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Des centaines des personnes détenues dans un stade de Lattaquié

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par Khaled Yacoub Oweis AMMAN (Reuters) - Des centaines de personnes ont été arrêtées et conduites dans un stade de Lattaquié au cinquième jour de la...

par Khaled Yacoub Oweis

AMMAN (Reuters) - Des centaines de personnes ont été arrêtées et conduites dans un stade de Lattaquié au cinquième jour de la répression menée par l'armée syrienne dans des quartiers sunnites de la cité portuaire qui s'est soulevée contre Bachar al Assad.

Les militaires, appuyés par des blindés, étaient intervenus dans le quartier d'al Raml al Filistini au cours du week-end et ont intensifié leurs opérations dans les principaux centres urbains de Syrie depuis le début du ramadan le 1er août.

Lattaquié, qui compte une forte minorité alaouite à laquelle appartient Assad, est un théâtre stratégique pour le président syrien dont la famille et les proches dominent depuis longtemps l'activité commerciale et portuaire.

"Les bombardements et le bruit des mitrailleuses ont baissé d'intensité aujourd'hui. Ils ont conduit des centaines de personnes en bus d'al Raml jusqu'à la cité des sports", a déclaré un étudiant habitant la ville.

"Des gens qu'ils ont arrêtés au hasard dans d'autres quartiers de Lattaquié ont aussi été emmenés là-bas", a-t-il ajouté, faisant référence au complexe sportif qui avait abrité les Jeux méditerranéens dans les années 1980.

"Les chars continuent à se déployer. Ils sont maintenant dans la rue Thaoura (principale artère de la cité)", a-t-il encore dit.

Selon un diplomate en poste à Damas, "les informations concernant les conditions de détention et la torture sont de plus en plus alarmantes". D'après lui, "Assad est en train de s'isoler en ayant de plus en plus recours à la violence et en montant les Syriens contre lui".

MISE EN GARDE TURQUE

Citant des témoins, l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme dit qu'environ 700 membres des forces de sécurité se dont déployés dans al Raml au prétexte que certaines habitations ne disposaient pas de permis de construire.

"Le stade de la cité des sports sert d'endroit pour garder les réfugiés et les empêcher de fuir Lattaquié et comme nous l'avons vu dans d'autres villes qui ont été attaquées, il sert de centre de détention", a dit Rami Abdelrahman, directeur de l'Observatoire.

Un haut responsable palestinien a condamné mardi les violences commises à Lattaquié les qualifiant de "crimes contre l'humanité". Selon les Nations unies, entre 5.000 et 10.000 Palestiniens ont été contraints de fuir le camp de réfugiés installé à al Raml.

"Les canons de la marine et les chars bombardent des maisons construites en fer blanc, ils visent des gens qui n'ont nulle part où s'enfuir pour trouver un abri", a dit Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l'OLP.

La Turquie, pays frontalier, a exprimé son indignation, joignant sa voix aux critiques formulées par la communauté internationale.

"Le bain de sang doit cesser, tout de suite", a dit Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères. "Si les opérations se poursuivaient en Syrie et si elles devenaient un problème régional, la Turquie ne pourrait bien sûr pas rester indifférente", a-t-il dit.

La Commission de coordination locale a indiqué que les troupes de Bachar al Assad avaient tué au moins deux personnes à Lattaquié mardi, dont un adolescent de 13 ans, abattu par un tireur embusqué.

Au total, 36 personnes ont trouvé la mort depuis le début de l'offensive contre la grande ville portuaire samedi mais le bilan est certainement plus élevé, selon les militants, car les barrages routiers et les dysfonctionnements des télécommunications rendent difficile la collecte d'informations.

Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser