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Des missiles américains à Guam face aux menaces de Pyongyang

Des chasseurs américains sur la base d'Osan, dans le sud de Séoul. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi le prochain déploiement d'un système de missiles antibalistiques sur l'île de Guam, dans le Pacifique, à la suite des menaces proférées par la Corée du

Des chasseurs américains sur la base d'Osan, dans le sud de Séoul. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi le prochain déploiement d'un système de missiles antibalistiques sur l'île de Guam, dans le Pacifique, à la suite des menaces proférées par la Corée du - -

par Phil Stewart et Ju-min Park WASHINGTON/PAJUL, Corée du Sud (Reuters) - Les Etats-Unis ont annoncé mercredi le prochain déploiement d'un système...

par Phil Stewart et Ju-min Park

WASHINGTON/PAJUL, Corée du Sud (Reuters) - Les Etats-Unis ont annoncé mercredi le prochain déploiement d'un système de missiles antibalistiques sur l'île de Guam, dans le Pacifique, à la suite des menaces proférées par la Corée du Nord, qui vient de fermer l'accès à une zone industrielle exploitée en commun avec le Sud.

Après cette nouvelle escalade de Pyongyang, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a assuré voir un "danger clair et réel" dans la péninsule coréenne.

"Nous prenons ces menaces au sérieux", a-t-il dit devant l'université de défense nationale à Washington. "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, avec les Chinois et d'autres, pour désamorcer la situation dans la péninsule."

Le Pentagone a, par la suite, fait part de son intention de déployer dans les prochaines semaines un système de missiles intercepteurs THAAD sur l'île de Guam, désignée comme cible potentielle par Pyongyang au même titre que Hawaii et la côte Ouest des Etats-Unis.

"Les Etats-Unis restent vigilants face aux provocations nord-coréennes et se tiennent prêts à défendre le territoire américain, nos alliés et nos intérêts nationaux", a expliqué une porte-parole du Pentagone, précisant qu'il s'agit d'une mesure "de précaution".

Washington avait déjà annoncé mardi l'envoi au large de la Corée d'un deuxième bâtiment de guerre en vingt-quatre heures.

Signe de l'inquiétude de Pékin, seul allié et principal partenaire économique de Pyongyang, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Yesui, a reçu mardi les ambassadeurs des Etats-Unis et des deux Corées pour leur exprimer ses "vives préoccupations".

ZONE MIXTE FERMÉE

La tension est montée d'un cran ces derniers jours dans la péninsule coréenne où Pyonyang, furieux de la tenue de manoeuvres militaires américano-sud-coréennes, a proféré des menaces contre Séoul et Washington.

La Corée du Nord a également annoncé le redémarrage du réacteur nucléaire de Yongbyon et fermé l'accès à la zone industrielle mixte de Kaesong.

Cette zone, qui produit deux milliards de dollars de revenus annuels, est pourtant une manne importante pour l'économie nord-coréenne mise à mal par de colossales dépenses militaires.

Séoul a immédiatement réagi en réclamant un accès sans restriction à Kaesong, qui se trouve du côté nord de la frontière. Toutes les options, y compris militaires, seront envisagées si la sécurité des Sud-Coréens qui s'y trouvent est menacée, a averti le ministre de la Défense Kim Kwan-jin, selon l'agence de presse Yonhap.

Les 800 ressortissants sud-coréens qui y travaillent ont été autorisés à rentrer chez eux, mais 36 seulement avaient repassé la frontière mercredi, selon Séoul. Les autres y sont restés de leur plein gré mais pourraient manquer de vivres en l'absence de livraisons, a souligné le ministère de l'Unification.

Située en bordure de la frontière, la zone de Kaesong a été créée au début des années 2000 dans le cadre des efforts déployés pour rapprocher les deux Corées. L'activité n'y a pas cessé depuis. Cent vingt-trois entreprises sud-coréennes y emploient plus de 50.000 travailleurs nord-coréens qui produisent des biens de consommation courante bon marché.

Certains observateurs doutent que Pyongyang ait l'intention d'en fermer l'accès à long terme, étant donné son importance financière.

ÉCHÉANCE DE FIN AVRIL

A Paju, du coté sud-coréen de la frontière, sa fermeture n'a guère surpris.

"La confiance entre le Nord et le Sud va s'effondrer de même que notre confiance à l'égard de nos acheteurs. C'est nous qui allons en faire les frais", déplore Lee Eun-haeng, un des chefs d'entreprise sud-coréens de la zone. Sa compagnie emploie 600 Nord-Coréens payés en moyenne 130 euros par mois.

Manne financière et gisement d'emplois pour Pyongyang, la zone contribue également à la prospérité du Sud, mais a surtout une importance symbolique. Selon Ahn Chan-il, ancien militaire du Nord ayant fait défection en 1979, les Nord-Coréens qui y travaillent font vivre 300.000 personnes.

Avant d'annoncer le redémarrage de son réacteur nucléaire de Yongbyon, en sommeil depuis 2007, Pyongyang s'était dit ce week-end en état de guerre déclarée avec la Corée du Sud, qui a entamé des manoeuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis.

En février, Pyongyang a procédé à son troisième essai nucléaire, deux mois après la mise en orbite d'un satellite largement considérée comme un tir expérimental de missile à longue portée.

Pour beaucoup, les menaces de Kim Jong-un, au pouvoir depuis décembre 2011, répondent en premier lieu à des objectifs intérieurs : elles visent avant tout à entretenir le moral d'une armée mal payée et à forger une image de fermeté aux yeux d'une opinion soumise à des privations.

"Au moins jusqu'à la fin du mois d'avril, lorsque les manoeuvres (américano-sud-coréennes) prendront fin, le Nord va probablement entretenir les tensions comme il l'a fait les années précédentes", estime Cheong Seong-chang, membre du cercle de réflexion sud-coréen Sejong.

Avec Christine Kim et Jack Kim à Séoul, Ben Blanchard à Pékin et David Alexander à Washington; Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français