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Damas accepte un prolongement de la mission de la Ligue arabe

Le chef de la diplomatie syrienne Walid al Moualem. Le gouvernement syrien a accepté la prolongation d'un mois du mandat des observateurs de la Ligue arabe et déclaré ne pas vouloir "de solution arabe à la crise" qui secoue le pays depuis dix mois. /Photo

Le chef de la diplomatie syrienne Walid al Moualem. Le gouvernement syrien a accepté la prolongation d'un mois du mandat des observateurs de la Ligue arabe et déclaré ne pas vouloir "de solution arabe à la crise" qui secoue le pays depuis dix mois. /Photo - -

par Alistair Lyon BEYROUTH (Reuters) - Le gouvernement syrien a accepté mardi la prolongation d'un mois du mandat des observateurs de la Ligue arabe...

par Alistair Lyon

BEYROUTH (Reuters) - Le gouvernement syrien a accepté mardi la prolongation d'un mois du mandat des observateurs de la Ligue arabe chargés de superviser la mise en oeuvre d'un plan de sortie de crise de l'organisation.

Un peu plus tôt, les Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) s'étaient retirés de cette mission après le rejet par Damas d'un plan prévoyant la mise à l'écart du président Bachar al Assad.

Le secrétaire général de la Ligue, Nabil Elarabi, et le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassim al Thani, qui préside la commission de l'organisation chargée de la Syrie, ont par ailleurs demandé l'aide de l'Onu pour mettre fin à la crise.

"La solution n'est définitivement pas celle de la Ligue arabe, que nous avons rejetée", s'est indigné Walid al Moualem, chef de la diplomatie syrienne, accusant les Etats membres de l'organisation de comploter en vue d'une intervention étrangère.

"Ils ont renoncé à leur rôle au sein de la Ligue arabe et nous ne voulons plus de solution arabe à la crise. Porter l'affaire devant le Conseil de sécurité (de l'Onu) est la troisième étape de leur plan et la dernière est celle de l'internationalisation.

"Ils peuvent aussi bien aller sur la Lune qu'à New York. Dans la mesure où nous ne payons pas leurs billets, nous n'en avons rien à faire", a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse à Damas.

"Bien que la moitié de l'univers soit contre nous", a ajouté le ministre, la Russie, qui a déjà fait usage de son droit de veto contre un projet de résolution condamnant la répression syrienne, s'opposera toujours à une intervention étrangère. "C'est une ligne rouge, pour eux", a-t-il assuré.

Son homologue français, Alain Juppé, a quant à lui dénoncé le silence scandaleux du Conseil de sécurité.

Dans un communiqué diffusé mardi, la Ligue arabe précise que Nabil Elarabi et le cheikh al Thani ont adressé une lettre à Ban Ki-moon dans laquelle ils détaillent le plan de la Ligue approuvé ce week-end.

"LES BOUCHERS ET LES VICTIMES"

Ils demandent également la tenue d'"une réunion commune au siège de l'Onu pour informer le Conseil de sécurité de ces développements et obtenir le soutien du Conseil à ce plan", qui invite Bachar al Assad à remettre ses pouvoirs à son vice-président.

"Le régime syrien n'a pas mis en oeuvre le plan arabe malgré les pression de la Ligue, il n'y avait donc pas d'autre solution

alternative qu'une saisine du Conseil de sécurité", a commenté le représentant d'un Etat membre de la Ligue ayant requis l'anonymat.

Selon l'organisation, les 55 observateurs des Etats membres du CCG vont quitter la Syrie, mais les 110 autres y resteront un mois de plus. Selon l'agence de presse syrienne Sana, Walid al Moualem, a adressé une lettre à l'organisation panarabe pour autoriser la poursuite de leur mission jusqu'au 23 février.

Entamée le 26 décembre, elle avait pour but de vérifier la mise en oeuvre d'un premier plan accepté le 2 novembre par la Syrie mais resté lettre morte. Ryad a annoncé dès dimanche le rappel de ses observateurs en invitant la communauté internationale à exercer "le maximum de pression" sur le régime bassiste.

Ses cinq partenaires du CCG lui ont donc "décidé de suivre la décision du royaume d'Arabie saoudite (...)", disent-il dans un communiqué.

Le Conseil se dit en outre "convaincu que les meurtres d'innocents vont se poursuivre et que le régime syrien ne se pliera pas aux résolutions de la Ligue arabe".

"Il y a eu quelque progrès, mais la mise en oeuvre des mesures réclamées dans le cadre de l'initiative arabe n'a été ni immédiate ni complète", a quant à lui estimé le secrétaire général de la Ligue.

Le général Mohamed al Dabi, chef des observateurs qui a remis son rapport la semaine dernière, confond les "bouchers et les victimes", estiment par ailleurs les Comités de coordinations locaux.

Le général soudanais "a passé sous silence les souffrances monumentales que des millions de Syriens endurent jour après jour dans leur soulèvement pour la liberté, la dignité, la démocratie et pour une gouvernance éclairé", ajoute le mouvement d'opposition, selon lequel 36 personnes dont trois enfants ont été tuées mardi par les forces de l'ordre.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme fait quant à lui état de 26 morts parmi les civils, tandis que l'agence officielle Sana a recensé neuf tués dans les rangs de l'armée.

Alistair Lyon, avec les rédactions d'Amman, du Caire et de Dubaï, Jean-Philippe Lefief pour le service français