribune publiée il y a 20 dans l’hebdomadaire La Vie, Jacques Delors expliquait que c’est une lettre commune de François Mitterrand et d’Helmut Kohl datant de 1990 qui avait initié le processus à l’issue duquel le traité de Maastricht allait être signé deux années plus tard.

À l’époque, le chancelier "répète sans cesse qu’il veut que son mandat de chancelier lui permette, après avoir réuni les Allemands, de contribuer à l’unité des Européens, dans le respect de leurs identités nationales et de leurs diversités culturelles". Et pour y parvenir, il a toujours invité ses concitoyens à préférer une Allemagne européenne à une Europe allemande.

En 1992, Helmut Kohl fait ainsi adopter, à l’unanimité, au congrès de son parti, une motion en faveur de la création d’une Constitution fédérale pour l’Europe. Son objectif: clarifier le rôle des États, de la Commission et du parlement européen et instituer un régime parlementaire.

Une foi européenne qu'il n'a pas transmis à Merkel

Deux ans plus tard, Helmut Kohl veut aller encore plus loin en proposant officiellement à la France de constituer un noyau dur au sein de l’Union européenne avec la Belgique et le Luxembourg, une sorte de petite Europe fédérale dotée de sa propre constitution. Mais cette demande en mariage restera lettre morte. François Mitterrand est au plus mal et son successeur, Jacques Chirac n’est pas un adepte de l’Europe fédérale.

Bien qu’il soit présenté comme le père spirituel d’Angela Merkel, Helmut Kohl n’aura pas réussi, non plus, à lui transmettre son inextinguible foi en l’Europe. En août 2011, il avait d’ailleurs sévèrement critiqué la politique étrangère allemande prenant juste soin de ne pas désigner de coupable direct. Il reprochait notamment le peu d’enthousiasme de son pays à soutenir les États membres de la zone euro, à commencer par la Grèce: "Nous n’avons pas le choix si nous voulons éviter de voir l’Europe se disloquer", dira-t-il à l'époque. 

Pierre Kupferman