BFMTV
International

EDITO - La fièvre indépendantiste espagnole et la fin de l'Europe

-

- - -

Le président catalan Artur Mas a convoqué samedi pour le 9 novembre un référendum sur l'indépendance de la région, défiant le gouvernement de Madrid qui refuse sa tenue. L'édito du spécialiste géopolitique de BFMTV, Harold Hyman.

C'est donc le 9 novembre que l'électorat catalan devrait pouvoir se prononcer sur l'indépendance. Un peu comme en Écosse, la question totale, irréversible. Les situations, catalane et écossaise, ont un point en commun et une grosse divergence. La divergence d'abord: il n'y avait pas d'imbroglio constitutionnel anglo-écossais, les deux niveaux de gouvernement, à Édinbourg comme à Londres, avaient tout réglé: un "oui", et l'union était terminée, l'Écosse devenait un État indépendant avec ses joies et ses peines.

Parlement espagnol

Dans le cas catalano-espagnol, le niveau national espagnol n'accepte pas qu'une "région autonome" puisse voter sur son indépendance de sa propre initiative. La constitution garantit d'ailleurs l'unité nationale, donc il faut passer par le Parlement à Madrid pour l'amender. Une complication supplémentaire surgit: le président de Catalogne, Artur Mas, n'organisera pas un referendum si la Cour surpême espagnole l'interdit; il retournera aux urnes pour un plébiscite, qui lui donnera un mandat totalement vague sur la poursuite du projet d'indépendance.

La convergence: dans de fortes proportions, des Écossais, des Catalans, et plus loin encore des Basques espagnols et des Flamands, rêvent de nations indépendantes "au sein de l'Europe". Toujours la référence à l'Europe, alors que ces nouveaux petits États -car ils seront petits en superficie- utilisent comme garantie la raison et le progrès. C'est ici que la réplique vient d'une source inattendue: le président de la République française, mais qui ne s'est guère fait remarquer.

"Séparatisme populiste"

François Hollande définit le pourquoi du refus du "séparatisme populiste", le 18 septembre 2014 lors des propos préliminaires de sa conférence de presse -le jour-même du référendum en Écosse! Autant dire qu'à l'Élysée on a identifié le problème:

"Si le projet européen se dilue… C’est un risque: la voie est ouverte, on la voit empruntée par les égoïstes, les populistes, les séparatistes. Voilà ce qui se produit en ce moment : cette conjugaison de forces centrifuges qui ont fini par perdre ce qu’était l’enjeu européen, pour d’abord se replier dans le cadre national, puis ensuite dans le cadre régional ; se faire plus petit pour soi-disant être plus fort… Le contraire même de ce qu’a été l’idée européenne!" François Hollande, le 18 septembre 2014.

Un bon point idéologique pour notre président, qui seul a su dire quelque chose de cohérent parmi tous les gouvernants d'Europe. Face à lui, la parole des indépendantistes, elle, se vend ainsi: vive nous et vive l'Europe. C'est un peu court, mais les indépendantistes veulent croire qu'ils vivent sous une oppression coloniale qui leur pique leurs sous. L'Union européenne elle-même pourrait être vue sous le même angle.

Harold Hyman