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Démonstration de force du régime syrien après un an de révolte

Des partisans du président syrien Bachar al Assad sont descendus jeudi dans les rues de différentes villes de Syrie, ici à Damas, dans le cadre d'une démonstration de force organisée le jour même du premier anniversaire du début du soulèvement contre le r

Des partisans du président syrien Bachar al Assad sont descendus jeudi dans les rues de différentes villes de Syrie, ici à Damas, dans le cadre d'une démonstration de force organisée le jour même du premier anniversaire du début du soulèvement contre le r - -

par Crispian Balmer et Dominic Evans BEYROUTH (Reuters) - Le régime de Bachar al Assad a fait défiler jeudi des milliers de personnes brandissant des...

par Crispian Balmer et Dominic Evans

BEYROUTH (Reuters) - Le régime de Bachar al Assad a fait défiler jeudi des milliers de personnes brandissant des portraits du président syrien dans les grandes villes du pays, à l'occasion d'une démonstration de force coïncidant avec le premier anniversaire du début du soulèvement contre le pouvoir.

Les médias officiels ont par ailleurs annoncé que les forces gouvernementales avaient délogé des "terroristes armés" de la ville d'Idlib, ce qui constituerait un gain supplémentaire sur les rebelles.

Des combats se poursuivent en d'autres endroits de Syrie alors que le soulèvement né en mars 2011 prend de plus en plus des allures de guerre civile.

La répression de cette contestation a déjà fait plus de 8.000 morts, selon les Nations unies, et la communauté internationale est impuissante à faire cesser les violences, la Russie et la Chine ayant bloqué à l'Onu toute initiative visant à exercer des pressions conjointes sur Bachar al Assad.

Pendant que cette impasse diplomatique perdure, la télévision d'Etat a diffusé jeudi des images de milliers de personnes rassemblées dans le centre de Damas. La foule brandissait des drapeaux syriens et des portraits de Bachar al Assad, parvenu au pouvoir en 2000 après le décès de son père, Hafez.

Des rassemblements ont aussi été signalés à Alep, deuxième ville du pays, à Souweida dans le Sud, à Lattaquié sur les rives de la Méditerranée et dans la ville kurde d'Hassaka. De nombreux drapeaux russes étaient visibles durant ces manifestations.

A l'approche du premier anniversaire du début du soulèvement, l'armée a intensifié son offensive contre les bastions rebelles. Elle a repris Homs début mars après un mois de pilonnage et des blindés ont été envoyés à Deraa, dans le Sud, berceau de la contestation.

IDLIB NETTOYÉE, SELON LES AUTORITÉS

Les forces gouvernementales ont aussi bombardé Idlib ces derniers jours avant d'envoyer leurs troupes au sol reprendre le contrôle de cette ville du nord-ouest de la Syrie devenue un bastion de l'Armée syrienne libre (ASL), rassemblement hétéroclite de civils ayant pris les armes et de déserteurs.

"La sécurité et la tranquillité d'esprit sont revenues dans la ville d'Idlib après que les autorités ont nettoyé ses quartiers des groupes terroristes armés qui ont terrorisé les citoyens", écrit jeudi l'agence officielle de presse Sana.

L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, affirme que 23 corps ont été abandonnés dans une fosse commune près d'Idlib. Certains cadavres, menottés et les yeux bandés, portaient des traces de torture. Tous ont été tués par balles, selon l'OSDH.

Les affirmations des deux camps ne peuvent pas être vérifiées de manière indépendante en raison des restrictions imposées par les autorités au travail des journalistes.

La Turquie, qui se trouve non loin d'Idlib, a signalé l'arrivée sur son territoire d'un millier de Syriens depuis mercredi, portant à 14.000 le nombre de réfugiés syriens sur son sol. Parmi les derniers arrivants figure un général, qui serait le septième déserteur de ce grade à se rendre en Turquie.

"Les soldats (syriens) prennent les femmes et les enfants et les alignent devant eux pour s'en servir de boucliers humains. Ils mettent le feu aux magasins et aux habitations", a témoigné un réfugié de 22 ans, parvenu en Turquie au cours de la nuit.

Face à cette situation, les autorités turques envisagent de créer une zone tampon en territoire syrien pour protéger les civils fuyant les forces de Bachar al Assad, a déclaré jeudi le vice-Premier ministre turc, Besir Atalay. "Cela fait partie des choses sur lesquelles nous allons probablement travailler dans la période à venir", a-t-il dit à la chaîne de télévision NTV.

COURRIELS

L'Onu estime que les violences ont contraint 230.000 Syriens à fuir de chez eux, dont 30.000 ont quitté le pays.

Emissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan doit rendre compte vendredi au Conseil de sécurité de ses efforts pour parvenir à un arrêt des violences en Syrie.

Après avoir soumis des "propositions concrètes" à Bachar al Assad lors d'une visite à Damas le week-end dernier, Kofi Annan reste en contact étroit avec les autorités syriennes.

Il s'est entretenu jeudi par téléphone avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, et avec des responsables d'autres puissances "ayant une influence", a dit son porte-parole Ahmad Fawzi, sans fournir plus de détails. "La porte du dialogue est toujours ouverte", a dit ce porte-parole.

A l'aube du "printemps arabe" début 2011, Bachar al Assad avait prédit que la Syrie serait épargnée. Le 15 mars 2011 cependant, quelques dizaines de manifestants bravaient le pouvoir dans les rues de Damas en réclamant davantage de liberté. Quelques jours plus tard, des émeutes éclataient à Deraa où un groupe d'adolescents venaient d'être torturés pour des graffitis hostiles au gouvernement.

Les écoles et les boutiques de la principale zone commerciale de Deraa étaient fermées jeudi. Des centaines de membres des forces de sécurité patrouillaient dans les rues.

Selon des opposants, plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi dans cette ville après les obsèques de quatre civils tués par l'armée.

Le quotidien britannique The Guardian a par ailleurs publié des courriels échangés entre juin et février entre Bachar al Assad et sa femme et présentés comme manifestement authentiques. Ils font apparaître une famille insensible à la crise en cours. Selon ces courriels, Bachar al Assad a sollicité les conseils de l'Iran et il ne croit guère en ses propres promesses de réforme.

Avec Oliver Holmes et Erika Solomon à Beyrouth, Suleiman al Khalidi à Amman et Stéphanie Nebehay à Genève, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser