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Des taliban attaquent un hôtel près de Kaboul, 20 morts

Policiers afghans déployés dans un hôtel huppé des environs de Kaboul pris d'assaut par un commando taliban dans la nuit de jeudi à vendredi. Des unités d'élite de la police afghane appuyées par les forces de l'Otan ont mis fin vendredi à un siège de près

Policiers afghans déployés dans un hôtel huppé des environs de Kaboul pris d'assaut par un commando taliban dans la nuit de jeudi à vendredi. Des unités d'élite de la police afghane appuyées par les forces de l'Otan ont mis fin vendredi à un siège de près - -

par Mirwais Harooni et Samar Zwak KABOUL (Reuters) - Des unités d'élite de la police afghane appuyées par les forces de l'Otan ont mis fin vendredi...

par Mirwais Harooni et Samar Zwak

KABOUL (Reuters) - Des unités d'élite de la police afghane appuyées par les forces de l'Otan ont mis fin vendredi près de Kaboul, après un siège de douze heures, à l'occupation d'un hôtel de luxe par un commando taliban. Les combats ont fait au moins vingt morts.

Des islamistes armés de lance-roquettes et d'armes légères ont fait irruption jeudi soir dans l'hôtel Spozhmai, à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale, un établissement fréquenté par les Afghans aisés sur les rives du lac de Qargha.

Les assaillants sont tombés en pleine fête. Pris de panique, de nombreux invités ont sauté dans le lac pour tenter d'échapper aux tirs, ont rapporté les autorités et les habitants.

Environ 300 personnes étaient dans l'hôtel au moment de l'attaque.

Le commandant en chef des forces de l'Otan en Afghanistan, le général américain John Allen, a affirmé que cette opération portait la marque du groupe islamiste Haqqani, dont les centres de commandement se trouvent au Pakistan.

Les relations sont très tendues depuis plusieurs mois entre Washington et Islamabad, les Américains reprochant aux Pakistanais de ne pas agir assez efficacement contre les sanctuaires islamistes des "zones tribales", dans les montagnes du sud-ouest du pays.

Pour leur part, les Pakistanais considèrent comme une violation de leur intégrité territoriale les attaques de drones américains au Pakistan, qui font de nombreuses victimes civiles.

Un porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, Sediq Sediqqi, a précisé qu'entre 12 et 15 civils avaient péri dans l'opération de la nuit, ainsi que deux vigiles de l'hôtel et un policier. Cinq taliban ont aussi été tués.

Après dix ans et demi de présence militaire étrangère, cette attaque revendiquée par les taliban souligne la capacité des islamistes à mener des opérations meurtrières alors que la force de l'Otan se prépare à retirer ses unités de combat du pays d'ici la fin 2014.

"PROSTITUTION"

Jeudi, lors d'une session extraordinaire du Parlement, le président Hamid Karzaï a reconnu que les attaques des insurgés contre la police et l'armée afghanes étaient en augmentation.

Après la bataille à l'hôtel Spozhmai, on voyait des flaques de sang dans le hall d'entrée de l'hôtel. Dans le jardin, un corps n'avait pas encore été emmené.

"On a entendu une violente explosion, après un tir de roquette. On a tenté de fuir mais on était encerclés par les kamikazes. Nous nous sommes cachés derrière un arbre jusqu'au matin", a raconté Abdullah Samadi, 24 ans.

Les membres du commando, a-t-il précisé, surveillaient de près leurs otages et recherchaient les réserves clandestines de vin.

"A l'aube, ils se sont approchés de nous et nous avons dû sauter dans le lac. Nous sommes restés dans l'eau jusqu'à 09h00. Les choses se sont peu à peu calmées et nous avons commencé à nager lentement vers les forces de sécurité."

Selon le ministère de l'Intérieur, les taliban se servaient de leurs otages comme de boucliers humains et ont détenu une cinquantaine de personnes jusque tard dans la matinée de vendredi.

Les forces de sécurité ont réussi à libérer au moins 35 civils.

"C'est un crime contre l'humanité parce qu'ils ont pris pour cible des enfants, des femmes et des civils qui faisaient un pique-nique près du lac. Il n'y avait pas un seul soldat dans les environs", a déclaré le général Mohammad Zahir, un des responsables de la police de Kaboul.

Les taliban accusent l'élite afghane et des étrangers de se livrer dans cet hôtel à des "fêtes sauvages" et à la "prostitution", à la veille de la traditionnelle journée de prières dans le monde musulman.

Le lac Qargha est l'un des rares lieux de villégiature près de la capitale afghane. Responsables politiques, hommes d'affaires et étrangers aiment y fréquenter ses hôtels, ses restaurants et son parcours de golf, en particulier le jeudi soir.

Avec Abdul Saboor et Hamid Shalizi; Bertrand Boucey, Marine Pennetier et Guy Kerivel pour le service français