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Covid-19: face à la dégradation brutale de la situation sanitaire, l'Allemagne resserre la vis

Le marché de Noël et la grande roue de l'Alexanderplatz à Berlin le 16 novembre 2021.

Le marché de Noël et la grande roue de l'Alexanderplatz à Berlin le 16 novembre 2021. - John MACDOUGALL

En Allemagne, la situation sanitaire se dégrade, au point de pousser les autorités à réagir. Le marché de Noël de Munich a été annulé et le gouvernement doit désormais se réunir jeudi avec les dirigeants des Länder pour discuter d'un plan de riposte national.

La quatrième vague de Covid-19 fait vivre à l'Allemagne des heures sombres. Outre-Rhin, la situation sanitaire se dégrade, au point de pousser les autorités à réagir. De nombreux marchés de Noël ont été annulés ces derniers jours dans le pays à cause de l'épidémie.

"La quatrième vague frappe notre pays de plein fouet. (...) Nous allons être confrontés à des semaines difficiles", a mis en garde samedi Angela Merkel, chargée d'expédier les affaires courantes avant de prendre sa retraite politique. Elle a qualifié la situation de "dramatique".

Ces dernières semaines, l'Allemagne affronte un rebond particulièrement intense des nouveaux cas de Covid-19, avec plus de 40.000 cas en moyenne sur les sept derniers jours. Lundi, le taux d'incidence national sur sept jours avait dépassé pour la première fois la barre symbolique des 300, un niveau trois fois plus élevé qu'il y a trois semaines. Un peu partout, la situation est critique. En Bavière, le taux d'incidence s'élève à 554,2, à 546,1 dans les Länder d'ex-RDA de Thuringe, à 759.3 en Saxe.

"La vague à venir va éclipser les vagues précédentes"

"La vague à venir va éclipser toutes les vagues précédentes", résume le Premier ministre du Land de Saxe, Michael Kretschmer.

Alors pour faire face à la hausse du nombre de cas, l'Allemagne vient de faire marche-arrière et de réinstaurer la gratuité des tests de dépistage du Covid-19. Désormais, n'importe qui a droit à un "test citoyen" gratuit au moins une fois par semaine, qu'il soit vacciné ou non.

La gravité de la situation a poussé mardi les autorités de Munich, capitale de Bavière, à annuler le traditionnel marché de Noël, une tradition très prisée en Allemagne, d'autant que ce marché attire 2 millions de visiteurs chaque année. Le maire Dieter Reiter a fait savoir qu'il ne voulait pas envoyer de "mauvais signal", alors que la situation sanitaire est jugée "catastrophique" dans les hôpitaux bavarois.

Dans les autres grandes villes du pays, les marchands attendent nerveusement les décisions qui pourraient sonner le glas de leurs espoirs. La ville de Nuremberg, elle, compte maintenir son marché de Noël mais elle l'organisera à quatre endroits différents afin d'éparpiller les rassemblements. À Leipzig, l'alcool sera interdit.

D'autres restrictions sur la table

Plusieurs parcs d'attraction prennent eux aussi des mesures drastiques, à l'instar d'Europa Park, qui a annoncé ce mercredi que seules les personnes vaccinées pourraient désormais se rendre dans le parc. Il ne sera donc plus suffisant de présenter un test PCR ou antigénique négatif, sauf pour les enfants de 8 à 17 ans non-scolarisés.

Les trois partis allemands qui vont succéder au pouvoir aux conservateurs d'Angela Merkel sont sur le point de conclure leur "contrat de coalition. Et à peine installés, ils vont déjà devoir trouver la parade à cette quatrième vague. Le gouvernement allemand et les dirigeants des 16 Etats-régions doivent se réunir jeudi pour discuter d'un plan de riposte national.

Pour l'instant, plusieurs options sont sur la table, y compris une obligation vaccinale pour les personnels soignants et de maisons de retraite, ou encore un retour massif au télétravail, sauf "raison professionnelle impérieuse" de venir au bureau.

Une obligation d'être vacciné, guéri ou testé pour prendre les transports en commun est également à l'étude, mais appliquer cette mesure pourrait toutefois s'avérer extrêmement complexe, a prévenu l'association des communes allemandes.

Un "quasi-confinement des non vaccinés"?

Ces derniers jours, un responsable du SPD a même évoqué la perspective d'un "quasi-confinement des non vaccinés", même s'il ne serait alors pas question de contrôler leurs déplacements.

Les régions frontalières de la Bavière et la Saxe sont en fait victimes de la dégradation de la situation sanitaire dans les pays limitrophes comme l'Autriche, qui a décidé lundi un confinement des non-vaccinés, la République tchèque, ou encore la Pologne. Autre élément d'explication: les régions d'ex-RDA sont des bastions de l'extrême droite, particulièrement rétive à la vaccination. La moitié des personnes non vaccinées auraient ainsi voté pour le parti extrémiste AfD aux élections du 26 septembre, selon un sondage Forsa.

Les causes de cette détérioration rapide de la situation sanitaire sont multiples. Le taux de vaccination complète (67,6%) reste éloigné de l'objectif de 75% fixé par le gouvernement Merkel. Environ 14 millions d'Allemands éligibles au vaccin n'auraient ainsi pas reçu d'injection. La Saxe là encore est la mauvaise élève du pays, avec une petite majorité de vaccinés (59,6%).

Jeanne Bulant avec AFP Journaliste BFMTV