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Et si Shekau, le chef du groupe Boko Haram, était vraiment mort cette fois?

Abubakar Shekau dans une vidéo de propagande de Boko Haram en 2014.

Abubakar Shekau dans une vidéo de propagande de Boko Haram en 2014. - HO - BOKO HARAM - AFP

Il était apparu affaibli dans une vidéo en mars. Le bruit de sa mort s'est déjà répandu à plusieurs reprises. Mais il semble que cette fois-ci Abubakar Shekau, chef du groupe islamiste meurtrier Boko Haram lié à l'EI, est bien mort. En tout cas, Daech lui a trouvé un remplaçant.

Et si cette fois-ci Abubakar Shekau, patron de Boko Haram, groupe djihadiste affilié à l’Etat islamique, était bel et bien mort? Le bruit de sa mort court régulièrement et ce depuis de longs mois. En mars dernier, lors d’une dernière apparition dans une vidéo posté sur Youtube, le sanguinaire et illuminé chef de guerre relançait les interrogations en annonçant: "Pour moi, la fin est venue." A présent, l’interview d’un djihadiste nommé Abou Mosab Al Barnaoui, présenté comme "chef" de Boko Haram, dans Al Nabaa, hebdomadaire de l’EI, semble l’enterrer définitivement.

Une succession annoncée, ou presque

Publié le 2 août, le journal de propagande écrit ainsi: "Dans son premier entretien avec le journal Al Nabaa après sa désignation comme Wali (chef) sur l’Afrique de l’Ouest, cheikh Abou Mosab Al Barnaoui parle de l’histoire du jihad dans cette région". L’entretien ne donne pas de précision sur le sort de Shekau.

Abou Mosab Al Barnaoui n’est pas un inconnu dans la galaxie islamiste africaine. Depuis 2015, il est régulièrement apparu dans les vidéos de Boko Haram ce qui lui a conféré un statut similaire à celui de porte-parole de l’organisation.

Shekau, mort...ou écarté?

Certains observateurs doutent cependant de la mort de Shekau et penchent plutôt pour la disgrâce de ce personnage embarrassant auprès de l’EI. Sous couvert d’anonymat, un expert nigérian assure ainsi que Shekau est vivant mais que Daech a voulu se détacher de ce guerrier imprévisible. Yan Saint-Pierre, spécialiste du djihadisme pour le Modern Security Consulting Group explique ainsi que sous la conduite de Shekau "Boko Haram a perdu son prestige et est devenu difficile à contrôler. Aujourd'hui, Boko Haram est divisé en plusieurs petits groupes."

S’il s’agissait effectivement d’une mesure de rétorsion d’un EI soucieux de la discipline dans ses rangs et d’assurer son autorité sur un Boko Haram rallié de fraîche date, ce ne serait pas le premier changement imposé par le "Califat" au le groupe africain. Après que Shekau a prêté allégeance à l’EI en mars 2015, Boko Haram a dû prendre un autre nom: Jama’at Ahl al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (en arabe, la Province ouest africaine de l'organisation de l’État islamique).

Un nouveau label qui ne suffira pas à cette milice pour se refaire une virginité. Depuis 2009 et l’arrivée à sa tête d’Abubakar Shekau, la guerre ouverte par Boko Haram a fait 20.000 morts et provoqué l’exode de 2.6 millions de personnes au sud du lac Tchad.

R.V