Egypte: ils manifestent le jour et se protègent la nuit
Situation encore très tendue en Egypte. Après 6 jours de révolte, la rue réclame toujours le départ du président Hosni Moubarak. Des manifestations pacifiques, qui se déroulent sous l’œil de l’armée, acclamée par la population qui se prend en photos avec ses soldats, leur donne à manger et à boire.
« On est là parce qu’il n’y a plus de police »
La paralysie gagne le pays : de nombreux distributeurs de billets sont vides, les banques et la Bourse restent fermées. Des comités de citoyens armés de fusils ou de gourdins surveillent leurs quartiers, dans la crainte des pillards et des détenus qui se sont échappés de deux prisons hier. Parmi eux, Krama, qui veille depuis deux nuits devant l'entrée de l'une des rues du quartier pauvre de Bolak, au Caire : « nous sommes ici parce qu’il n’y a plus de police, mais l’armée est là et nous sommes avec elle. On fait des fouilles car des gens nous ont tiré dessus avant-hier, depuis leurs voitures. Nous avons peur pour nos proches, alors les chars stationnent, comme nous, pour protéger tous ces gens et le peuple égyptien est uni. »
« On veille toute la nuit, armés de couteaux, pour nous protéger »
Sayeda, une femme d'une soixantaine d'années qui vit dans le quartier pauvre de Bolak, dans le centre du Caire, a passé les 2 dernières nuits devant son domicile pour se défendre : « Nous sommes tous sortis avec des couteaux et des bâtons à la main pour nous défendre. Mon petit-fils est soldat, il est sorti avec deux couteaux et est revenu blessé à la jambe. Nous veillons toute la nuit pour nous protéger. Nous ne connaissons pas ces casseurs ; nos jeunes sont dans la rue pour arrêter ces voleurs et les livrer aux forces armées ».
Alexandra, une française « prête à partir »
L’aéroport du Caire est pris d’assaut par des touristes, expatriés ou Egyptiens paniqués, tentant à tout prix de quitter le pays. De nombreux pays évacuent leurs ressortissants. L’ambassade des États-Unis a annoncé les premiers départs pour ce lundi.
Alexandra, une française qui vit au Caire dans le quartier huppé des expatriés depuis 2 ans, se tient prête, au cas où : « ça tire vraiment de partout, on entend des balles, mais on ne sait pas ce que c’est : est-ce des tirs en l’air, des gens qui se tirent dessus… ? On n’en sait rien. Plein de copines me disent qu’elles ne dorment pas ; les gens ont peur. Moi j’ai fait ma valise, parce qu’on ne sait jamais, il faut prévoir ça si on veut être évacués en urgence. Les passeports sont dans mon sac, j’ai pris des changes pour les enfants, histoire de partir en une heure. Pour le moment, il n’y a vraiment aucune raison de paniquer ; je suis prête, mais j’espère franchement qu’on ne partira pas ».