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Découverte de particules qui iraient plus vite que la lumière

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Une équipe de scientifiques annonce avoir constaté que certaines particules subatomiques se déplaçaient plus vite que la lumière. Si elle se vérifie, cette stupéfiante découverte invalidera l'une des plus grandes théories d'Albert Einstein.

par Robert Evans

GENEVE (Reuters) - Une équipe internationale de scientifiques a annoncé jeudi avoir constaté que certaines particules subatomiques se déplaçaient plus vite que la lumière, ce qui invaliderait, si cela était confirmé, l'une des lois de l'univers mises en évidence par Einstein, à savoir que cette vitesse est indépassable.

Antonio Ereditato, porte-parole de l'équipe qui a fait cette stupéfiante découverte, a déclaré à Reuters que les mesures effectuées sur trois ans avaient montré que des neutrinos partis des laboratoires du CERN, près de Genève, vers le laboratoire souterrain du Gran Sasso, en Italie, étaient arrivés 60 nanosecondes plus vite que la lumière (300.000 km/seconde) ne l'aurait fait.

"Nous avons grande confiance dans la fiabilité de nos résultats. Nous avons vérifié et revérifié, pensé à tout ce qui pourrait avoir influé sur nos relevés, mais nous n'avons rien trouvé", a-t-il expliqué. "Nous voulons maintenant que des collègues les vérifient de façon indépendante".

Si cette découverte était confirmée, elle invaliderait l'un des piliers de la relativité restreinte d'Einstein, qui stipule que la vitesse de la lumière est une "constante cosmique" et que rien, dans l'univers, ne peut se déplacer plus vite.

Cette affirmation, qui a résisté à un siècle d'expériences scientifiques, est l'un des éléments clés du "modèle standard", qui s'efforce de décrire la manière dont l'univers et tout ce qu'il contient fonctionnent.

La découverte, totalement inattendue, a été faite dans le cadre de recherches effectuées par des physiciens travaillant à une expérience appelée OPERA, menée conjointement par le CERN, près de Genève, et le laboratoire du Grand Sasso, dans les Abruzzes, en Italie centrale.

Au total, 15.000 faisceaux de neutrinos - particules élémentaires présentes dans tout le cosmos - ont été émis sur une période de trois ans du CERN en direction du Gran Sasso, à 730 km de là, où ils ont été recueillis par des détecteurs géants.

REMONTER LE TEMPS ?

La lumière aurait parcouru cette distance en 2,4 millièmes de seconde, mais les neutrinos ont été de 60 nanosecondes (ou 60 milliardièmes de seconde) plus rapides que ne l'auraient été des rayons lumineux.

"C'est une différence infime", remarque Ereditato, qui travaille également à l'université de Berne, "mais sur le plan théorique, c'est incroyablement important. La découverte est tellement stupéfiante que, pour le moment, tout un chacun doit rester très prudent".

Ereditato s'est refusé d'envisager ce que cela pourrait signifier si d'autres physiciens, qui doivent être officiellement informés de la découverte vendredi au CERN, confirment que les relevés d'OPERA sont exacts.

"Je ne veux simplement pas penser aux conséquences", dit-il à Reuters.

Une grande partie des oeuvres de science-fiction sont fondées sur l'idée que, si l'on peut aller plus vite que la lumière, les voyages dans le temps deviennent, en théorie, possibles.

L'existence du neutrino a été confirmée pour la première fois en 1934, mais cette particule élémentaire continue d'intriguer la communauté scientifique.

Le neutrino peut traverser la matière sans être détecté, cela même sur de longues distances, et sans qu'il en soit affecté. Ainsi, des millions de neutrinos traversent chaque jour le corps humain.

Le laboratoire souterrain de Gran Sasso, à 120 km au sud de Rome, est le plus grand de ce type au monde pour la physique des particules et les recherches cosmiques. Environ 750 scientifiques de 22 pays y travaillent, attirés par la possibilité de mener des expériences dans ses trois vastes salles, protégées des rayons cosmiques par 1.400 mètres de roches.

(Eric Faye pour le service français)