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Allemagne: l’AFD, ce parti anti-euro qui fait déjà parler de lui

Bernd Lucke, le fondateur d'AFD, a fondé ce petit parti en avril dernier.

Bernd Lucke, le fondateur d'AFD, a fondé ce petit parti en avril dernier. - -

Créé il y a six mois, ce petit parti a bien failli entrer au Parlement allemand dimanche. Et attire déjà l’attention en France.

Vous ne le connaissez pas encore, mais il pourrait vite refaire parler de lui: l’AFD, pour Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne), a failli faire sensation dimanche, lors des élections législatives allemandes. Avec un score de 4,7%, il a presque atteint les 5% nécessaires pour faire son entrée au Parlement, et perturber le triomphe d’Angela Merkel. Mais Parlement ou pas, pour ses dirigeants, le succès est déjà là. Dimanche soir, au QG du parti, l’ambiance était à la fête.

Créé au printemps par un professeur d’économie quinquagénaire, ce parti surfe sur l’hostilité de nombreux Allemands vis-à-vis des plans de sauvetage européens accordés aux pays du Sud, notamment la Grèce. Son programme? Sortir de l’euro et retrouver le Deutsche Mark, l’ancienne monnaie allemande. Certains sympathisants prônent même une union monétaire plus restreinte entre pays du Nord, qui excluerait ceux du Sud. Un discours qui marche, à l’heure où de nombreux Allemands estiment qu’ils n’ont pas à payer les problèmes des pays du Sud.

La politique étrangère vue par l’AFD se réclame de Bismarck, rappelle le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Elle signifie donc la fin de l’axe franco-allemand, pour le remplacer par un axe franco-russe. La France deviendrait alors un pays méditerranéen comme un autre, au contraire de la Russie qui "mérite un soin tout particulier", de par "sa place positive" dans l’histoire allemande.

Près de 10.000 membres

Quant à sa politique intérieure, elle reprend les thèmes conservateurs classiques: la famille, et l’immigration par exemple. Ces dernières semaines, le discours de l’AFD s’était même radicalisé: les étrangers qui vivent de l’aide sociale avaient ainsi été qualifiés de "lie de la société" par le fondateur Bernd Lucke. Un discours vivement critiqué, notamment par les Verts qui y ont vu des éléments de discours du NPD, le parti d’extrême droite allemand, proche du milieu néonazi.

Le parti a en tout cas du succès: à peine un mois après sa création, il revendiquait déjà 7.500 membres. Aujourd’hui, ils seraient plus de 10.000. La majorité de ses électeurs viennent du parti libéral FDP, qui a fait dimanche son plus mauvais score depuis 1949. Viennent ensuite des sympathisants die Linke et de la CDU.

Un succès fortement observé à l'étranger, notamment en France. Lundi, Marine Le Pen a déclaré être "impressionnée" par la percée d’AFD. "C’est très intéressant, parce que ça montre que les choses changent". "Ce qui change", a déclaré Marine Le Pen, "c'est la conscience dans beaucoup de pays européens que l'Union européenne est devenue une Union soviétique européenne, que l'euro, monnaie unique, est un obstacle à notre prospérité".

Ariane Kujawski