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Dilma Rousseff prête à prolonger l'héritage de Lula au Brésil

Dilma Rousseff à sa sortie de l'isoloir dans un bureau de vote de Porto Alegre. La dauphine du président sortant "Lula", devrait remporter le second tour de l'élection présidentielle au Brésil ce dimanche et devenir la première femme à diriger la première

Dilma Rousseff à sa sortie de l'isoloir dans un bureau de vote de Porto Alegre. La dauphine du président sortant "Lula", devrait remporter le second tour de l'élection présidentielle au Brésil ce dimanche et devenir la première femme à diriger la première - -

par Ana Nicolaci da Costa BRASILIA (Reuters) - Dilma Rousseff, dauphine du très populaire président sortant, devrait remporter dimanche le second...

par Ana Nicolaci da Costa

BRASILIA (Reuters) - Dilma Rousseff, dauphine du très populaire président sortant, devrait remporter dimanche le second tour de l'élection présidentielle au Brésil pour devenir la première femme à diriger la plus grande puissance d'Amérique latine.

Cette survivante du cancer âgée de 62 ans bénéficie du parrainage du charismatique Luiz Inacio Lula da Silva, élu pour la première fois en 2002 et qui ne peut pas se représenter après deux mandats.

Les Brésiliens ont pris le chemin des bureaux de vote, qui ont ouvert à 10h00 GMT, et le suspense paraît faible tant tous les sondages donnent à Rousseff une large avance sur son rival social-démocrate, José Serra.

Le meilleur atout de Rousseff est certainement le bilan économique des années Lula, avec une croissance spectaculaire qui a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté.

"Beaucoup de choses ont changé pour le mieux dans ce pays," a confié Helio das Chagas, un fonctionnaire de 48 ans, juste avant de voter pour Rousseff dans la capitale, Brasilia. "Les gens ont désormais davantage de pouvoir d'achat."

Rousseff a voté à Porto Alegre, dans le sud du pays.

"Demain nous commencerons une nouvelle phase de notre démocratie", a-t-elle dit en quittant le bureau de vote sous les acclamations de militants brandissant des drapeaux rouges frappés d'une étoile jaune, symbole du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir.

FORMALITÉ

Une controverse sur ses positions en faveur du droit à l'avortement, un sujet particulièrement sensible pour les électeurs évangélistes, l'avait privée d'une victoire dès le premier tour début octobre. Elle avait alors obtenu 46% des suffrages contre 32% à José Serra.

Le second tour ne devrait être cette fois-ci qu'une formalité pour l'ancienne ministre, donnée gagnante avec un avantage de 10 à 12 points selon les derniers sondages. Les autorités électorales annonceront les premiers résultats à partir de 21h00 GMT.

Ancien gouverneur de Sao Paulo et déjà candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2002 face à Lula, Serra semble être condamné à assister à un passage de flambeau entre le chef de l'Etat et Rousseff.

Mais il s'est tiré par le passé de situations qui semblaient pourtant inextricables. Etudiant exilé au Chili dans les années 1970, il a échappé à la mort en assurant aux soldats qui l'encerclaient et qui avaient déjà tué des centaines de personnes qu'il possédait l'immunité diplomatique.

Quarante ans plus tard, il va devoir trouver un nouveau stratagème pour sortir la tête haute d'une campagne où il a semblé être du mauvais côté de l'histoire.

"Soit les sondages se sont trompés, soit il aura besoin d'un miracle", résume Rafael Cortez, analyste politique chez Tendencias consultancy à Sao Paulo.

Se fondant sur les sondages publiés avant le premier tour, qui avaient surestimé l'avance de Rousseff, Serra et son Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), dénoncent des études biaisées et peu fiables.

ADOUBEMENT

Lula, qui bénéficie de 82% d'opinions favorables, a été omniprésent pendant la campagne, s'efforçant de convaincre les électeurs que Rousseff était la mieux à même de lui succéder.

Cet adoubement a permis à Rousseff de s'appuyer sur la longue liste de réussites de Lula, dont un taux de chômage descendu à 6,2%.

Certains observateurs se sont inquiétés de la faiblesse du débat politique pendant la campagne, alors que le Brésil fait face à des nouveaux défis concernant sa compétitivité au niveau mondial, sa devise, qui est au plus haut depuis deux ans, ou encore sa bureaucratie kafkaïenne.

"Rien ou presque n'a été dit sur ce que Dilma ou Serra comptaient faire sur le plan économique. Ils n'ont fait aucune proposition sur les changes, la politique fiscale et monétaire", pointe le journal Folha de Sao Paulo dans son éditorial.

Rousseff ne devrait pas rompre avec la politique menée sous Lula, entre ouverture au libéralisme et aides sociales massives.

Elle a par ailleurs exclu d'imposer une rigueur nouvelle et de limiter les dépenses publiques, qui ont, sous l'actuel gouvernement, dépassé les recettes fiscales.

Serra mènerait pour sa part une politique moins interventionniste que son adversaire s'il était élu.

Marine Pennetier et Patrick Vignal pour le service français, édité par Clément Guillou