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En Irak, la sécheresse sort des eaux une cité engloutie vieille de 3400 ans

Le site de Kemune, près de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

Le site de Kemune, près de Mossoul, dans le nord de l'Irak. - Capture d'une photo Twitter de l'Université de Tübingen.

La sécheresse de ces derniers mois a obligé les habitants de la région de Mossoul, en Irak, à puiser dans un réservoir qui en se vidant a révélé les vestiges d'une cité vieille de plus de trois millénaires. Fortifications, édifices, tablettes: sur place, les archéologues vont de découverte en découverte.

Si on sait que l'Afrique est le "berceau de l'humanité", c'est au Moyen-Orient qu'on trouve les traces d'agriculture, d'écriture et d'urbanisme les plus anciennes. Et on vient justement de mettre au jour les vestiges d'une cité trois fois millénaire en Irak, près de Mossoul, comme l'a notamment rapporté Futura Sciences ce mercredi.

Une nouvelle occasion après les rendez-vous manqués

Au début d'année, l'Irak a traversé une sévère période de sécheresse. Au point que dans le nord, les locaux en ont bientôt été réduits à puiser dans le plus grand réservoir d'eau du pays, à Kemune, à 80 kilomètres de Mossoul environ. Si bien qu'au bout de quelques mois, la réserve s'est vidée.

Ont alors refait surface les reliquats d'une cité antique, disparue sous les eaux voilà 42 ans au moment de la construction du réservoir en 1980. Si on ne peut donc pas parler d'une découverte stricto sensu - d'autant qu'un précédent coup de chaud avait déjà permis un premier aperçu en 2018 et 2019 - il y a beaucoup à redécouvrir. En effet, à l'époque de la constitution de ce stock d'eau, on n'avait pas jugé bon d'y laisser fureter les archéologues au préalable. Ceux-ci n'ont cette fois pas manqué la nouvelle occasion que leur offre le réchauffement climatique.

Palais et céramique

Cette vieille dame que la sécheresse a dénudé de sa robe d'eau a 3400 ans. Les archéologues allemands et kurdes dépêchés sur place estiment que cette cité bâtie sur le Tigre pourrait bien correspondre à Zakhiku, une ville importante de l'empire Mittani qui a dominé la contrée au milieu du deuxième millénaire avant Jésus-Christ.

Au rang des trouvailles déjà dégagées par les experts sur le site, on compte un palais, de hautes et épaisses fortifications dont tours et murs sont encore visibles, et surtout un bâtiment de stockage. Edifice où l'on a notamment débusqué cinq récipients de céramique contenant plus de 100 tablettes recouvertes de caractères cunéiformes, comme le précise ici Science et Vie. "C’est presque un miracle que des tablettes cunéiformes faites d’argile non cuite aient survécu à tant de décennies sous l’eau!" s'est écrié l'archéologue Peter Pfälzner, cité par la même revue.

Séisme

La résistance des murs de boue fait aussi la merveille des spécialistes. Or, c'est sans doute ce matériau qui explique le degré de conservation exceptionnel de l'endroit. Ainsi, un tremblement de terre a ravagé la ville vers -1350, précipitant sa fin. Durant le séisme, les parties supérieures du rempart sont tombées sur les pans les plus bas, un ensevelissement qui a protégé l'ensemble.

Le crépuscule de Zakhiku coïncide avec celui de l'empire Mittani. L'enjeu qui gît au milieu de ces ruines tirées des eaux est d'ailleurs le suivant pour les chercheurs: se faire une idée plus claire de la chute du royaume, qu'on attribue aux coups de boutoir du puissant rival assyrien, grâce aux décombres de la cité redécouverte.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV