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De plus en plus de civils syriens doivent fuir

Bâtiments endommagés par les combats à Homs, en Syrie. De plus en plus de civils syriens sont contraints de fuir de chez eux face à la propagation des combats entre l'armée syrienne et les insurgés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Bâtiments endommagés par les combats à Homs, en Syrie. De plus en plus de civils syriens sont contraints de fuir de chez eux face à la propagation des combats entre l'armée syrienne et les insurgés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). - -

par Erika Solomon et Stephanie Nebehay BEYROUTH/GENEVE (Reuters) - De plus en plus de civils syriens sont contraints de fuir de chez eux face à la...

par Erika Solomon et Stephanie Nebehay

BEYROUTH/GENEVE (Reuters) - De plus en plus de civils syriens sont contraints de fuir de chez eux face à la propagation des combats entre l'armée syrienne et les insurgés, a déclaré vendredi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Les malades et les blessés ont beaucoup de mal à recevoir des soins et l'approvisionnement, notamment en pain, se raréfie, selon le CICR, seule organisation internationale à avoir déployé des employés humanitaires en Syrie.

Le CICR, qui oeuvre sur le terrain aux côtés du Croissant-Rouge arabe syrien, fournit des rations alimentaires à 400.000 personnes, sur un total de 1,5 million qui sont directement ou indirectement touchées par le conflit, mais aussi par la sécheresse sévissant dans le Nord-Est.

"Actuellement, la situation est extrêmement tendue non seulement à Houla, non seulement à Hama, mais en de nombreux, nombreux endroits à travers le pays", a déclaré Hicham Hassan, porte-parole du CICR, lors d'un point de presse à Genève.

Le CICR a réaffirmé qu'à son avis une guerre civile - qu'il appelle "conflit armé non international" - faisait d'ores et déjà rage dans certains secteurs du pays.

"Le CICR dit clairement que dans certaines parties du pays, à certains moments, nous avons affaire à un conflit armé non international, ce qui signifie que certaines règles du droit humanitaire international relatif au traitement des civils et des prisonniers doivent s'appliquer", a dit Hicham Hassan.

Le porte-parole a fait état d'affrontements à Idilb dans le nord du pays, dans les environs de Damas, à Hama et, dans une moindre mesure, dans les environs d'Alep, à Deraa dans le Sud, à Daïr az Zour dans le nord-est, et dans la province de Lattaquié sur la côte méditerranéenne.

Nombre de déplacés sont hébergés dans des écoles, dans des mosquées et des églises, mais une bonne partie des infrastructures, notamment le système d'adduction d'eau, a d'urgence besoin de réparations.

DEUX VOITURES PIÉGÉES

Ces derniers jours, des équipes du CICR ont de nouveau visité le quartier de Bab Amro, à Homs, ainsi que des villages des environs de Houla, où elles ont prodigué des soins à 250 personnes, à la suite du massacre de 108 personnes le 25 mai, a expliqué Hicham Hassan.

Parallèlement, un autre groupe d'observateurs de l'Onu a réussi vendredi à pénétrer dans la localité de Mazraat al Qoubir, où, mercredi, 78 civils avaient été massacrés. La veille, une autre équipe d'observateurs avait dû renoncer à atteindre ce hameau après avoir essuyé des tirs.

Trois cents observateurs des Nations unies sont déployés à travers la Syrie pour surveiller une trêve en vigueur théoriquement depuis le 12 avril mais qui n'a, dans les faits, jamais été respectée.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré jeudi qu'une guerre civile était imminente en Syrie et que des "terroristes tiraient parti du chaos".

Même son de cloche chez l'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, pour qui la situation risque de devenir incontrôlée sous peu. Il a appelé à exercer de "fortes pressions" sur Damas pour juguler les violences.

Des émeutes et autres violences ont éclaté vendredi en plusieurs points de Syrie, au lendemain de la mort de 31 personnes dans les violences. L'agence de presse syrienne Sana a rapporté qu'avaient eu lieu vendredi les obsèques de 29 soldats tués par les insurgés.

UN AMÉRICAIN À MOSCOU

Une voiture piégée a explosé au passage d'un autocar transportant des hommes de la sécurité, faisant au moins deux morts, dans la banlieue de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Une autre voiture piégée a explosé devant un poste de police à Idlib, tuant au moins cinq personnes, a ajouté l'OSDH.

Les forces syriennes ont d'autre parti pilonné Khalidia, quartier tenu par les insurgés à Homs, qu'elles ont ensuite tenté de prendre, selon l'OSDH.

Ces pilonnages, à en croire l'opposition, ont été les plus intenses qui aient touché Homs, avec jusqu'à dix roquettes tirées à la minute.

A Deraa, ville à la frontière jordanienne où a commencé le soulèvement contre le président Bachar al Assad en mars 2011, les forces syriennes ont pilonné des positions rebelles dans le secteur de Luja, à la suite de la désertion d'un grand nombre de militaires, ont rapporté des opposants et des habitants.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui devait rencontrer Kofi Annan à Washington vendredi, a déclaré que les Etats-Unis souhaitaient oeuvrer avec les autres membres du Conseil de sécurité de l'Onu à la convocation d'une conférence sur l'avenir politique de la Syrie.

Hillary Clinton voit d'un mauvais oeil l'idée, défendue par Kofi Annan et par Moscou, d'un "groupe de contact" qui réunirait les grandes puissances et les pays de la région, dont l'Iran, allié stratégique d'Assad.

Un responsable du département d'Etat américain, Fred Hof, s'est entretenu vendredi à Moscou avec les vice-ministres russes des Affaires étrangères Guennadi Gatilov et Mikhaïl Bogdanov, pour tenter d'infléchir la position des Russes sur un départ d'Assad du pouvoir.

Jeudi, signe d'une évolution de la position de Moscou, Bogdanov avait déclaré que la Russie accepterait une transition du pouvoir "à la yéménite" en Syrie si elle était décidée par le peuple syrien, et seulement par lui. Il faisait allusion à l'accord conclu au Yémen sur le départ du pouvoir du chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh, qui a démissionné en février au terme d'une année de troubles.

Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser