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Duel d'artillerie dans les environs de Zlitane en Libye

Insurgés libyens tirant une roquette Grad, sur la ligne de front à l'ouest de Misrata. De violents duels d'artillerie ont éclaté vendredi entre les rebelles libyens et les forces fidèles à Mouammar Kadhafi dans les parages de la ville côtière de Zlitane -

Insurgés libyens tirant une roquette Grad, sur la ligne de front à l'ouest de Misrata. De violents duels d'artillerie ont éclaté vendredi entre les rebelles libyens et les forces fidèles à Mouammar Kadhafi dans les parages de la ville côtière de Zlitane - - -

par Matt Robinson DAFNIAH, Libye (Reuters) - De violents duels d'artillerie ont éclaté vendredi entre les insurgés libyens et les forces fidèles à...

par Matt Robinson

DAFNIAH, Libye (Reuters) - De violents duels d'artillerie ont éclaté vendredi entre les insurgés libyens et les forces fidèles à Mouammar Kadhafi dans les parages de la ville côtière de Zlitane vers laquelle les rebelles cherchent à progresser.

Des journalistes de l'agence Reuters présents à Dafniah, dans la banlieue de Misrata, le grand bastion des insurgés sur la côte Ouest, ont vu des rebelles tirer avec des pièces d'artillerie et des lance-roquettes d'une portée de 20 km.

Les insurgés affirment prendre pour cibles des chars et des dépôts de munitions des forces régulières à Naïmah, près de Zlitane.

"Nous avions élaboré une stratégie qui aurait permis d'en finir dans la journée, mais certains des insurgés croient que c'est un jeu", a déploré le chef d'une unité rebelle, Mohammed Ali. "Ils ont ouvert le feu quand ils ne devaient pas le faire, et ont tout fait capoter", a-t-il dit alors que ses forces se mettaient à couvert sur le front de Dafniah, en raison d'un tir de barrage de l'armée libyenne.

Des avions de l'Otan survolaient la région, mais on ignore s'ils ont procédé à des bombardements.

Zlitane, à 160 km à l'est de la capitale Tripoli, est, avec ses 110.000 habitants, la dernière grande ville côtière sur la route menant à Tripoli. La faire tomber représenterait une grande victoire pour les insurgés, qui ont réussi à desserrer l'étau autour de Misrata et repris leur progression.

Les échanges d'artillerie ont été les plus intenses dans ce secteur depuis ceux de la semaine dernière, qui avaient coûté la vie à une trentaine d'insurgés. A l'hôpital de campagne de Dafniah, des ambulances ont acheminé cinq insurgés grièvement blessés, la plupart par des éclats d'obus.

A Misrata, au moins dix personnes ont été tuées et une quarantaine d'autres blessées dans des pilonnages de l'armée libyenne, a déclaré un porte-parole de l'insurrection.

"Les forces de Kadhafi ont bombardé aujourd'hui Misrata à partir de l'est et de l'ouest. On déplore au moins dix civils tués et plus de 40 blessés", a dit le porte-parole.

L'aviation de l'Otan a repris vendredi ses bombardements contre Tripoli, où six violentes explosions ont ébranlé les quartiers sud. Ces frappes qui, fait plutôt rares, sont intervenues en plein jour, ont eu lieu en l'espace d'une demi-heure, avant midi.

A la suite des grandes prières du vendredi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la place Verte, au coeur de Tripoli, en agitant des drapeaux révolutionnaires et en scandant des slogans en faveur du régime.

La journée a également été marquée par un message sonore de Kadhafi diffusé à la télévision libyenne.

"C'est la première fois qu'ils (l'Alliance atlantique) sont confrontés à une nation de millions de citoyens en armes", a déclaré le numéro un libyen. "Ils seront battus, l'Alliance sera défaite".

"Nous sommes dans notre pays et nous sommes résolus à y rester et à le défendre. Nous resterons, nous resterons même s'ils utilisent des bombes nucléaires", a-t-il ajouté.

La chaîne de télévision a précisé que ce discours retranscrivait un appel téléphonique du "frère guide" datant du jour même.

DES CONTACTS ENTRE TRIPOLI ET LE CNT?

Les insurgés combattent les forces kadhafistes sur deux autres fronts: dans l'Est, vers la ville pétrolière de Brega, et dans le djebel Nefoussa, une zone montagneuse au sud-ouest de Tripoli.

Selon Djouma Ibrahim, porte-parole des insurgés à Zentane, dans le djebel Nefoussa, les forces du régime se regroupent actuellement à Ghariane, à 120 km au sud-ouest de Tripoli.

"Les combats se sont poursuivis aujourd'hui dans la zone de Tekot (près de Nalout) avec les forces de Kadhafi, qui utilisent des missiles Grad et des chars pour pilonner les positions des rebelles", a-t-il dit, en ajoutant que les frappes de l'Otan ces dernières 48 heures avaient été "très utiles".

Ibrahim a aussi indiqué que les forces pro-gouvernementales assiégeaient la vieille ville de Ghadamès, inscrite depuis 1986 au patrimoine mondial de l'Unesco, une des plus anciennes cités présahariennes. Surnommée la "perle du désert", Ghadamès est située à 600 km au sud-ouest de Tripoli, à la frontière avec la Tunisie et l'Algérie.

"Ils (les loyalistes) ont détruit des ruines islamiques historiques (...) des palais et des édifices dans la ville ancienne", a-t-il déclaré.

Les insurgés progressent lentement depuis quelques semaines dans ces montagnes ainsi qu'aux environs de Misrata, ce qui rapproche le front de Tripoli, à l'est et au sud-ouest de la capitale.

Signe d'un probable affaiblissement du régime, des représentants du pouvoir libyen sont en contact en Europe avec des représentants de l'insurrection libyenne, a déclaré Mikhaïl Marguelov, représentant spécial du président russe Dmitri Medvedev pour l'Afrique.

Marguelov cite le Premier ministre Al Bagdad Ali Al Mahmoudi, qui lui aurait dit jeudi que des représentants de son gouvernement étaient en contact avec des responsables de la rébellion dans plusieurs capitales d'Europe, dont Paris, Berlin et Oslo.

"Le Premier ministre voulait me dire qu'ils avaient une sorte de canal de discussion avec le Conseil national de transition (CNT)", a dit Marguelov vendredi à Tunis.

A Paris, Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a dit ne pas être en mesure de confirmer que des discussions avaient eu lieu entre représentants des rebelles et du régime libyen à Paris, mais il ajoutait que la France n'avait pas été à l'origine de quelque rencontre que ce soit.

Les insurgés affirment qu'ils ne négocieront pas avec Tripoli tant que Kadhafi et ses fils seront encore au pouvoir.

Sur le front Est, les insurgés ont fait état de probables "tirs amis" dus à des avions de l'Otan, qui ont fait au moins 16 blessés dans leurs rangs. L'alliance atlantique a ouvert une enquête à ce sujet.

Eric Faye et Benjamin Massot pour le service français