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En Ukraine, échange massif de prisonniers entre Kiev et séparatistes

Prisonniers ukrainiens échangés patientant dans un avion le 29 décembre 2019 à Kharkiv, en Ukraine

Prisonniers ukrainiens échangés patientant dans un avion le 29 décembre 2019 à Kharkiv, en Ukraine - HO - Ukrainian Presidential Press Service - AFP

L'échangé a duré environ cinq heures sur un terrain bouclé par des militaires, il "risquait d'échouer à chaque seconde", a déclaré le président ukrainien.

Kiev et les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine ont échangé dimanche environ 200 prisonniers, une opération contestée par certains qui marque néanmoins une désescalade avec Moscou dans ce conflit armé, le dernier encore actif en Europe. 

"C'est très bien, je suis heureux", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait voulu cet échange, le premier du genre depuis 2017, avant le Nouvel an, et a accueilli ses compatriotes sur le tarmac de l'aéroport de Kiev. L'échange "risquait d'échouer à chaque seconde", a-t-il ajouté, en reconnaissant que nombre d'Ukrainiens restent toujours emprisonnés en Russie et en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par Moscou.

76 ukrainiens contre 124 pro-russes

À côté de lui, une foule de proches a accueilli à la sortie de l'avion, fleurs et ballons à la main, les 76 arrivants: douze militaires, qui avaient enfilé des uniformes pendant le vol, et 64 civils. Beaucoup sanglotaient ou pleuraient en se serrant dans les bras. Parmi les personnes libérées figuraient deux pigistes du service ukrainien de la radio américaine RFE/RL, Stanislav Aseïev et Oleg Galaziouk, détenus depuis deux ans.

Les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk ont affirmé pour leur part aux agences russes avoir récupéré un total de 124 personnes, parmi lesquels des Russes et un Brésilien ayant combattu dans les rangs rebelles. Certains prisonniers libérés, une vingtaine au total, ont choisi de rester en territoires où ils étaient détenus, notamment pour des raisons familiales, selon Kiev.

Lancé en fin de matinée, l'échangé a duré environ cinq heures sur un terrain bouclé par des militaires aux abords du point de contrôle de Maïorské, près de la ligne de front, où ont défilé des cars transportant les prisonniers, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le président russe Vladimir Poutine et le chancelière allemande Angela Merkel ont salué un événement "positif", selon le Kremlin. Dans une déclaration commune, Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, parrains du processus de paix en Ukraine, ont appelé à terme à "l'échange de tous les prisonniers liés au conflit", a annoncé la présidence française.

"Nous ne pouvons pas, hélas, retourner ceux qui ne sont plus en vie"

La décision de Kiev de livrer aux séparatistes cinq ex-policiers, accusés d'avoir tiré sur des manifestants de la place Maïdan en 2014, et dont le procès étaient en cours à Kiev, a toutefois provoqué une vague d'indignation en Ukraine. Ce soulèvement avait en effet eu lieu avant le début de la guerre dans l'est de l'Ukraine. 

Interrogé à ce sujet, Volodymyr Zelensky a admis que cette décision était "difficile". "C'était mon choix (...) Nous ne pouvons pas, hélas, retourner ceux qui ne sont plus en vie. Mais on pouvait faire revenir ceux qui sont vivants. Je suis sûr que c'est la priorité", a-t-il déclaré. "Cela n'aura aucun impact" sur l'enquête sur la tragédie de 2014 qui sera "sans faute menée à bout", a encore assuré le président. 

Depuis l'élection de Volodymyr Zelensky en avril, une certaine détente se fait sentir avec le Kremlin. En septembre, Kiev et Moscou ont ainsi échangé 70 détenus. Les troupes des deux camps ont également reculé dans trois petits secteurs du front et d'autres retraits doivent avoir lieu d'ici fin mars. La Russie a aussi rendu à Kiev des navires de guerre qu'elle avait saisis.

Cette guerre a fait plus de 13.000 morts depuis qu'elle a éclaté en avril 2014, quelques semaines après l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie qui avait elle-même suivi le soulèvement du Maïdan. L'Occident et l'Ukraine accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes, ce que la Russie nie farouchement.

S. V. avec AFP