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Enthousiasme et méfiance se mêlent place Tahrir au Caire

Des femmes nettoient le sol de la place Tahrir du Caire, occupée pendant 18 jours par les manifestants qui ont eu raison du président égyptien Hosni Moubarak. Mais beaucoup n'entendent pas quitter ce lieu symbolique de la révolte avant d'avoir obtenu des

Des femmes nettoient le sol de la place Tahrir du Caire, occupée pendant 18 jours par les manifestants qui ont eu raison du président égyptien Hosni Moubarak. Mais beaucoup n'entendent pas quitter ce lieu symbolique de la révolte avant d'avoir obtenu des - -

par Dina Zayed LE CAIRE (Reuters) - De nombreux Egyptiens ont continué d'affluer samedi sur la place Tahrir au Caire pour nettoyer le lieu...

par Dina Zayed

LE CAIRE (Reuters) - De nombreux Egyptiens ont continué d'affluer samedi sur la place Tahrir au Caire pour nettoyer le lieu emblématique de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak, tandis que d'autres refusent de partir tant que l'armée au pouvoir n'aura pas donné tous les gages.

Certains, munis de balais ou de brosses, lavent le sol sous le regard de ceux qui démontent leurs tentes, tout sourire et discutant de la nouvelle situation politique du pays.

Des Cairotes qui n'ont pas participé aux manifestations, accourent sur la place pour témoigner de leur sympathie à leurs "frères et soeurs" qui ont tenu bon lors des 18 journées révolutionnaires qui ont eu raison de Hosni Moubarak, resté au pouvoir pendant trente ans.

"Je n'ai pas participé aux manifestations mais la joie de la libération est si contagieuse. Laver les rues est bien la moindre des choses que je puisse faire pour aider ceux qui ont sauvé l'Egypte", s'enthousiasme Dina Sayyed, une ingénieur âgée de 30 ans, qui balaie les détritus de la place.

"Le pays est à nouveau à nous. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression que la rue est à moi et qu'en compagnie de tous mes compatriotes, nous allons remettre la nation sur le droit chemin", ajoute-t-elle.

Au son de chansons nationales crachées par des haut-parleurs, des enfants, des femmes et des hommes nettoient la place. Sur leur dos, ils ont accroché l'inscription "fier de laver l'Egypte". Ils n'hésitent pas à entonner des hymnes révolutionnaires des années 1960, écrits par le populaire compositeur Cheikh Imam, fredonnant le couplet "La rue est à nous, c'est notre droit".

Le slogan "Hier j'étais un manifestant. Aujourd'hui je construis l'Egypte" fleurit également sur quelques tee-shirts.

MEFIANCE

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme et attendent de voir si le conseil suprême des forces armées, qui détient aujourd'hui les rênes de l'Egypte, va bien respecter sa promesse de transférer le pouvoir aux civils et organiser des élections libres.

"Nous ne partirons pas parce que nous voulons être sûrs que ce pays va aller dans la bonne direction. Nous ne laisserons pas les forces armées confisquer le succès de notre révolution", observe Ahmed Saber, chômeur de 27 ans.

"Nous allons rendre la place Tahrir et l'Egypte meilleures qu'elles ne l'étaient. Mais nous n'allons pas partir comme cela, nous voulons avoir des garanties", prévient Ali el Beblaoui, étudiant de 17 ans.

Un sentiment partagé par de nombreux manifestants qui refusent de démonter leurs tentes installées place Tahrir.

"L'armée est avec nous mais elle doit répondre à nos aspirations. Maintenant, nous connaissons la place, dès qu'il y aura une injustice, nous y reviendrons", jure Ghada Elmasalamy, 43 ans, pharmacienne.

Dans un pays où 40% de la population vit avec deux dollars ou moins par jour, les habitants ne peuvent se permettre d'arrêter de travailler trop longtemps.

"Ce n'est que le début de la révolution, elle n'est pas encore terminée. Mais je dois retourner au boulot", reconnaît Mohamed Saed, 30 ans, en terminant de plier sa tente.

Benjamin Massot pour le service français