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Démission du Premier ministre tunisien Hamadi Jebali

Hamadi Jebali, lors d'une conférence de presse à Tunis, lundi. Le Premier ministre tunisien a démissionné mardi après l'échec de son projet de formation d'un gouvernement de techniciens visant à mettre fin à la crise politique. /Photo prise le 18 février

Hamadi Jebali, lors d'une conférence de presse à Tunis, lundi. Le Premier ministre tunisien a démissionné mardi après l'échec de son projet de formation d'un gouvernement de techniciens visant à mettre fin à la crise politique. /Photo prise le 18 février - -

par Tarek Amara TUNIS (Reuters) - Le Premier ministre tunisien, l'islamiste modéré Hamadi Jebali, a démissionné mardi après l'échec de son projet...

par Tarek Amara

TUNIS (Reuters) - Le Premier ministre tunisien, l'islamiste modéré Hamadi Jebali, a démissionné mardi après l'échec de son projet de formation d'un gouvernement de techniciens visant à mettre fin à la crise politique qui secoue le pays.

La Tunisie, berceau des "Printemps arabes" lancés il y a deux ans, est à nouveau entrée dans une période troublée de manifestations et de contre-manifestations après l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd devant son domicile le 6 février dernier à Tunis.

"J'avais promis qu'en cas d'échec de mon initiative, je démissionnerais et (...) je l'ai déjà fait", a déclaré Hamadi Jebali mardi lors d'une conférence de presse après un entretien avec le président Moncef Marzouki.

Hamadi Jebali est le secrétaire général du parti islamiste modéré Ennahda "Mouvement de la renaissance". Il avait été nommé Premier ministre il y a 15 mois après la victoire d'Ennahda aux premières élections libres à se tenir en Tunisie après la révolution qui avait lancé le mouvement des printemps arabes et conduit au renversement du président Zine El Abidine Ben Ali.

L'assassinat de Chrokri Belaïd, qui n'a pas été revendiqué, a accru les doutes des partisans d'une société qui accusent le gouvernement de ne pas avoir montré une attitude suffisamment ferme avec les extrémistes religieux. Sa famille avait toutefois montré du doigt Ennahda, qui a nié toute implication.

Pour sortir de l'impasse créée par la mort de Chokri Belaïd, Hamadi Jebali avait proposé de former un gouvernement d'experts sans appartenance politique revendiquée avant l'organisation de nouvelles élections. Mais il avait annoncé cette initiative sans consulter son propre parti, Ennahda, ni les deux petits partis de gauche partenaires de la coalitions au pouvoir.

Il avait menacé de démissionner en cas d'échec. Or Ennahda a rejeté l'idée d'un gouvernement de techniciens.

UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE DANS DEUX SEMAINES ?

Selon les spécialistes, le président Moncef Marzouki nommera un nouveau Premier ministre chargé de constituer un gouvernement, vraisemblablement un membre d'Ennahda, dans deux semaines.

En attentant, le gouvernement Hamadi Jebali expédiera les affaires courantes.

Le parti du président Marzouki, le Congrès pour la République (CPR, gauche laïque), a quitté le gouvernement le 10 février. Il comptait trois ministres.

L'autre parti soutenant le gouvernement, Ettakatol, dispose de trois portefeuilles dans le gouvernement sortant.

Le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a indiqué que le parti souhaitait voir à nouveau Hamadi Jebali à la tête d'un nouveau gouvernement de coalition.

En annonçant sa démission, Hamadi Jebali a déclaré qu'il ne dirigerait pas un autre gouvernement sans obtenir des garanties sur les nouvelles élections et la nouvelle constitution.

La Tunisie est en négociations avec le Fonds monétaire international pour un emprunt de 1,78 milliard de dollars (1,3 milliards d'euros).

L'agence de notation Standard and Poor's a annoncé mardi avoir abaissé la note à long terme de la Tunisie de BB à BB-.

Rached Ghannouchi, a déclaré lundi à Reuters qu'il était essentiel que les islamistes et les partis laïques partagent le pouvoir aujourd'hui et dans le futur. "Tout gouvernement stable en Tunisie a besoin d'une coalition modérée composée d'islamistes et de laïques", a-t-il déclaré.

Il a ajouté qu'Ennahda pourrait accepter un compromis sur le contrôle de portefeuilles comme la Défense, les Affaires étrangères, la Justice et l'Intérieur. "Nous sommes prêts à discuter de tous les ministères, y compris des ministères régaliens, dans un nouveau gouvernement de coalition."

Danielle Rouquié, édité par Pascal Liétout