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Espagne: des prêtres pédophiles présumés bénéficient d'une  prescription

Le 23 novembre 2014, Francisco Javier Martinez (à gauche sur la photo) demandait pardon "pour toutes les fautes" sexuelles qu'il a commises.

Le 23 novembre 2014, Francisco Javier Martinez (à gauche sur la photo) demandait pardon "pour toutes les fautes" sexuelles qu'il a commises. - AFP

En novembre dernier, un Espagnol de 24 ans avait révélé avoir subi à l'adolescence des viols et sévices sexuels par des membres de sa paroisse à Grenade. Une procédure judiciaire a été engagée et le jugement a été rendu ce lundi. Onze des douze inculpés espagnols ne seront pas poursuivis en raison de la prescription des faits.

C'est le pape François lui-même qui avait encouragé le jeune homme à porter plainte. En novembre dernier, un Espagnol âgé de 24 ans, membre du groupe religieux Opus Dei, avait envoyé une lettre au pape François pour dénoncer des viols commis sur sa personne par le prêtre de sa paroisse, et encouragés par plusieurs complices. Il n'avait que 14 ans lorsque les sévices sexuels ont débuté.

Pendant plus de trois ans, le jeune homme aurait été abusé dans une villa à Grenade, dans le sud de l'Espagne, alors qu'il était enfant de chœur. Cette révélation avait choqué le pape François. "C'est une très grande douleur, mais la vérité est la vérité et nous ne devons pas la cacher", avait déclaré le souverain pontife, qui s'était entretenu avec le jeune homme au téléphone, et avait lui-même demandé à un évêque de lancer une enquête.

Depuis, les pédophiles et complices présumés ont été mis en examen dans cette affaire et au moins une autre victime, aujourd'hui âgée de 44 ans, a évoqué une tentative d'agression. L'ordonnance rendue par le juge a indiqué qu'il fréquentait cette paroisse depuis l'âge de sept ans, et qu'il était manipulé par le curé qui le culpabilisait lorsqu'il tentait de refuser ses avances. Au moins deux autres membres du groupe, amateurs de parties fines et de films pornographiques, l'auraient aussi touché. Les autres personnes concernées étaient au courant des activités du curé et reprochaient au garçon son "manque d'enthousiasme" à ce sujet.

"lls devraient avoir honte"

Sur les 12 personnes mises en cause, seul le prêtre Francisco Javier Martinez devrait être poursuivi. Le délai de prescription pour ses actes, plus graves que ceux des complices, est de 10 ans. La plainte déposée six ans après la majorité du jeune homme est donc recevable, avait précisé le 26 janvier le juge Antonio Moreno Marin, chargé de l'affaire. Le religieux pourrait être condamné à une peine de quatre à dix ans de prison.

En revanche, ce n'est pas le cas de ses onze complices. Le magistrat de Grenade a estimé ce lundi qu'il y avait prescription sur les "délits d'abus sexuels sans pénétration, d'exhibitionnisme, et dissimulation de preuves" qui concernent neuf prêtres et deux laïcs. Une décision qui a révolté l'association de protection de l'enfance Prodeni, partie civile dans l'affaire. Le groupe veut faire appel de cette décision. Son président, Juan Pedro Oliver Gimenez, prévoit d'''utiliser tous les recours possibles".

L'association de victimes d'abus sexuels de prêtres SNAP a réagi au jugement: "Nous soupçonnons fortement que les inculpés ont exploité avec succès des points de procédure pour échapper à la justice. Si c'est le cas, ils devraient avoir honte", a écrit SNAP. Avec 12 personnes impliquées, il s'agit de la plus grave affaire de pédophilie dans l'histoire de l'Eglise espagnole.

Johanne-Eva Desvages