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EDITO - L'angoisse de vivre au Japon

Un lourd bilan est à craindre au lendemain de l'éruption soudaine du volcan Ontake, au centre du Japon.

Un lourd bilan est à craindre au lendemain de l'éruption soudaine du volcan Ontake, au centre du Japon. - Ministry of Land, Infrastructure and Transport Chubu Regional Development Bureau via Jiji Press - AFP

Le volcan Ontake, qui culmine à 3.067 mètres entre les préfectures de Nagano et Gifu, est entré samedi en éruption au Japon. Un lourd bilan humain est à craindre.

Les Japonais connaissent les désastres naturels, qui déferlent à une cadence inconnue les uns après les autres. Depuis le tsunami de mars 2011 à Fukushima, appelé officiellement le "tsunami de Tohoku", une succession de typhons, glissements de terrain, fuites radioactives, et maintenant d'éruptions volcaniques, ont rendu la vie sur l'archipel, et particulièrement sur la grande île de Honshu, anxiogène.

Depuis Hiroshima et Nagasaki en 1945, une hantise du cataclysme progresse dans les esprits: et si le Japon tout entier devenait invivable? Si c'était là la fin du Japon lui-même?

Dans les années 50 et 60, de telles idées étaient fortes. L'image du monstre marin Godzilla, mutant enragé sortant des profondeurs pour écraser Tokyo de ses deux mains, ou les scènes de la fin du monde du cinéaste Akira Kurosawa, le leitmotiv reste puissant: le Japon va être détruit.

Faille tectonique

La morphologie de l'archipel y est pour quelque chose: volcanique, il est assis sur une faille tectonique. Les raz-de-marée et les irruptions sont inévitables. Les accidents nucléaires, eux, sont évitables et résultent d'erreurs humaines qui se surajoutent, dans le cas de Fukushima, à un désastre naturel.

Or les Japonais ont un rapport totalement original à leur archipel: ils émigrent fort peu, et n'acceptent les immigrés qu'à doses homéopathiques. La natalité y est actuellement faible, après avoir connu des pics il y a un siècle -créant des nuées de soldats qui allèrent dévaster la Chine et affronter les États-Unis. Cette aventure-là se solda par les attaques nucléaires américaines, pire cataclysme de l'histoire militaire à laquelle il faut ajouter le bombardement massif de Tokyo à la même époque.

En fait, tout Japonais est né avec un sentiment d'incertitude, d'anxiété diffuse. Lorsqu'on sait que ce matin, le Mont Fuji lui-même donnait l'impression de vouloir entrer en éruption, l'on comprend pleinement la frayeur que vivent les Japonais.

Chronologie rapide des désastres naturels récents:

Deux forts séismes près de la centrale Fukushima Daiichi le 24 septembre 2014, soit il y a une poignée de jours;

La veille, 16 000 personnes défilaient à Tokyo pour dénoncer le projet gouvernemental de redémarrer les réacteurs inondés en 2011 -prémonition populaire!

Pluies diluviennes à Hokkaido (grande île du nord) le 10 et le 11 septembre 2014, frôlant le désastre, alors que le typhon Halong fonçait sur Kanazawa, sur l'île principale de Honshu. Halong fit demi-tour pour s'éteindre en mer.

Glissements de terrain à Hiroshima, 36 morts, le 20 août 2014

Le typhon Neoguri passe par Okinawa, île de l'extrême sud de l'archipel, et se promène sur Honshu, à l'ouest de Tokyo, ravageant des maisons, tuant plusieurs personnes, en cette deuxième semaine de juillet 2014.

• Le séïsme de Tohoku le 11 mars: le tsunami déferle sur la région du Sendaï, à 250 km au nord de Tokyo, tuant 17 000 personnes minimum. Plusieurs fuites radioactives se produisirent en 2012 et 2014.

1995: séisme massif à Kobé, appelé le "séisme de Hanshin", tuant 6500 personnes.

Harold Hyman