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Allemagne: Angela Merkel pourrait rester chancelière plus longtemps que prévu

"Nous donnons à chacun sa chance, mais bien sûr sans être naïf", a déclaré Angela Merkel, chancelière allemande.

"Nous donnons à chacun sa chance, mais bien sûr sans être naïf", a déclaré Angela Merkel, chancelière allemande. - John MacDougall - AFP

La successeure désigné d'Angela Merka, Annegret Kramp-Karrenbauer, n'en finit plus de chuter dans les sondages tandis que le parti a connu son pire résultat lors des élections européennes.

Dauphine pressentie d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, n'a plus les faveurs de la chancelière allemande. Selon Bloomberg, la cheffe du gouvernement allemand depuis 2005 estime que sa remplaçante à la tête de la CDU depuis décembre n'est pas prête pour lui succéder.

Depuis plusieurs mois, AKK glisse dans les sondages, minée par les polémiques. En mars, une remarque sur les intersexuels a notamment provoqué de vives réactions. Plus récemment, elle s'est attiré les foudres de la presse et de nombreux Youtubeurs après avoir qualifié de "manipulation électorale" l'appel de vidéos à voter contre la coalition au nom du climat.

Jusqu'en 2021

Résultat, au mois de mai, Annegret Kramp-Karrenbauer a perdu trois points de popularité. Elle a obtenu son score le plus bas depuis sa prise de fonction (36%), vingt points derrière la chancelière. Surtout, AKK a enregistré le pire score de la CDU aux élections européennes avec 28% des voix, même si elle assurait avoir atteint son objectif en arrivant en tête dimanche soir.

Face à cette situation, Angela Merkel a décidé de ne plus apporter aucun soutien politique à son ancienne protégée. Et la chancelière compte bien s'accrocher à son mandat jusqu'à la fin en 2021, malgré les pressions pour la faire partir. AKK a convoqué au début du mois de juin une réunion de son parti, officiellement pour analyser les pertes subies lors des dernières élections. Mais selon plusieurs responsables, il s'agit de faire pression sur Angela Merkel pour démissionner. 

Merkel disponible pour "aucun poste politique" en Europe

Avant même les résultats des élections, Annegret Kramp-Karrenbauer avait dessiné un plan pour tenter d'écarter la chancelière du pouvoir, selon Blommberg. Face aux résultats médiocres, elle comptait pousser Angela Merkel à se présenter à la présidence du Conseil européen pour résoudre la crise européenne. Les sociaux-démocrates pro-européens, partenaire de la coalition au pouvoir, auraient alors été obligés de soutenir AKK au risque de passer pour ceux qui bloquent une solution à la crise profonde de l'Europe. 

"Je ne suis pas disponible pour aucun poste politique, où que ce soit et cela comprend l'Europe", avait tout de suite prévenu Angela Merkel devant des journalistes à Berlin.

Des élections décisives en septembre

Accrochée à son siège, la chancelière s'attend à subir de plus en plus de pression de la part d'AKK et de ses soutiens à mesure que son ancienne protégée fera face à des difficultés politiques, selon des responsables. Annegret Kramp-Karrenbauer craint de ne plus avoir le poids politique nécessaire en 2021 pour récupérer le poste de chancelière. 

Sans les clés du parti, Angela Merkel aura également fort à faire en septembre pour tenter de remporter les élections. Trois scrutins régionaux sont prévus en ex-Allemagne de l'Est, des bastions de l'AfD, parti d'extrême-droite arrivé deuxième dimanche, où ce parti espère enregistrer des succès susceptibles de contraindre la chancelière au départ avant la fin de son mandat en 2021.

Benjamin Rieth