BFMTV
Allemagne

Après Gröning, qui sont les derniers nazis poursuivis?

Oskar Grôning, ancien comptable d'Auschwitz, à l'ouverture de son procès le 21 avril 2015 à Lünebourg, en Allemagne.

Oskar Grôning, ancien comptable d'Auschwitz, à l'ouverture de son procès le 21 avril 2015 à Lünebourg, en Allemagne. - Ronny Hartmann - AFP

Le procès d'Oskar Gröning, ancien comptable d'Auschwitz, s'est ouvert ce mardi en Allemagne. Il pourrait ne pas être le dernier.

Le procès d'Oskar Gröning s'est ouvert mardi à Lünebourg, en Allemagne. L'ancien comptable du camp d'Auschwitz, âgé de 93 ans, fait partie des derniers accusés de complicité de meurtre de masse sous le IIIe Reich. "A Lünebourg, outre l'accusé, on juge aussi l'inactivité de la justice allemande", estime la Süddeutsche Zeitung. "Il n'est jamais trop tard pour envoyer ces gens devant la justice", répond dans le quotidien allemand Hedy Bohm, une survivante d'Auschwitz témoin au procès.

Et pourtant, l'âge avancé des anciens nazis a parfois rendu compliquée leur traduction devant la justice. Certains sont morts avant d'avoir été jugés: ce fut le cas de Johann Breyer, soupçonné d'avoir été gardien d'Auschwitz, mort en juillet 2014 avant d'avoir été extradé vers l'Allemagne pour y être traduit en justice. Le Hongrois Laszlo Csataro, le plus recherché au monde en 2013, est mort cette même année à 98 ans, quelques semaines avant le début de son procès. Il avait vécu pendant des années entre le Canada et l'Allemagne, sans y être inquiété. 

29 autres dossiers d'anciens gardes d'Auschwitz

Ces dernières années pourtant, malgré les difficultés causées par certains pays, la traque s'est intensifiée et des jugements ont pu être menés à leur terme, rappelle l'historien Fabrice d'Almeida dans le Huffpost. En mai 2011, l'ancien gardien du camp de Sobibor, John Demjanjuk, a été condamné malgré l'absence de preuves à cinq ans de prison pour complicité dans l'extermination de plus de 27.000 juifs. Il est mort quelques mois plus tard, mais sa condamnation a relancé une cinquantaine de procédures contre des gardiens qui n'avaient jamais été inquiétés par les tribunaux allemands. L'ancien SS Erich Priebke a lui été condamné à la prison à vie en 1998 par une cour d'appel italienne pour avoir coordonné le massacre de 335 Italiens en 1944. Il est mort en détention en 2013. 

Oskar Gröning, lui, est toujours en vie. Après lui, d'autres anciens nazis pourraient être encore poursuivis. Vingt-neuf autres dossiers d'anciens gardes d'Auschwitz sont dans les mains de l'Office allemand chargé des crimes nazis. Certains d'entre eux sont même encore recherchés. Le Centre Simon-Wiesenthal s'est donné pour mission de les traquer sans relâche. Basée à Los Angeles, cette ONG publie chaque année la liste des derniers nazis en fuite. 

La traque pourrait encore durer 30 ans

Premier sur la liste de 2014: Gerhard Sommer. Cet ancien sous-lieutenant SS âgé de 94 ans est impliqué dans le massacre de 560 civils dans le village italien de Sant'Anna di Stazzema. Il a été condamné par contumace à la prison à vie par la justice italienne. Aujourd'hui pensionnaire d'une maison de retraite proche de Hambourg, il fait l'objet d'une enquête en Allemagne depuis 2002, mais aucune charge criminelle n'a été retenue contre lui, là encore faute de preuves. Vladimir Katriuk, Ivan Kalymon, Soeren Kam, Algimantas Dailide, Theodor Szehinskyj et Helmut Oberlander figurent après lui sur la liste du Centre. Tous vivent entre l'Allemagne, les Etats-Unis et le Canada.

La traque pourrait encore se poursuivre longtemps. Après l'arrestation d'Erich Priebke en 2013, le fondateur du Centre Simon-Wiesenthal, Rabbi Marvin Hier, estimait dans une interview au New York Magazine que des centaines de nazis expatriés vivaient aux Etats-Unis. De son côté, le Washington Post rappelait en septembre dernier que de nombreux soldats allemands avaient à peine 18 ans lorsqu'ils ont été enrôlés. En se basant sur la moyenne d'âge des plus jeunes nazis de l'époque, le quotidien américain en conclut que certains anciens nazis pourraient encore être en vie. Et qu'ils pourraient même vivre, pour certains, jusqu'en 2043.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV