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En Italie, 800 militants d'extrême droite font un salut fasciste en pleine rue

Plusieurs centaines de néofascistes se sont réunis fin avril à Milan pour honorer la mémoire d'un étudiant d'extrême droite tué en 1975.

"Italie. 2021. Terrible. Le fascisme est là." C'est accompagné de cette affirmation saccadée et glaçante que Thomas Portes, porte-parole du mouvement Génération.s de Benoît Hamon, a partagé lundi une vidéo montrant plusieurs centaines de militants d'extrême droite effectuant le salut fasciste dans une rue de Milan, en Italie.

Comme l'explique Libération, la vidéo a dans un premier temps été partagée sur un canal Telegram néonazi français, tandis que d'autres points de vue de la scène ont été diffusés lundi sur Twitter.

Que voit-on réellement sur ces vidéos? Alignés dans une posture quasi-militaire, le crâne rasé et principalement vêtus de noir, 800 militants néofascistes se sont réunis à Milan le 29 avril pour rendre hommage à Sergio Ramelli, un étudiant d'extrême droite tué à cette même date en 1975 lors d'une rixe avec des militants d’Avanguardia operaia, un groupe d’extrême gauche italien.

Au centre, un homme appelle à plusieurs reprises "Camarade Sergio Ramelli" avant que le reste de la foule ne réponde "Présente" en effectuant le salut romain.

Ramelli, Mussolini et fascisme décompléxé

Cette commémoration annuelle est loin d'être une nouveauté au sein de la mouvance d'extrême droite italienne, qui honore annuellement la mémoire de Ramelli. Comme le rappelle encore Libération, Giuliano Pisapia, l'ancien maire de centre-gauche de la ville, avait d'ailleurs participé au rendez-vous en 2014.

Au-delà de l'hommage, ces saluts fascistes réalisés en pleine rue sont également l'illustration d'une sorte de libéralisation de plus en plus forte de la parole d'extrême droite de l'autre côté des Alpes.

"Le salut romain, pour moi, c’est un must en manifestation", explique ainsi un homme participant au rassemblement, interrogé par la télévision italienne. Un second visiteur ne cache pas de son penchant pour cette époque trouble de l'histoire italienne: "Moi je suis un fasciste assumé du 21e siècle", martèle-t-il.

Autre rendez-vous incontournable: l'anniversaire de la mort du dictateur Benito Mussolini le 28 avril, qui a été l'occasion pour de nombreux militants de se rendre sur les bords du lac de Côme, où il avait été exécuté en 1945.

De manière générale, l'imagerie du Duce divise encore les Italiens et déchaîne toujours les passions. En 2010, une application mobile sur laquelle l'utilisateur pouvait écouter, lire et voir des discours du dictateur fasciste avait rencontré un large succè - on parle d'un millier de téléchargements quotidiens - avant d'être retirée pour des questions de droits d'auteur.

Présence politique de plus en plus forte

D'un point de vue politique, cette libération de la parole se traduit par l'apparition de groupuscules qui deviennent de plus en plus populaires. C'est le cas de CasaPound Italia, un parti d'aspiration néofasciste fondé par Gianluca Iannone, dont le drapeau reprend les couleurs et l'imagerie du IIIe Reich allemand et représente une tortue, comme un hommage à la formation militaire de l'empire romain.

"Ils peuvent provoquer des révoltes violentes et antisystèmes à leur façon. C’est une version d’extrême droite des gilets jaunes dans un contexte de difficulté sociale", explique auprès de BFMTV Alberto Toscano, journaliste et écrivain italien.

Parmi les idées défendues, des prêts immobiliers réservés aux Italiens, et une réduction de temps de travail pour les femmes afin de s'occuper des enfants.

Ce rapprochement avait été favorisé par les liens entretenus entre certains de ces groupuscules et Matteo Salvini, ancien ministre de l'Intérieur et actuellement sénateur, qui organise plusieurs dîners avec leurs représentants.

"Ça se traduit en politique par exemple par l’essor d’un parti comme celui d’extrême droite Fratelli d’Italia (en référence à l'hymne national, ndlr), qui est très radical. Presque on regretterait Salvini qui s’est écroulé dans les sondages, maintenant il y a quelqu’un encore pire", souligne le journaliste Peolo Levi auprès de BFMTV.

Aux dernières élections européennes de 2019, le parti dirigé par Giorgia Meloni avait remporté cinq sièges au Parlement siégeant à Strasbourg.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV