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En visite au Royaume-Uni, Benoît XVI évoque la pédophilie

Accueilli par la reine Elizabeth II à son arrivée en Ecosse, le pape Benoît XVI a regretté jeudi le manque de vigilance de l'Eglise catholique pendant des décennies en matière de pédophilie, l'un des principaux sujets pesant sur sa visite d'Etat au Royaum

Accueilli par la reine Elizabeth II à son arrivée en Ecosse, le pape Benoît XVI a regretté jeudi le manque de vigilance de l'Eglise catholique pendant des décennies en matière de pédophilie, l'un des principaux sujets pesant sur sa visite d'Etat au Royaum - -

par Philip Pullella et Avril Ormsby EDIMBOURG, Ecosse (Reuters) - Le pape Benoît XVI a regretté jeudi le manque de vigilance de l'Eglise catholique...

par Philip Pullella et Avril Ormsby

EDIMBOURG, Ecosse (Reuters) - Le pape Benoît XVI a regretté jeudi le manque de vigilance de l'Eglise catholique pendant des décennies en matière de pédophilie, l'un des principaux sujets pesant sur sa visite d'Etat au Royaume-Uni.

Le souverain pontife a été accueilli par la reine Elizabeth II à son arrivée en Ecosse, première étape de cette visite de quatre jours, au son d'une parade jouée par la fanfare du régiment royal d'Ecosse.

Il a traversé Edimbourg dans sa "papamobile" et devait célébrer une messe en plein air dans l'après-midi à Glasgow.

Dans l'avion qui l'amenait à Edimbourg, il s'est dit choqué par la "perversion" de la prêtrise que constitue la pédophilie.

Il avait rarement évoqué en des termes aussi forts la multiplication des scandales de pédophilie qui secouent l'Eglise catholique à travers le monde.

"Ces révélations m'ont causé un choc, une grande tristesse. Il est difficile de comprendre comment cette perversion de la prêtrise a pu être possible", a-t-il déclaré aux journalistes l'accompagnant dans son avion.

"C'est aussi un motif de grande tristesse que la hiérarchie de l'Eglise n'ait pas été suffisamment vigilante et qu'elle n'ait pas pris les mesures nécessaires de manière suffisamment rapide et déterminée", a-t-il ajouté.

Cette visite pontificale a aussi été assombrie par les propos du cardinal Walter Kasper, l'un des principaux collaborateurs du pape, qui a comparé l'Angleterre à un pays du Tiers Monde la veille de l'arrivée de Benoît XVI.

HÉRITAGE COMMUN

Le Vatican a tenté de minimiser ces déclarations du cardinal allemand, qui a récemment démissionné de la direction de la Congrégation pour l'unité chrétienne, organe chargé notamment de superviser le dialogue avec l'Eglise anglicane. Walter Kasper devait accompagner le pape au Royaume-Uni mais il a annulé son déplacement pour raisons de santé, selon le Vatican.

Benoît XVI se rend en Ecosse et en Angleterre dans un contexte déjà tendu avec l'Eglise anglicane depuis sa décision en octobre de faciliter la conversion d'anglicans mécontents des décisions prises par leur Eglise, notamment sur l'ordination des femmes et des évêques homosexuels.

Dans son avion, le pape a rétorqué que la mission de l'Eglise catholique n'était pas de changer au gré des époques "pour tenter d'être plus séduisante" mais de rester fidèle à ce qu'elle considère comme des vérités fondamentales.

Après un entretien avec Benoît XVI dans sa résidence officielle en Ecosse, Elisabeth II a évoqué l'héritage chrétien commun partagé par les anglicans et les catholiques. La reine a aussi insisté sur leur croyance partagée selon laquelle la religion ne devrait justifier aucune violence.

"Par expérience, nous savons qu'un dialogue sincère peut permettre de surmonter des méfiances anciennes et de renforcer la confiance mutuelle", a-t-elle dit dans son discours de bienvenue.

Benoît XVI a assuré que les manifestations hostiles prévues au cours de sa visite ne l'inquiétaient pas. Il s'est dit certain que les Britanniques manifesteraient leur sens du "respect et de la tolérance".

Environ 150 personnes se sont rassemblées jeudi le long du parcours emprunté par le convoi pontifical. Elles ont agité des drapeaux arc-en-ciel, couleurs des rassemblements homosexuels, et ont scandé des slogans via un mégaphone.

Sur leurs banderoles, on pouvait lire notamment "L'opposition du pape au préservatif tue des gens" ou "Arrêtez de protéger des prêtres pédophiles".

La police estime qu'un tiers des places prévues pour la messe en plein air de jeudi après-midi resteront vides.

Cette visite de Benoît XVI contraste avec le succès rencontré en 1982 par son prédécesseur Jean Paul II, seul pape jusqu'à présent à s'être rendu au Royaume-Uni pour une simple visite pastorale.

Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet