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Des manifestants syriens réclament le renversement d'Assad

Une foule assiste aux obsèques de huit manifestants tués dans la nuit de dimanche à lundi à Homs, en Syrie. Des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de cette ville et de plusieurs autres du pays pour réclamer le reversement du pré

Une foule assiste aux obsèques de huit manifestants tués dans la nuit de dimanche à lundi à Homs, en Syrie. Des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de cette ville et de plusieurs autres du pays pour réclamer le reversement du pré - -

Les manifestations contre le régime autoritaire de Bachar al Assad se sont poursuivies lundi en Syrie où, depuis un mois, elles prennent chaque jour un peu plus d'ampleur.

AMMAN (Reuters) - Les manifestations contre le régime autoritaire de Bachar al Assad se sont poursuivies lundi en Syrie où, depuis un mois, elles prennent chaque jour un peu plus d'ampleur.

Dans la grande ville centrale de Homs, 165 km au nord de Damas, des milliers de protestataires ont réclamé le départ du président syrien de 45 ans, dont onze au pouvoir, à l'occasion des funérailles de huit des leurs, tués dimanche soir par des hommes à la solde du régime.

Ces heurts avaient été déclenchés par la mort en détention d'un chef traditionnel, Bader Abou Moussa, de la tribu Faouara, arrêté une semaine plus tôt pour avoir participé à une manifestation anti-gouvernementale.

"Homs est en ébullition. Les forces de sécurité et les nervis du régime provoquent les tribus armées depuis un mois maintenant. Mais des civils sont aussi descendus en grand nombre la nuit dernière dans plusieurs quartiers de Homs et ils ont tué de sang-froid", a déclaré à Reuters un militant des droits de l'homme.

Les milliers de personnes qui ont assisté aux obsèques des huit victimes de la nuit ont réclamé la chute du président Assad. "Dans chaque venelle, dans chaque maison, nous voulons te renverser, Bachar!" a scandé la foule, selon des témoins.

Malgré le discours prononcé samedi par le chef de l'Etat promettant la levée imminente de l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans, des milliers de Syriens ont continué à manifester dimanche et lundi leur hostilité au pouvoir absolu du parti Baas.

"BACHAR DEHORS!"

A Djisr al Choughour, au nord de Homs, un millier de personnes ont manifesté lundi en faveur de "la chute du régime", à l'instar des foules tunisiennes et égyptiennes qui ont chassé du pouvoir en début d'année les présidents Zine ben Ali et Hosni Moubarak.

A Talbiseh, entre les villes de Homs et de Hama, les forces de sécurité ont ouvert le feu dimanche soir sur une foule participant aux funérailles d'un homme tué samedi par des hommes du régime, faisant trois nouveaux morts, rapportent des témoins.

Selon le principal groupe syrien de défense des droits de l'homme, la répression du mouvement pour la démocratie a fait environ 200 morts depuis près d'un mois.

"Le peuple veut la liberté", ont scandé dimanche des centaines de personnes devant la tombe du leader indépendantiste Ibrahim Hananou à Alep, la seconde ville du pays, épargnée jusqu'à il y quelques jours par le vent de contestation qui souffle depuis décembre sur le monde arabe.

Des centaines de manifestants sont également descendus dans les rues de la ville méridionale de Soueïda, au coeur du pays druze, scandant "Dieu, la Syrie, la liberté, c'est tout!" avant d'être pris à partie par des miliciens fidèles à Assad, rapporte une manifestante.

A Hirak, 33 km au nord-est de Deraa, ville de l'extrême-sud du pays d'où est partie il y a un mois la contestation du régime, des milliers de manifestants ont crié: "Liberté!, Liberté! Bachar dehors!", ont rapporté par téléphone des participants.

A Banias, dans l'ouest, quelque 1.500 manifestants sont descendus ce week-end dans les rues, confirmant que l'agitation qui touche la Syrie, un des pays les mieux "verrouillés" de la région, est loin de s'essoufler.

"LES SYRIENS AIMENT L'ORDRE"

Selon des témoins, des milliers de protestataires se sont rassemblés dimanche sur la principale place de Deraa en réclamant "la chute du régime" - le slogan des révolutionnaires tunisiens et égyptiens - sans que les forces de sécurité n'interviennent.

Vendredi, l'agitation avait gagné pour la première fois Damas. Dans la capitale, les forces de sécurité syriennes ont fait usage de bâtons et de grenades lacrymogènes pour empêcher des milliers de manifestants venus des faubourgs de marcher sur la grande place des Abbassides.

Cette agitation ne s'est pas apaisée après le discours prononcé samedi par le président Assad, promettant la levée de l'état d'urgence dès la semaine prochaine au profit d'une législation antiterroriste qui ne laissera aucune liberté d'action "au chaos et aux saboteurs".

Au pouvoir depuis la mort de son père Hafez, il y a onze ans, Bachar al Assad a ignoré dans son discours les revendications populaires en faveur d'un démantèlement du régime sécuritaire strict qui régit le pays depuis la prise de pouvoir du Baas.

Assad a souligné, au contraire, que, dans le contexte des révoltes arabes, la stabilité de la Syrie restait sa priorité et a précisé que, si des réformes étaient nécessaires, c'était pour "renforcer le front intérieur" face à la vague actuelle de contestation de son pouvoir.

Par Khaled Yacoub Oweïs - Jean-Loup Fiévet et Marc Delteil pour le service français