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Des Libyens arrivés en Tunisie racontent l'"enfer de Misrata"

Réfugiés libyens à la frontière Tunisienne

Réfugiés libyens à la frontière Tunisienne - -

Les forces kadhafistes ont déployé leurs chars dans les rues de Misrata, jonchées de cadavres, où les hôpitaux ne peuvent plus faire face à l'afflux de blessés, a-t-on appris lundi auprès de rescapés arrivés en Tunisie qui comparent la ville de l'Ouest libyen à un "enfer".

Sur le front diplomatique, un émissaire a été dépêché par le colonel Mouammar Kadhafi à Athènes pour tenter de montrer que le régime de Tripoli est ouvert à une issue politique afin de mettre un terme au conflit armé qui s'enlise.

Misrata, troisième ville du pays située à 250 km à l'est de Tripoli et seule agglomération de l'Ouest aux mains des insurgés, subit les pilonnages des forces loyalistes.

"Le pilonnage a débuté aux petites heures de la matinée et se poursuit à l'aide d'obus de mortier et de pièces d'artillerie. Les bombardements visent les quartiers résidentiels", a déclaré à Reuters un porte-parole rebelle prénommé Gemal joint au téléphone.

Des rescapés arrivés dans le port de Sfax, dans le sud-est de la Tunisie, témoignent de la violence des combats.

"Il faut aller à Misrata pour se rendre compte du massacre orchestré par Kadhafi", assure Omar Boubaker, un ingénieur de 40 ans touché par balle à la jambe. "Il y a des cadavres dans les rues (...). Il n'y a plus de place à l'hôpital et les médecins soignent les blessés dans les rues".

Les frappes aériennes de la coalition ont visé les forces loyalistes dans la ville mais elles n'ont pas permis de mettre un terme aux attaques des unités de Kadhafi qui tirent au mortier et à l'artillerie sur les maisons et ont posté, selon des habitants, des tireurs embusqués sur les toits.

L'ITALIE RECONNAÎT LE CNT

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Obeïdi, dépêché en Grèce, a tenté de montrer que Tripoli ne bloquait pas la voie diplomatique. "L'émissaire libyen voulait transmettre le message que la Libye a l'intention de négocier", a dit un responsable grec après la visite d'Obeïdi à Athènes.

Le diplomate libyen, qui doit se rendre mardi à Malte, est arrivé à Ankara lundi après-midi."Nous allons discuter et voir s'il existe une base commune pour un cessez-le-feu", a dit un responsable du ministère turc des Affaires étrangères.

Toujours sur le front diplomatique, l'Italie a désigné le Conseil national de transition (CNT) formé par les insurgés libyens à Benghazi comme le "seul interlocuteur légitime" de la communauté internationale.

Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères, n'a en revanche pas jugé "crédibles" les propositions formulées par l'émissaire pour un arrêt des combats.

Le chef de la diplomatie italienne, qui a jugé inacceptable une éventuelle partition de la Libye, a promis que Rome armerait les insurgés si ces derniers en avaient besoin pour se défendre, et notamment pour protéger les populations civiles.

Sur le front oriental, ni les forces gouvernementales ni les rebelles ne parviennent à prendre le dessus, malgré les raids aériens de la coalition internationale engagée militairement en Libye depuis le 19 mars sous mandat des Nations unies.

Après plusieurs retournements de situation sur la route côtière, les deux camps se font face à Brega, important terminal pétrolier du golfe de Syrte. Lundi, les rebelles sont néanmoins parvenus à faire reculer légèrement l'armée loyaliste vers l'ouest mais ils continuaient d'essuyer des bombardements.

Avec Alexander Dziadosz à Brega, Angus MacSwan à Benghazi, Tarek Aamara à Sfax, ainsi que les rédactions du Caire, Alger, Athènes et Ankara, Jean-Philippe Lefief et Benjamin Massot pour le service français, édité par Gilles Trequesser