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De retour en France, les ex-otages retrouvent leurs familles

Didier François prend la parole au nom des quatre ex-otages, le 20 avril, sur la base de Villacoublay.

Didier François prend la parole au nom des quatre ex-otages, le 20 avril, sur la base de Villacoublay. - -

Après dix mois de détention particulièrement éprouvante en Syrie, les quatre journalistes français libérés samedi sont rentrés en France, ce dimanche matin, et ont pu retrouver leurs proches et confrères.

Un retour marqué par des sourires et des larmes. Après dix mois de captivité en Syrie, aux mains d'un groupe islamiste, les quatre journalistes français libérés samedi ont enfin pu embrasser leurs familles ce dimanche matin à l'aéroport de Villacoublay, où les attendaient aussi le président François Hollande et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Amaigris mais souriants, les visages débarrassés de leurs barbes, ils sont arrivés en hélicoptère, un Super Puma de l'armée de l'air, en provenance de la base normande d'Evreux, où leur avion venu de Turquie s'était posé plus tôt dans la matinée.

"On n'a jamais douté"

• Retrouvailles émouvantes. Faisant fi du protocole prévu à l'aéroport, les quatre hommes ont embrassé sur le tarmac le président, accompagné de Laurent Fabius, avant de se jeter dans les bras de leurs familles. Nicolas Hénin a serré contre lui ses deux petites filles et sa femme (photo ci-contre). C'est "un jour de joie pour la France", a lancé le président. "La France est fière d'avoir pu obtenir qu'ils soient aujourd'hui libres", mais "il y a encore des otages en Syrie, retenus parce qu'ils sont journalistes".

"Cette chance d'être Français". "Ca a été long, mais on n'a jamais douté", a déclaré le grand reporter d'Europe 1 Didier François, seul ex-otage à s'exprimer devant le micro. "De temps en temps, on avait des bribes, on savait que tout le monde était mobilisé... On a vraiment cette chance d'être Français", a-t-il ajouté, lors d'une brève déclaration, interrompue par un sanglot. Les quatre hommes et leurs proches ont ensuite gagné le salon d'honneur, à l'abri de la presse. Selon un témoin, ces retrouvailles, en présence du président, se sont déroulées "dans une atmosphère très joyeuse, toutes générations confondues". Ils sont ensuite partis vers l'hôpital militaire du Val de Grâce pour y subir des examens médicaux.

Des conditions de détention éprouvantes

• Enfermés dans des sous-sol et enchaînés. Interrogé sur Europe 1, Didier François a évoqué des conditions de détention "rudes". "Sur les dix mois et demi", les quatre otages sont "restés dix mois complets dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres", a-t-il dit sans donner d'autres détails: "Il faut réfléchir avant de dire n'importe quoi"', a-t-il souligné. Le reporter aguerri, doyen du groupe à 53 ans, a précisé : "dans un pays en guerre, ce n'est pas toujours simple, que ce soit la nourriture, l'eau, l'électricité, parfois c'était un petit peu bousculé, les combats étaient proches, il est arrivé qu'on soit déplacés très rapidement dans des conditions un peu abracadabrantes".

• "Chaos syrien". Très ému, Nicolas Hénin a expliqué que les otages avaient été "plongés dans le chaos syrien avec tout ce que ça veut dire". A-t-il été bien traité? "Pas toujours", répond-il d'une voix étranglée. "Ca n'a pas toujours été facile". Il avait évoqué samedi sa tentative d'évasion, courant toute une nuit dans la campagne syrienne avant d'être repris par ses ravisseurs. "En tout, a-t-il dit, je suis passé par une dizaine de lieux de captivité (...). La plupart du temps, avec d'autres personnes, notamment Pierre Torrès qui m'a rejoint assez vite. Cela a été une longue errance de lieux de détention en lieux de détention".

Des francophones parmi les geôliers

• Des jihadistes francophones. Certains des geôliers parlaient français, a indiqué Laurent Fabius. François Hollande a évoqué de son côté ces "jeunes qui se font embrigader par des moyens totalitaires pour aller combattre en Syrie". "Nous ne laisserons pas faire. Pour cela, on fait en sorte que nul ne puisse sortir du territoire pour mener une action quelconque par les armes, où que ce soit".

• "Pas de rançon". Peu de détails ont filtré sur les conditions de la libération des quatre hommes. "L'Etat ne paie pas de rançon. C'est un principe très important pour que les preneurs d'otages ne puissent être tentés d'en ravir d'autres", a seulement réaffirmé dimanche François Hollande sur Europe 1. "Tout est fait par des négociations, des discussions. Je ne veux pas être plus précis", a-t-il dit, "car nous avons encore deux otages" au Sahel. Laurent Fabius a nié toute livraison d'armes. La veille, Alain Marsaud, député UMP des Français de l'étranger, avait estimé que "si ce n'est pas nous qui payons, c'est d'autres qui payent à la place (...) Nos amis, soit qataris soit des Emirats arabes unis, ont dû faire un geste. Est-ce que ce geste c'est de l'argent, est-ce que ce geste ce sont des armes? Nous le saurons peut-être un jour, peut-être qu'on ne le saura jamais."

La rédaction