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Début du procès du majordome du pape au Vatican

Paolo Gabriele (à droite), l'ancien majordome de Benoît XVI accusé d'avoir volé et diffusé des documents confidentiels pris dans les appartements du pape, a subi un revers samedi à l'ouverture de son procès, les preuves réunies par une commission d'enquêt

Paolo Gabriele (à droite), l'ancien majordome de Benoît XVI accusé d'avoir volé et diffusé des documents confidentiels pris dans les appartements du pape, a subi un revers samedi à l'ouverture de son procès, les preuves réunies par une commission d'enquêt - -

Paolo Gabriele, l'ancien majordome de Benoît XVI accusé d'avoir volé et diffusé des documents confidentiels pris dans les appartements du pape, a subi un revers samedi à l'ouverture de son procès, les preuves réunies par une commission d'enquête de l'Eglise ayant été jugées irrecevables.

Paolo Gabriele, l'ancien majordome de Benoît XVI accusé d'avoir volé et diffusé des documents confidentiels pris dans les appartements du pape, a subi un revers samedi à l'ouverture de son procès, les preuves réunies par une commission d'enquête de l'Eglise ayant été jugées irrecevables.

L'audience, qui a débuté à 09h30 et a duré un peu moins de deux heures et demi, s'est déroulée dans la petite salle d'audience lambrissée du Vatican, ornée d'un emblème papal au plafond.

"Paoletto", comme l'appelait affectueusement le pape et aujourd'hui simplement présenté comme "l'accusé" dans les documents de l'instruction de cette affaire surnommée par la presse le "VatiLeaks", est apparu le visage pâle, vêtu d'un élégant costume et d'une cravate gris clair, souriant à son avocate mais le regard souvent perdu dans le vide.

Son avocate, Cristiana Arru, qui avait demandé au tribunal l'autorisation d'utiliser les preuves réunies par une commission d'enquête composée de trois cardinaux à la retraite, a vu sa requête rejetée.

Le président du tribunal Giuseppe Dalla Torre a en effet estimé que la commission avait été mise en place par le pape et que ses conclusions lui étaient réservées.

Les juges s'appuieront donc uniquement sur les résultats d'une enquête menée par un procureur du Vatican et par la police du Saint-Siège.

"82 BOITES DE PREUVES"

Les trois juges ont également décidé de juger séparément Claudio Sciarpelletti, un informaticien du Vatican accusé de complicité et qui risque un an de prison.

Huit témoins de la police vaticane étaient présents lors de cette première audience. Domenico Giani, chef de la force de police du Vatican, a déclaré au tribunal que 82 boîtes contenant des éléments de preuves avaient été saisies dans les appartements de Gabriele au Vatican, ainsi que dans la résidence d'été du pape, au sud de Rome.

Les quatre autres témoins, dont le secrétaire particulier du pape, Mgr Georg Gänswein, n'étaient pas présents à l'audience mais devraient être entendus la semaine prochaine. Gabriele devrait également l'être mardi, jour de la reprise du procès.

Giuseppe Dalla Torre a déclaré qu'il espérait achever les procédures la semaine prochaine.

Paolo Gabriele, qui se voit comme un "agent infiltré de l'Esprit Saint" chargé de lutter contre la corruption dans l'Eglise, a été arrêté le 23 mai. Il est passible de quatre années de prison.

Comme il n'y a pas de prison dans le petit Etat du Vatican, l'ancien majordome, s'il est condamné et si le pape ne le gracie pas, devra purger sa peine dans un établissement pénitentiaire italien.

"CREER UN CHOC"

Agé de 46 ans, père de trois enfants, Paolo Gabriele, qui reconnaît les faits, a expliqué aux enquêteurs avoir voulu "créer un choc" pour "ramener l'Eglise dans le droit chemin".

Selon lui, le pape n'était pas "suffisamment informé" de ce qui se passait au sein de l'Eglise, sur fond d'affaires financières et d'âpres luttes de pouvoir.

Il devrait être reconnu coupable du fait des aveux effectués, même si le pape devrait le pardonner.

"Il a causé du mal en révélant ces informations, dans la mesure où il y aura toujours quelqu'un qui se servira de ces choses pour dénigrer l'Eglise", a déclaré place Saint-Pierre Sergio Caldari, habitant de Rome.

Giovanni Maisto, un autre Romain venu place Saint-Pierre, a dit espérer que le procès, qui s'appuie sur un code pénal italien datant du 19e siècle, marquera "une nouvelle dimension d'ouverture et de transparence" dans les affaires de l'Eglise.

La salle du tribunal, qui ne peut accueillir que quelques dizaines de personnes, voit se dérouler chaque année une trentaine de procès, surtout pour des délits mineurs comme des vols sur la place Saint-Pierre, a expliqué à la presse le professeur Giovanni Giacobbe, procureur à la cour d'appel du Vatican.

L'ancien majordome, qui possède la double nationalité italo-vaticane, aidait le pape à s'habiller, lui servait ses repas et l'accompagnait notamment lors de ses déplacements officiels à l'avant de la "papamobile".

Un chèque de 100.000 euros à l'ordre du pape, une pépite d'or et un livre du XVIe siècle ont été retrouvés à son domicile au cours d'une perquisition. Paolo Gabriele a assuré qu'il avait l'intention de rendre ces objets.

Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse et Hélène Duvigneau pour le service français