BFMTV
International

Décrypté, le génome du diable de Tasmanie pourrait aider l'homme

Le décryptage du génome du diable de Tasmanie annoncé par une équipe de chercheurs de l'Université nationale australienne ouvre de nouvelles perspectives à la recherche sur le cancer. /Photo d'archives/REUTERS/Tim Wimborne

Le décryptage du génome du diable de Tasmanie annoncé par une équipe de chercheurs de l'Université nationale australienne ouvre de nouvelles perspectives à la recherche sur le cancer. /Photo d'archives/REUTERS/Tim Wimborne - -

par Maggie Lu-YueYang CANBERRA (Reuters) - Le décryptage du génome du diable de Tasmanie, espèce emblématique de cette île australienne et menacée...

par Maggie Lu-YueYang

CANBERRA (Reuters) - Le décryptage du génome du diable de Tasmanie, espèce emblématique de cette île australienne et menacée par une épizootie de tumeurs faciales, ouvre de nouvelles perspectives à la recherche sur le cancer.

Le séquençage du code génétique de ce marsupial carnivore de la taille d'un petit chien a été annoncé vendredi par une équipe de chercheurs de l'Université nationale australienne, dans la revue PLoS Genetics.

Au milieu des années 1990, des scientifiques avaient découvert sur certains de ces animaux des tumeurs faciales d'évolution lente, mais fatales. La maladie s'est largement propagée depuis et met en péril la survie de l'espèce à un horizon de quelques décennies.

Le code génétique du diable de Tasmanie met en évidence dans ces tumeurs une évolution très lente, qui rend leur étude plus facile et laisse espérer de meilleurs chances de trouver un traitement.

De plus, cette découverte pourrait apporter un nouvel angle d'attaque dans la recherche sur la façon dont les cancers évoluent chez l'homme.

CHROMOSOME "EN MIETTES"

"Comme nous l'avons remarqué, la tumeur évolue très lentement chez le diable, donc nous pouvons nous en servir comme modèle pour observer le cancer chez l'homme. C'est un peu comme ralentir tout le processus des cancers humains", a déclaré Janine Deakin, qui a dirigé les recherches.

"Dans les cancers humains, les changements se produisent si vite que nous n'avons pas la possibilité d'examiner quels en sont les mécanismes. Nous pouvons le faire avec le diable."

Les tumeurs du diable de Tasmanie se transmettent d'un individu à l'autre par contacts cutanés, fréquents chez cet animal agressif du fait de bagarres entre congénères se mordant à la tête.

La maladie provoque ensuite des déformations faciales, qui finissent par provoquer la mort de l'animal en l'empêchant de respirer ou de se nourrir.

Une étude américaine précédemment menée sur ces marsupiaux avait mis en évidence leur diversité génétique limitée. En conséquences, les "greffes" de cellules tumorales infligées par un individu à un autre au cours d'une bagarre ne sont que rarement rejetées, les diables de Tasmanie ayant des profils génétiques très proches d'un spécimen à l'autre.

L'équipe de Janine Deakin a également observé d'importantes perturbations de certains chromosomes chez les diables de Tasmanie touchés par cette affection. Des fragments en étaient mélangés, comme si des pièces d'un puzzle avaient été retirées et remises en place au mauvais endroit.

"Un chromosome en particulier était totalement en miettes, et les gènes n'étaient donc plus dans le bon ordre", a expliqué la chercheuse.

Ce point précis pourrait lui aussi ouvrir la voie à de nouveaux axes de recherche.

Gregory Schwartz pour le service français