BFMTV
International

Envisageant la mairie de Barcelone, Valls détaille son pedigree catalan et s'en prend aux indépendantistes

Manuel Valls le 15 décembre 2016 à la Rochelle.

Manuel Valls le 15 décembre 2016 à la Rochelle. - - Xavier Leoty - AFP

La presse espagnole publie ce lundi la préface que Manuel Valls a écrite pour un livre revenant sur la crise indépendantiste en Catalogne. Alors qu'il réfléchit à une candidature unioniste à la mairie de Barcelone, le député français et ex-Premier ministre s'emporte contre les séparatistes.

On ne sait pas encore si, en 2019, Manuel Valls, député La République en marche élu dans l'Essonne et ex-Premier ministre, endossera une candidature unioniste pour la mairie de Barcelone, où il est né en 1962. Mais, visiblement, ses yeux lorgnent déjà au-delà de la ligne des Pyrénées. Il vient ainsi de signer la préface d'un livre intitulé Anatomia del procés, qui sort ce jeudi en Espagne, comme l'a relevé El Pais

Kaléidoscope 

La plume trempée dans la langue espagnole, il commence par détailler le CV catalan de sa famille. Né à Barcelone en 1962, dans le berceau des Valls dans le quartier de Horta, de parents déjà exilés en France, Manuel Valls assure que la langue catalane a toujours été l'idiome du foyer, devenant "commune" même à sa mère, pourtant Italo-suisse. Il raconte que son grand-père Magi Valls a failli aller en prison sous le régime dictatorial qui a suivi la guerre civile car soupçonné de sympathies indépendantistes. Son père, Xavier Valls, a quant à lui choisi de "fuir la tombe franquiste", selon les mots employés par son fils dans ce texte. 

Pour autant, avance l'ancien chef du gouvernement français, les liens n'ont pas été rompus entre les exilés et leurs racines. Manuel Valls évoque ainsi "les longs séjours d'été à Horta" et son goût pour le F.C. Barcelone: "La passion du club ne m'a jamais quitté, et pas seulement parce que Manuel Valls Gorina (NDLR: un cousin de son père) en avait composé l'hymne". 

Il parle également de ses "promenades sur les Ramblas avec (son) grand-père". Puis, son propos devient plus politique. Liant son parcours personnel à l'histoire de la ville qu'il espère, officieusement, conquérir, il écrit:

"Je me suis toujours senti fier d'être né à Barcelone, d'être Catalan, Espagnol, Français et Européen. Ce kaléidoscope est le même que celui que j'ai trouvé dans la banlieue parisienne, mais c'est avant tout pour moi la meilleure définition de Barcelone, ville ouverte, généreuse, méditerranéenne, espagnole, européenne. Une ville-monde". 

Une attaque contre les indépendantistes 

Comme il fallait s'y attendre, il décoche ensuite ses traits contre les indépendantistes catalans. Estimant que la province du nord-est est rattachée au reste du pays par une "histoire et une communauté affective et culturelle", il lance:

"Les séparatistes veulent s'en détourner. Ils veulent extirper non seulement sa part espagnole mais aussi européenne. Cette fuite en avant n’obéit pas à un projet positif, mais plutôt à un plan d’éradication."

Il développe ensuite son attaque, prétendant que l'indépendantisme "aspire à forger un 'nous' contre un 'eux' coupant tous les liens hispaniques de la société et lui volant sa véritable histoire. Il ne s'agit pas de promouvoir le catalan, ce qui a déjà été fait avec succès il y a longtemps, mais de réduire la langue catalane au silence. Il ne s'agit pas d'encourager l'expression des traditions locales, mais de proscrire les usages et coutumes hispaniques pour les considérer comme étrangères au genre catalan, quand ce n'est pas à son génome. Il prétend purifier la mémoire collective en expulsant l'héritage espagnol, assimilé à un archaïsme et au franquisme". 

Il conclue plus tard sur une profession de foi aux airs de slogan électoral: "Je suis optimiste, parce que je crois en la capacité de la Catalogne et de l'Espagne à continuer à construire un destin commun". 

Robin Verner