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Allemagne

Agressions sexuelles: que s'est-il passé à Cologne le soir du Nouvel An?

90 femmes ont déposé plainte depuis vendredi dernier après avoir été agressées sexuellement le soir de la Saint-Sylvestre, aux abords de la gare centrale de la ville, par des hommes, ivres, "essentiellement d'origine arabe et nord-africaine", selon le chef de la police locale.

Il s'agit d'une affaire qui pourrait conforter les opposants à l'accueil de migrants en Allemagne. La nuit du réveillon de la Saint-Sylvestre a été marquée par une série d'agressions à l'encontre de femmes aux abords de la gare centrale de Cologne, à l'ouest de l'Allemagne.

Depuis vendredi dernier, 90 d'entre elles ont porté plainte pour des faits allant du harcèlement à au moins un viol. D'autres pourraient suivre, croit savoir le chef de la police locale. Selon Wolfgang Albers, les policiers intervenus ce soir-là font état "dans leur très large majorité de jeunes hommes, âgés de 18 à 35 ans, apparemment d'origine arabe ou nord-africaine", un constat corroboré par les descriptions des victimes. Une dizaine de plaintes de ce type a également été recueillie à Hambourg, au nord du pays.

"Nous prenant l'entre-jambe"

Les agressions se sont déroulées aux abords de la gare centrale et de la cathédrale de Cologne en ce soir de réveillon. Des groupes de 20 à 30 jeunes hommes ivres s'en sont alors pris à des femmes présentes pour célébrer l'arrivée de la nouvelle année. "Nous nous apprêtions à partir et c'est là qu'un groupe d'une dizaine, vingtaine, trentaine de jeunes hommes étrangers s'en est pris à nous", a raconté une victime sur le plateau de la chaîne d'information en continu N-TV.

"Ils se sont mis à nous agresser, nous prenant l'entre-jambe, touchant nos décolletés, sous les manteaux", a-t-elle expliqué, ajoutant que "seules les femmes" étaient visées.

Pour l'heure, la police n'a fait état d'aucune arrestation spécifiquement liée aux incidents. Un renforcement des effectifs des forces de l'ordre ainsi que de la vidéo-surveillance a été annoncé par le président de la police de Cologne qui se prépare à accueillir du 4 au 10 février des centaines de milliers de fêtards pour le carnaval, l'événement emblématique de cette ville.

Des critiques au sein même du gouvernement

Immédiatement, les opposants à l'accueil des migrants se sont emparés pour critiquer la politique d'Angela Merkel, alors que l'Allemagne avait accueilli depuis début 2015 964.000 réfugiés. Après ces incidents, "est-ce que l'Allemagne est suffisamment ouverte sur le monde et multicolore pour vous, Madame Merkel ?" lançait, provocatrice, Frauke Petry, la patronne du parti populiste Alternative für Deutschland (AfD) qui progresse dans les sondages.

Au sein même de la coalition gouvernementale, les conservateurs bavarois de la CSU, qui tempêtent depuis des mois contre la politique favorable aux réfugiés de la chancelière, trouvaient aussi matière à alimenter leurs griefs. "Si des demandeurs d'asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions, il s'agit d'une éclatante trahison des valeurs de l'hospitalité et cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne", a lancé Andreas Scheuer, secrétaire général du parti, au quotidien local "Rheinischer Post".

Mardi en début de soirée, entre 2 et 300 personnes, selon la police, se sont symboliquement rassemblées devant la cathédrale de Cologne pour appeler à plus de respect envers les femmes. "Madame Merkel, que faites-vous ? Ca fait peur", s'interrogeait notamment sur une pancarte une des manifestantes.

Eviter toute stigmatisation

De son côté, la chancelière Angela Merkel a téléphoné dans l'après-midi à la maire de Cologne, Henriette Reker, et lui a fait part de "son indignation face à ces actes de violence insupportables et à ces agressions sexuelles". Les autorités, sans vouloir minimiser l'importance de ces événements "intolérables", selon l'expression de la maire de Cologne, ont cherché à éviter toute stigmatisation.

"Nous n'avons aucun indice montrant qu'il puisse s'agir de réfugiés séjournant à Cologne" ou dans les environs, a insisté Henriette Reker, jugeant ce rapprochement "inadmissible" à la suite d'une réunion de crise dans la mairie. Le ministre de la Justice a lui aussi mis en garde contre toute "instrumentalisation" de ces agressions.

J.C. avec AFP